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Interview de Valerio Evangelisti de 2009
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Interview de Valerio Evangelisti de 2009

 
Actusf : Comment allez-vous Valério ? Cela fait un petit bout de temps que nous n'avons rien pu lire de vous (2002 je crois). Quelle est votre actualité ?
Valerio Evangelisti : Je vais bien, merci. La publication de mes romans a été interrompue du fait de l'arrêt de la collection Rivages Fantasy. On peut toutefois mentionner la sortie récente en France de deux de mes romans hors genre : « Nous ne sommes rien, soyons tout ! », une histoire très noire de mafia qui a remporté le Prix 813 (Rivages, 2007) et « La coulée de feu » (Métailié, 2009), premier volume d'un dyptique consacré aux révolutions mexicaines entre 1860 et 1930. Un gros roman historique.

Actusf : En ce qui concerne le cycle d'Eymerich, nous nous sommes arrêtés en France au sixième tome mais il y en a eu d'autres en Italie. De quoi parlent-ils ?
Valerio Evangelisti : Il y en a trois autres. « Le Château d’Eymerich » voit l’Inquisiteur tomber amoureux d’une jeune juive. Dans « Mater Terribilis », il rencontre, à travers le temps, Jeanne D’Arc. « La lumière d’Orion » suit ses aventures dans un empire byzantin en pleine déchéance.

Actusf : Comment évolue le personnage d'Eymerich ?
Valerio Evangelisti : Il devient un peu plus humain, mais aussi plus cruel, à mesure que croît sa faiblesse.

Actusf : Il n'y a aucune chance que ce soit publié en France ?
Valerio Evangelisti : Il faut le demander aux éditeurs. Rivages avait acheté « Le Château d’Eymerich », et fait traduire les deux premiers tiers avant de l’abandonner. Fleuve Noir avait réservé « Mater Terribilis », mais ils n’en ont rien fait. À présent, les droits de tous les Eymerich sont libres en France.

Actusf : Et quelles nouvelles de l'adaptation en BD aux éditions Delcourt ?
Valerio Evangelisti : Ils ont acquis les droits de cinq de mes romans mais, après en avoir adaptés deux, ils ont interrompu la publication, je crois. Je reste persuadé que, si la publication des romans n'est pas suivie, toute autre adaptation n'a aucune chance de voir le jour.

Actusf : Qu'avez-vous écrit depuis 2002 ? Vous avez continué votre cycle "Metal Hurlant" ? 
Valerio Evangelisti : Oui, avec le roman « Anthracite » (2002), traduit en France par Rivages en 2004. Ont suivi « Nous ne sommes rien, soyons tout ! », « La coulée de feu » et sa suite (évoqués plus haut), et un roman de pirates, « Tortuga » (2008), qui va être publié par Rivages.

Actusf : De quoi parle "Sala dei Giganti" qui a visiblement été un grand succès en Italie ?
Valerio Evangelisti : Il s’agit d’une nouvelle où figure Eymerich, publiée comme supplément au « Guide de l’Étudiant » de l’Université de Padoue, et dont 270.000 exemplaires ont été distribués dans toutes les écoles supérieures italiennes. Il y a deux ans, elle a remporté le prix Italia de la meilleure nouvelle de science fiction. Une version remaniée de ce texte constitue la partie initiale du roman « La lumière d’Orion » (2007).   

Actusf :
Comment se porte la science fiction en Italie ?
Valerio Evangelisti : Très mal. Seule la collection Urania survit. On publie beaucoup de SF dans les collections « normales » chez les éditeurs généralistes, mais cela exclue inévitablement les noms les moins connus et les auteurs débutants qui voudraient s’approcher du genre. Seules exceptions, des maisons d’édition comme Delos Books et Perseo Libri, qui vendent surtout par correspondance.

Actusf : Il y a quelques années, vous aviez tiré la sonnette d'alarme sur la situation de la culture en Italie. Est-elle aujourd'hui encore préoccupante ? Comment a-t-elle évolué ?
Valerio Evangelisti : La situation est terrifiante. L’extrême droite est en train de s’emparer du terrain culturel et le racisme, le sexisme, l’apologie du fascisme ne sont plus des tabous. Les médias qui tentent de résister sont une minorité insignifiante.

Actusf : En France, on vous connaît pour être un fin observateur de la société italienne et de l'actualité mondiale. Quel regard portez-vous sur notre monde aujourd'hui ?
Valerio Evangelisti : Largement pessimiste, pour le moment. Peut-être plus encore du fait de la situation en Italie (qui ne semble d'ailleurs guère plus reluisante en France). Les guerres se multiplient et l'intégrisme gagne du terrain, la pauvreté aussi, la démocratie s’affaiblit. Faut-il croire en Obama ? Je ne sais pas, on va voir.

Actusf : Terminons avec votre engagement en faveur de Cesare Battisti. J'imagine que le refus du Brésil de l'extrader vous réjouit...
Valerio Evangelisti : Pour me réjouir, j’attends qu’il soit effectivement libre. L’Italie de Berlusconi exerce des pressions incroyables sur le Brésil. On ne veut pas remettre en cause la justice « d’exception » des années 1970-1980, dont Battisti fut seulement une des victimes.

Propos recueillis par Jérôme Vincent

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