Nous : Parle nous un peu de ce numéro 3. Pourquoi avoir choisi le Space Opera comme thème ?
Valérie Frances : Khimaira est le magazine des littératures de l'Imaginaire, et donc pas seulement de la fantasy et du fantastique. Nous avions le désir de nous frotter également à la science-fiction (à noter que nous avions déjà pu constater le succès de notre numéro steampunk ;-) et nous avons choisi un sous-genre populaire pour lequel les lecteurs semblent avoir un regain d'intérêt, nous les premiers, qui plus est au cœur de l'actualité (avec la sortie du dernier épisode de "Star Wars" par exemple).
Nous : Il y a deux auteurs français en interview, Roland C.Wagner et Laurent Genefort. Tu as l'impression que les français et francophones se sont pleinement appropriés ce genre ?
Valérie Frances : Je ne cherche pas à analyser la vision française (ou francophone) du genre, cela fait quelques décennies déjà que la vague est chevauchée, mais je voulais mettre en avant quelques auteurs talentueux qui apportent une contribution intéressante au space opera. Chacun dans leur genre, ces deux auteurs nous ont séduit par leurs mondes (parfois complexes), leurs personnages, leurs histoires subtilement construites. Il était normal d'en parler.
Nous : Evoquons deux minutes les fictions : Tempête sur la Baleine, Christophe Sambre – Quand il y aura des pommiers sur Mars, Ugo Bellagamba. Pourrais-tu nous les présenter ?
Valérie Frances : Tempête sur la Baleine est un space op' qui commence comme un classique du genre, sur un vaisseau spatial, un cargo baptisé La Baleine, lors d'un réveil agité après un long moment en hyper sommeil. La suite surprend par son originalité et vous prend crescendo dans une spirale de révélations, le tout avec un style plein de poésie. Quant à l'auteur, après un premier Prix de la Découverte ActuSF 2004 (catégorie Fantastique), il nous a montré qu'il avait encore pas mal de cartouches en réserve. Notre comité de lecture a sélectionné son texte parmi des dizaines d'autres et les lecteurs du magazine verront si nous avons eu raison de lui donner un coup de pouce.
Quand il y aura des pommiers sur Mars est un merveilleux cadeau d'Ugo pour Khimaira. J'avais eu l'occasion (lors des Utopiales, entre autres) de discuter avec lui de mon admiration pour l'Apopis Républicain et ses autres novellas du recueil La Cité du Soleil (récemment réédité et augmenté chez Folio SF). De fil en aiguille, je lui ai demandé s'il ne pouvait pas nous écrire une histoire de space opera, pourquoi pas dans le même univers. Finalement, c'est de ce récit qu'il a accouché en premier, en se rendant compte, après coup, qu'il faisait effectivement écho à l'Apopis, en plus drolatique et plus décalé (selon ses propres termes). L'histoire se déroule à bord d'un immense dirigeable, le Nikita Sergueïevitch, au sein d'une palette de personnages haut en couleurs qui n'ont pas leur langue en poche, et où se fomente un attentat… La suite inattendue et les détails du sabotage, vous les découvrirez en lisant Khimaira !
Nous : Quel bilan fais-tu de Khimaira depuis son passage en kiosque ? Est-ce positif ?
Valérie Frances : Le lancement a très bien démarré, nous sommes donc plus que satisfaits du passage en kiosque de Khimaira. Il nous faudra cependant attendre les résultats des prochains numéros (sur une année) avant de pouvoir lâcher un grand soupir (la pression excédentaire) et de fêter l'événement comme il se doit. C'était un pari risqué, mais comme l'a déjà dit Christophe Van De Ponseele (directeur de la rédaction) dans une précédente interview sur ce site, c'était devenu le passage obligé pour nous, l'étape suivante dans notre course vers l'avant, et je crois que nous avons bien fait (rires) !
Nous : Qu'est-ce qui te motive dans cette aventure ? Et qu'as tu envie de faire de ce mag ?
Valérie Frances : La passion pour les mondes de l'Imaginaire avant tout. L'envie de partager avec tous les genres qui nous inspirent ; de promouvoir les jeunes auteurs et illustrateurs, dans une aventure commune. Outre le magazine Khimaira, on constate le succès sans cesse grandissant de notre site, lefantastique.net et, encore plus fort, l'apothéose de cette année est survenue avec l'organisation de notre premier festival "Trolls & Légendes". D'avoir vécu ces journées, rencontré tout ce monde qui partage les mêmes envies que nous, c'était magique ! Concernant le magazine, nous avons l'envie et l'intention de le faire passer en mode bimestriel, dans un avenir plus ou moins proche…
Nous : Est-ce qu'on peut déjà dire un mot sur le numéro 4 ? Je crois que vous travaillez déjà dessus...
Valérie Frances : Bien entendu, le numéro 4 abordera le thème des "Détectives de l'Etrange"… Tout un programme ! Il y aura, comme d'habitude, un lot important d'interviews (dont celles d'un illustrateur polonais bien connu, de deux auteurs anglais bragelonniens, et d'un sympathique scénariste qui a cosigné notamment une grande encyclopédie ;-) et trois nouvelles sur le thème, dont une de Roland C. Wagner. Mais nous n'en dévoilerons rien de plus pour l'instant, les lecteurs découvrant à peine le numéro space opera…
Nous : Quel est ton roman de Space Opéra préféré ? S'il n'y en avait qu'un à lire, ce serait lequel pour toi ?
Valérie Frances : Question difficile, car il y en aurait plusieurs sur ma liste… Et comment départager Dan Simmons de Ian M. Banks, d'Isaac Asimov ou de Jack Vance, pour ne citer qu'eux ? Je choisirai alors l'un des premiers space opera que j'aie lu et qui m'a séduite pour le côté aventureux, celui des animes qu'il a inspiré (Capitaine Flam) et des films cultes de ma jeunesse, il s'agit de Les Loups des Etoiles d'Edmond Hamilton. Depuis, je me suis emballée pour le cycle d'Omale de Laurent Genefort, dans un tout autre genre, mais vous aurez l'occasion de vous en rendre compte en lisant l'interview dans Khimaira…
La Chronique de 16h16