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Interview de Thomas Geha
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Interview de Thomas Geha

ActuSF : J'aimerais commencer par une question sur la maison d'édition qui publie Le Sabre de Sang. Comme ancien libraire chez Critic, as-tu participé au projet de maison d'édition ?
Thomas Geha : Non. Hormis fournir le manuscrit du premier bouquin. Je me suis borné à cela !
 
ActuSF : Ton roman  a donc été écrit exprès pour eux ?
Thomas Geha : Pas du tout. Le premier tiers du roman est même antérieur à A comme Alone. Pour resituer les choses : j'ai arrêté d'écrire Le Sabre de Sang  au moment où Philippe Ward m'a proposé d'écrire pour Rivière Blanche, c'était donc en 2004 ou début 2005. Éric de la librairie m'a demandé si j'avais un manuscrit : je lui ai montré Le Sabre de Sang et il a dit : « Bingo, je le veux. C'est ce que je cherche. »
 
ActuSF : On aurait donc tort de voir en toi un auteur de SF qui s'essaye à la Fantasy...
Thomas Geha : Ah oui, complètement. J'ai toujours été un grand amateur de Fantasy. J'ai été élevé au Fritz Leiber, Howard, Vance. Ils sont restés mes références premières. D'ailleurs, je ne crois pas qu'on m'aurait demandé d'être juré du prix Imaginales si mon affection pour la Fantasy avait été totalement opportuniste.
 
ActuSF : Peut-on voir des influences des auteurs que tu cites dans Le Sabre de Sang ?
Thomas Geha : Oui, très certainement. Pour Howard, on me l'a fait remarquer mais ça n'a pas été conscient pendant l'écriture (notamment parce que mon personnage plutôt robuste est esclave). Pour Vance, oui, c'est totalement assumé, notamment dans la deuxième partie du roman qui est un récit de voyage un peu à la Vance. Leiber, a priori non, mais peut-être une pincée d'humour noir de temps en temps.
 
ActuSF : Revenons donc au texte. Plutôt à sa genèse. Nous sommes en 2004, tu décides d'écrire ce roman de Fantasy. Y a t-il un élément déclencheur ? une rencontre ? une idée forte ?
Thomas Geha : Dans mes souvenirs, deux choses : un rêve avec un sabre et la lecture d'Offren et Acherra de Julia Verlanger. Plutôt la relecture du cycle dans son intégralité et en continu. Je voulais écrire une aventure qui coulait de source comme celle-là.
 
ActuSF : Quand certains s'allongent sur le divan pour faire interpréter leurs rêves "avec un sabre", d'autres écrivent. Tant mieux pour nous !
Thomas Geha : Je suis nul en interprétation des rêves! Je ne suis même pas freudien!
 
ActuSF : Tu décides donc d'en faire une histoire, dans un monde assez particulier.
Thomas Geha : Oui. Un monde dichotomique.
 
ActuSF : T'es-tu inspiré d'éléments connus pour construire ce monde ?
Thomas Geha : Oui, de civilisations anciennes, comme la Rome antique, voire la Grèce antique. Cette aventure se déroule dans un théâtre antique.
 
ActuSF : On le sent dans les scènes de marché et de luttes, notamment. Mais tes peuples ont des traits hauts en couleurs.
Thomas Geha : Oui, mais c'est vrai que je parle avant tout des Shaos et des Qivhviens. Les autres peuples ont encore d'autres mœurs même s'ils subissent l'influence des qivhviens en particulier

ActuSF : Seuls sont longuement décrits les Qivhviens, effectivement, ces sortes de lézards...
Thomas Geha : Oui, parce que dans le tome 1 je voulais mettre en avant cet empire matriarcal.

ActuSF : Il y a un lien avec V?
Thomas Geha : non aucun lien avec V. Quelqu'un m'a dit que les reptiles avaient plus à voir avec Conan qu'avec V.
 
