Actusf : Votre dernier roman vient juste d'être traduit en français. Comment présenteriez-vous l'intrigue ?
Tim Powers : Un homme est recruté dans le département secret des services secrets britanniques. Au fur et à mesure de sa mission, il va découvrir peu à peu la vérité sur sa propre conception et filiation. Et il découvre en même temps le secret qui est au coeur de la guerre froide.
Actusf : Vous avez dit durant une de vos interventions à Nantes pendant le festival des Utopiales que vous vous inspirez de vos années de jeunesse. Avez-vous déjà écrit pour la jeunesse ou y avez-vous pensé ?
Tim Powers : J'aime beaucoup des oeuvres écrites pour les enfants, comme Le vent dans les saules, la saga de Narnia, Winnie l'ourson. J'aurais donc probablement aimé les écrire. Mais le fait est que je ne connais pas les enfants, ils sont des extra-terrestres à mes yeux. Quand j'étais moi-même enfant, je lisais comme les souris dévorent les graines, j'étais vorace. Je devrais donc être capable d'écrire pour des gens semblables à ce que j'étais à cette époque.
Actusf : Il y a beaucoup de références, de citations et d'allusions à la poésie dans vos livres. La poésie est-elle importante dans votre vie ?
Tim Powers : Oui : je vis au milieu des livres. On trouve dans ma bibliothèque notamment presque tous les poètes romantiques de langue anglaise comme Wordsworth, Coleridge, Byron, des poètes victoriens comme Swinburne et des auteurs du début du XXe siècle comme T.S. Eliot, W. H. Auden. Je lis aussi beaucoup de traductions par exemple du français : Baudelaire, Rimbaud et Verlaine et même François Villon. Il existe de très bonnes traductions, du moins j'espère qu'elles sont bonnes ; de toute façon le résultat est réussi.
Actusf : Vous envisagez de publier les oeuvres complètes de William Ashbless ?
Tim Powers : A l'université, j'ai inventé William Ashbless, juste pour nous permettre d'écrire de la poésie stupide pour le journal universitaire. Ensuite, c'était marrant de continuer avec lui. Et vous savez comment se font les livres : chaque fois que nous avions besoin d'un poète fou et barbu, nous utilisions William Ashbless. Nous avons écrit un livre de cuisine pour faire vivre Ashbless. En fait, il vient d'avoir trente ans puisque nous l'avons créé en 1973.
Actusf : Une partie de l'intrigue se situe au Moyen-Orient. Serait-il possible d'écrire une telle histoire maintenant après le 11 septembre et la seconde guerre en Irak ?
Tim Powers : Ce serait difficile d'écrire ce livre maintenant parce que le 11 septembre a tout polarisé. Il y a aujourd'hui l'Occident d'un côté et l'Orient de l'autre, et cela même quand chacun se comporte amicalement, en essayant de maintenir plusieurs liens et alliances. Soudainement, il y a une conscience très marquée qu'ils sont musulmans et que nous sommes chrétiens. Et c'est vraiment dommage que ce soit souligné de la sorte. Quand j'ai écrit Les puissances de l'invisible, c'était avant cela et il pouvait y avoir une sorte de passerelle aimable comme dans Kipling, l'Orient et l'Occident mélangés, enchevêtrés. Je me demande si cet enchevêtrement et ce mélange serait possible maintenant. Il me semble que chacun appartient à un côté ou à l'autre. Je suis content d'avoir écrit ça avant, même si c'était juste avant.
Actusf : Pourquoi avoir introduit la mythologie égyptienne dans Les voies d'Anubis ?
Tim Powers : Ce n'était pas vraiment à cause d'un intérêt antérieur pour la mythologie égyptienne. C'est venu à cause des gitans, je croyais qu'ils venaient d'Egypte, ce qui peut être vrai ou non, mais à l'époque, je tenais cela pour vrai. J'ai voulu donner aux Gitans une origine plus vieille et plus puissante. Alors j'ai lu énormément d'ouvrages sur l'histoire, la mythologie et la religion égyptienne.
La chronique de 16h16 !