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Interview des directrices de collection de SnOOpbOOk
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Interview des directrices de collection de SnOOpbOOk

ActuSF : Comment vous est venue l’idée de cette collection ?

Ericka Sarmiento et Delphine Maraninchi : La collection SnOOp bOOK est née d’un projet d’adaptation en BD d’un jeu d’enquête. De fil en aiguille, en fonction des divers obstacles qui se sont imposés à nous en cours de route et de l’évolution de nos exigences, la BD est devenue roman, le roman est devenu livre interactif, le livre interactif est passé au pluriel.
Il y avait déjà quelques bouquins de ce type sur le marché, mais rien qui nous satisfaisait totalement en tant que lectrices. On a donc fait un mix de ce qu’on aimait, trouvé des auteurs et illustrateurs talentueux pour nous accompagner dans l’aventure, brainstormé des milliers d’heures pour trouver un nom de collection, et hop, les SnOOp bOOks étaient nés. C’est vraiment du sur-mesure.
 

ActuSF : Quelles thématiques comptez-vous aborder, dans les prochains ouvrages de la collection ?
ES et DM : Nous avons déjà reçu plusieurs proposition d’auteurs aux univers bien ancrés et nous avons évidemment très envie de commencer à travailler sur d’autres SnOOp bOOks. Mais pour l’instant, nous avons encore beaucoup à faire pour accompagner ces premiers ouvrages. C’est une toute jeune collection, nous devons pouvoir mesurer son impact sur les différents publics et nous préoccuper du positionnement de ces premiers livres avant de penser aux prochains !

ActuSF : A quel rythme allez-vous faire paraître de nouveaux ouvrages ?
ES et DM : Nous aimerions continuer avec 3 romans par an. Il y a un gros travail de fabrication, et de longs délais car nous imprimons en Chine, et nous ne pouvons donc pas multiplier les ouvrages si nous voulons faire un travail de qualité.

ActuSF : Avez-vous une idée de la proportion des SnOOp bOOks qui seront ancrés dans des univers relevant des littératures de l'imaginaire (sf, fantasy ou fantastique) ? Un sur 3 ? Plus ? Moins ?
ES et DM : Nous sommes toutes les deux largement imprégnées de ces univers, et nous aurons donc toujours envie qu’ils soient représentés dans la collection. Ceci dit, nous avons pris le parti d’en donner pour tous les goûts. Disons au moins 1 sur 3, c’est certain !

ActuSF : Allez-vous pousser le concept multimédia, par exemple en utilisant Internet ?
ES et DM : Internet est déjà omniprésent dans chacun des romans SnOOp bOOk, par le biais de liens à suivre vers différents blogs et indices à part entière. Mais il n'est pas toujours facile de gérer ces ressources en ligne tout en restant cohérent avec l’histoire et sa « temporalité », et sans trop en révéler sur le dénouement non plus. Malgré tout oui, nous pensons pousser le concept plus loin dans les prochains titres, avec peut-être même de la vidéo !

ActuSF : Comment les auteurs, illustrateurs, collaborent-ils ? Formez-vous les binômes ou certains se "co-optent-ils?" Comment se déroule la conception d’un livre de ce type ?
ES et DM : Chaque bouquin s’est préparé différemment. Pour Chloé & the Dark Light, nous avons proposé un co-écrivain à Loïc Nicoloff, compte tenu des délais très serrés. Il a choisi finalement d’écrire le roman tout seul, et a proposé lui-même l’illustratrice qui a été retenue pour travailler avec lui.
En ce qui concerne Mission M’Other, Melanÿn et Pierre Bordage se connaissaient déjà et ont voulu tenter l’aventure ensemble. Il s’agissait d’ailleurs d’une première pour Pierre qui n’était pas habitué à coécrire. C’est nous qui avons proposé Philippe Coriat pour les illustrations, car nous savions qu’il était capable de faire à la fois du dessin et de la retouche photo, et que ses univers graphiques étaient largement inspirés de la SF.
Une fois les équipes faites, nous avons surtout aidé pour la gestion des indices et de la résolution (rythme, manière d’exploiter les indices, variété dans les types d’indices, etc…). Nous avions une idée bien précise de la mécanique que nous voulions, pour que le lecteur puisse participer au maximum. C’était sans doute la partie la plus difficile.
Et puis nous avons bien sûr géré tous les rapports avec les maquettistes et graphistes qui ont aussi fait un énorme boulot sur cette collection.
En ce qui concerne l’histoire en revanche, nous n’avons rien imposé. Les auteurs choisissent de mener leur barque comme ils l’entendent ! D’abord, les écrivains construisent leur trame autour du fil rouge de l’intrigue. L’écriture est ensuite menée chapitre par chapitre et les éléments à illustrer sont sélectionnées dès la clôture d’un chapitre. Le texte est envoyé à l’illustrateur qui travaille rough, crayonné, encrage puis couleur.
Egalement, lors de cette étape, les indices manipulables sont imaginés par les écrivains. Ils décrivent précisément ce qu’ils visualisent à la maquettiste et au dessinateur. Par chance, Serena Blasco, notre maquettiste pour les indices, a aussi des talents non négligeables d’illustratrice. Il est arrivé qu’elle illustre elle-même certains éléments, si leur nature risquait de discréditer l’histoire. Par exemple, il aurait été parfaitement incohérent d’utiliser la même technique pour les dessins de Lia, l’héroïne de Mission M’Other (Philippe Coriat) que pour l’affiche représentant la porte des enfers de Rodin qu’elle trouve au sol lors de son périple…