ActuSF : On découvre donc dans ce premier tome l'empire Qivhvien  dirigé par des femmes.
Thomas Geha : Oui, les femmes qivhviennes sont les puissantes, les hommes sont des guerriers qui, hors des champs de bataille, ne pensent pas vraiment à autre chose que la reproduction. D'autant que les femmes qivhviennes sont rares.

ActuSF : Cette société ne semble pas si différente de celles qu'ont produits les hommes...
Thomas Geha : Elle est différente dans le sens que les femmes qivhviennes sont supérieures dans TOUS les domaines aux mâles. Que ce soit intellectuel et physiologique (elles possèdent un poison naturel qui permet de tuer aisément les mâles). La culture qivhvienne est donc le résultat de cette domination. Des cerveaux qui dirigent des bras. Oui, un peu comme dans la Rome antique.
 
ActuSF : As-tu eu à te documenter pour rendre crédible le côté "antique" dans ton récit ?
Thomas Geha : Eh bien, oui et non. J'ai lu énormément de livres sur l'antiquité, les mœurs romaines notamment. J'y ai puisé allègrement, tout en souhaitant garder une fraîcheur personnelle et inventer mes propres codes.
Ensuite, il y a parfois quelques ajouts techniques qui font plus appel au Moyen-âge et aux cultures orientales également.

ActuSF : Et pour ce qui est de la magie, de la mythologie qui sert d'arrière plan à l'aventure de Tiric ? Les Rimaols, par exemple?
Thomas Geha : La magie, dans ce premier tome est à la fois essentielle et effacée. Je ne voulais pas en faire quelque chose qui allait de soi, mais plutôt quelque chose de particulier et rare. Mais Tiric semble destiné à rencontrer la magie sur sa route, alors qu'elle semble pourtant avoir bel et bien disparue. Que mon personnage doive y faire face à plusieurs reprises et de différentes manières est censé appuyer cette notion de "destin" propre au héros. Mais évidemment, tout les événements magiques l'emportent vers un point x qui n'est sans doute pas celui auquel on pourrait s'attendre ! Quant aux Rimaols, ils sont une race quasi éteinte, qui fut sans doute très puissante mais dont on a tout oublié. Une maladie les a décimés. Mais, effectivement, leur destin est au cœur de l'intrigue, notamment dans le tome 2. Dans le premier tome, il n'est qu'effleuré, dans un événement que j'ai voulu charnière (au milieu du livre). C'est le lien qui unit tout le diptyque. C'est de ce lien que vient tout le déchirement dramatique.
 
ActuSF : Les réponses à toutes nos questions sont donc dans le prochain tome ?
Thomas Geha : Oui, c'est ce que j'avais prévu de faire. Le premier tome n'est qu'une mise en bouche, une présentation des forces en présence, et je peux te dire qu'aucun événement n'a été laissé au hasard. Le deuxième volet recèle le cœur de l''histoire et ses enjeux. Il révèle aussi le vrai héros de l'histoire.

ActuSF : On a donc eu tort de s'attacher aux personnages de la première partie ?
Thomas Geha : Non. J'ai tout fait au contraire, pour que ce soit le cas.
 
ActuSF : Sans nous épargner le choc d'en voir mourir certains. Est-ce que l'auteur souffre quand il assassine ses personnages?
Thomas Geha : Oui, j'ai souffert le martyre. Évidemment, je ne veux pas spoiler, je dirai donc juste que j'ai tué mon personnage préféré... Le tome 2 éclaircira tout cela!
 
ActuSF : Voilà qui ne nous aide pas à patienter. Ce tome deux, est-il déjà écrit ?
Thomas Geha : Non ! Je suis en train de finir un space opera, et ensuite j'enchaîne sur le sabre de sang 2. Mais quoi qu'il en soit il paraîtra en mars 2011 comme prévu.

ActuSF : Ce space opera, où le lira-t-on?
Thomas Geha : Chez Rivière Blanche, en septembre.

ActuSF :   Deux mots sur ce roman ?
Thomas Geha : Oh, pas grand chose à dire. J'avais envie d'écrire un roman de SF dans la plus pure tradition du space op d'aventures. Un truc qui serait entre Riddick et les loups des étoiles. Avec du punch, des personnages hauts en couleur, et un côté western en prime. Je ne vais pas révolutionner le genre. Mais j'espère en divertir un ou deux avec ce bouquin. Je n'ai pas de titre pour l'instant mais il met en scène un homme chassé de sa fratrie et laissé pour mort sur une planète hostile qui voudra se venger. Voilà pour les grandes lignes (terriblement caricaturales), rien de bien original dans le thème, mais j'espère que la chair du récit en convaincra plus d'un!

ActuSF : Il n’y a pas de raison que ça ne fonctionne pas !
Thomas Geha : Je l'espère... je m'amuse bien en tous cas !

ActuSF : Pour revenir à Critic, comment travailles-tu avec Simon Pinel ? As-tu toute ta liberté d'auteur ?
Thomas Geha : C'est lui qui n'a pas toute sa liberté de dircoll, (rires) ! Non, non, sérieusement, ça se passe très bien avec Simon, il est très compétent, lit et relit le texte, argumente encore et encore sur certains points à revoir. Il est sans doute encore un peu novice mais il apprend très vite et a une capacité de travail énorme. Moi, il m'a bien suivi sur le Le Sabre de Sang. Et oui, il m'a laissé toute liberté. De toute façon, c'est d'abord lui qui a voulu de ce manuscrit. Donc, sur le contenu, il me faisait entièrement confiance.

ActuSF : Puisqu’on parle de travail d’éditeur, la naissance de ta propre maison d’édition, Ad Astra,  n’est plus une rumeur. Tu veux nous en parler ?
Thomas Geha : Deux titres sortent cette année, les deux illustrés par Eric Scala. Une anthologie dirigée par Lucie Chenu, Contes de villes et de fusées, et un roman de Laurent Whale, les Pilleurs d'âmes. Ensuite, on a prévu d'éditer des sketchbooks d'Eric Scala, et des livres un peu plus particuliers alliant photos et textes. Donc deux collections distinctes : une littéraire, l'autre plus graphique (si tout va bien). Le site internet est en cours... bientôt en ligne.

ActuSF : C'est donc imminent !
Thomas Geha : Oui, tout à fait. Je travaille actuellement sur les maquettes.

ActuSF : Ça fait un petit paquet de projets ! En a-ton oublié ? Des textes à paraître ailleurs?
Thomas Geha : Il y a Flammagories (ed. Argemmios, qui vient de sortir. Je considère qu'on y trouve ma meilleure nouvelle (éditée sous mon vrai nom). Et je crois que de toute façon, il s'agit d'une excellente anthologie qui, je l'espère sera lue par un maximum de personnes. Je serai aussi au sommaire de trois anthologies si tout va bien : l'une c'est sûr, c'est Dimension Guieu, avec un texte très référentiel sur les années 80 et les zombies, puis les deux autres sont également chez Rivière Blanche, De capes et d'Esprit dirigé par Eric Boissau et la dernière une anthologie hommage à GJ Arnaud. On me retrouvera aussi au sommaire d'une anthologie de contes pour enfants chez Argemmios avec un texte intitulé Caroline la première girafe. A priori ce dernier ouvrage sera illustré par le bédéaste Arnaud Boutle. Ensuite, étant actuellement au chômage, je suis ouvert à tout projet !
 
ActuSF : Wow ! Que tu aies du temps, c'est rassurant pour ceux qui attendent la suite du Sabre de Sang. 
Thomas Geha : Oui, j'écris beaucoup en ce moment. Pas de soucis.
 
ActuSF : Un petit mot (celui de la fin) pour les personnes qui hésitent  encore à lire Le Sabre de Sang ?
Thomas Geha : Eh bien, les femmes n'y sont pas décoratrices, ni décoratives, contrairement à la rumeur qui circule !

ActuSF : (rires) Et l'auteur a de l'humour, qu'on se le dise ! Merci Thomas.

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