ActuSF : Et comment gérez-vous la fabrication qui doit être vu le rendu, un vrai casse-tête ?
ES et DM : Oui, un gros casse tête et beaucoup de temps, mais surtout une grande satisfaction quand nous avons finalement eu les bouquins en main !
La chef de fabrication nous a d’abord demandé une maquette de ce que nous souhaitions. Nous avons acheté un carnet vierge dont le format se rapprochait de celui que nous imaginions puis nous l’avons rempli de toutes les formes d’indices que nous imaginions, fabriqués à l’aide d’outils aussi simplistes que du papier (journaux, cartes postales, cartes de visite, papier calque, cartes routières, photos etc…), des gommettes, des enveloppes, des CD et même des sous bocks!
Nous avions honte d’envoyer ce carnet qui avait l’air d’avoir été fabriqué par des gosses de 5 ans. La chef de fab’, elle, a adoré ! Tout ça a été remis à l’imprimeur qui a pu établir des devis très précis et démarrer la conceptualisation. Nous avons ainsi pu ensuite laisser une grande liberté aux auteurs dans le choix des indices qu’ils allaient utiliser.
Après plusieurs centaines de mails échangés, en anglais principalement, de nombreuses négociations (notamment au sujet d’une mappemonde qu’ils n’avaient pas les autorisations d’imprimer en Chine) et quelques semaines de bateau, les SnOOp bOOks sont arrivés tels que nous les avions rêvés !


ActuSF
: Vous êtes deux directrices de collection : comment vous répartissez-vous la tâche, chacune d'entre vous travaille-t-elle sur "ses" ouvrages ou travaillez-vous en synergie sur chacun des volumes ?
ES et DM : Nous avons toujours tout fait ensemble, jamais une décision n’a été prise sans consultation de l’autre au préalable, sauf en cas d’extrême urgence ! Nous avons géré sans règles précises, en fonction de la disponibilité de chacune, puisqu’il ne s’agit pas de notre seule activité professionnelle bien sûr.
Aujourd’hui, l’une vivant aux U.S et l’autre en France, nous procédons par mail exclusivement (sauf exception de long sujet à débattre où Skype prend le relais !). Pour exemple, cette interview fera au moins 2 allers-retours avant de vous être renvoyée !
 

ActuSF : Quels premiers retours vous ont surpris ? Et pourquoi ?
ES : Le premier retour négatif que j’ai reçu faisait référence aux couvertures. Le fait qu’elles manquent de couleurs et qu’elle ne soient pas très parlantes sur le thème du bouquin. C’était un parti pris de créer une unité sur tous les romans SnOOp bOOk et nous avions décidé de l’assumer pleinement. Nous pensions justement que le fait de garder cet aspect mystérieux sur les couvertures (sombres, sans illustrations ni résumés, ni même les noms des auteurs) restait parfaitement cohérent avec le concept.
Quant aux retours positifs, ils ne nous ont pas plus surpris que ça, car nous étions vraiment satisfaites du résultat ;)
DM : Beaucoup d’articles ont fait une analyse du SnOOp bOOk qui m’a surprise : ils comparent les pages des romans et les indices à des pages web avec des liens hypertexte. J’ai trouvé cela amusant et finalement assez vrai, même si nous n’y avions jamais pensé en ces termes.
 

ActuSF : Le principe de la collection implique une dimension ludique. Etes-vous des joueuses (jeu vidéo, jeu de rôle, GN ,etc.) ?
ES et DM : Nous sommes définitivement joueuses, et la dimension ludique est en effet au centre de la collection. Le but était que les auteurs s’amusent avec la forme du carnet de bord, avec les indices à concevoir, puis bien sûr, que les lecteurs s’amusent ensuite à leur tour. Nous aimons toute forme de jeu, sans pour autant être des gameuses pures et dures. Et puis nous aimons les défis et SnOOp bOOk en est un, plus grisant à relever jour après jour !


ActuSF : Quel livre auriez-vous aimé lire avec les "extensions" qui enrichissent les livres dans le format SnOOp bOOk  ?
D.M : Harry Potter ! Imaginez une vraie carte magique où l’on voit bouger les héros, des pages de vieux manuscrits, des plumes de phoenix, des recettes de potion, et peut-être même des papiers de bonbons venus tout droit du magasin des frères de Ron !
E.S : Dans un registre différent (et bien que je sois une grande fan des péripéties de Potter, Snape et Cie), je pense immédiatement à la trilogie Millenium de Stieg Larsson ! Le personnage de Lisbeth.S et la minutie avec laquelle elle mène l’enquête aux côtés du héros corrobore idéalement l’idée que je me fais d’un livre du genre !

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