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Interview Eric Picholle
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Interview Eric Picholle

Actusf : Comment as-tu rencontré Robert A. Heinlein ?

 

Eric Picholle : Tout gamin, vers huit ou neuf ans, au hasard de mes lectures. Je n’avais pas la moindre idée de ce que pouvait être la science-fiction, ni même qu’elle avait un nom, mais j’avais bien repéré la parenté entre quelques-uns des bouquins que j’aimais. Quelque part entre Philippe ébly, Objectif Lune, Langelot et les cosmonautes, Pierre Benoit et E.R. Burroughs, La Planète rouget D’une planète à l’autre trouvaient tout naturellement leur place dans mon panthéon littéraire enfantine

 

C’étaient de vieilles éditions fatiguées des années 50, dénichées chez les bradeurs (et que j’ai eu bien du mal à retrouver ensuite !) : mes parents ne lisaient pas de SF, je n’avais évidemment pas accès aux éditions CLA, encore moins à Fiction et, au tournant des années 70, les juveniles de Heinlein n’étaient apparemment pas la priorité des éditeurs français.

 

J’aimais bien et j’ai continué à lire ce que je pouvais trouver de Heinlein, mais je n’étais pas plus impressionné que ça. A posteriori, c’était en fait d’assez mauvais livres, massacrés par des traducteurs que la science indifférait profondément (j’en profite pour saluer les éditeurs comme Terre de Brumes et le Livre de Poche, qui ont récemment fait un sérieux travail de rafraîchissement de ces traductions). Mais je vois encore la double spirale de notre galaxie emplissant le ciel, vue d’une planète du Petit Nuage de Magellan, dans Le Vagabond de l’espace. C’est sans doute un peu à cause de ce genre de choses que je suis devenu un “scientifique”.

 

Actusf : Quatre ans après ton essai avec Ugo Bellagamba sur Heinlein, continues-tu à "travailler" sur cet auteur ? Y'a-t-il encore matière à explorer ses écrits après votre essai ?

Eric Picholle : Solutions non satisfaisantes a été bouclé en 2007… juste avant le centenaire de la naissance de Heinlein, à l’occasion duquel l’ensemble de ses archives a été rendu public. Des tas de choses sont alors apparues ou ont été précisées, concernant en particulier les activités politiques de Heinlein, lorsqu’il militait dans les années 30 dans le mouvement socialiste autogestionnaire EPIC, aux côtés d’Upton Sinclair, ou sur son activisme en faveur du contrôle supranational des armes nucléaires de destruction massive.

 

Cette dernière question a d’ailleurs donné lieu à un dossier complet paru fin 2009 aux Éditions du Somnium, Solution non satisfaisante. Robert Heinlein et l’arme atomique, autour de l’une des nouvelles (ou est-ce un essai politique déguisé en fiction ?) que reprend Jackpots.

 

Il me semble que la biographie de Robert Heinlein est désormais bien connue, grâce en particulier à la colossale biographie que lui a consacrée Bill Patterson, Robert A. Heinlein in Dialogue With His Century, dont le premier tome est paru en 2010 chez TOR (nous lui avions déjà emprunté pas mal des éléments biographiques de notre essai). Beaucoup de choses ont également été dites sur l’œuvre, même si elle reste à mon sens très sous-estimée et qu’on n’a pas fini d’en étudier de nouveaux aspects.

 

Ce qui est assez nouveau, c’est l’idée que Robert Heinlein a eu, parmi d’autres auteurs de science-fiction mais sans doute bien plus qu’aucun autre, une influence assez significative sur la marche d’un XXe siècle largement dominé par la technocience, et qui en cherchait désespérément les clefs. Cette place de la science-fiction dans l’histoire des idées et dans l’histoire des techniques reste à élucider — et mérite certainement de l’être, bien au-delà des discussions de fandom. Je ne doute pas que les SF studies, comme disent les anglo-saxons, trouveront bientôt aussi toute leur place dans l’université française.

 

Actusf : Parlons des quatre nouvelles dans ce recueil. Elles ont été écrites entre 1941 et 1952. Où en était Heinlein à ce moment là ?

Eric Picholle : Deux des textes ont été écrits en 1941, les deux autres en 1951/52. Ce sont évidemment des périodes très différentes. Pour un Américain, la première se situe juste avant la guerre, qui débute en décembre 1941 avec Pearl Harbor ; mais Heinlein est parfaitement conscient de ce qui est en train de se passer en Europe : la guerre est inévitable et il va bientôt devoir cesser d’écrire. Son premier texte de SF, « Ligne de vie », n’a été publié qu’en 1939, il tâtonne encore un peu, s’essaye à différentes styles, mais les bases de l’Histoire du futur sont posées et c’est déjà un auteur confirmé, invité d’honneur de la WorldCon 1941, à Denver.

 

Au début des années 50, tout a changé. Il a repris la plume après la guerre et a tracé la voie de nouveaux marchés plus rémunérateurs pour la SF, du scénario hollywoodien aux éditions hardcover en passant par les magazines grand public de prestige. Ce sont pratiquement ses dernières nouvelles : à quelques exceptions près, il n’écrira plus que des romans. Pour autant, la période n’est pas des plus sereines. On est en pleine croisade maccarthyste, la guerre froide est en train de se réchauffer sérieusement en Corée, et la course aux armements a repris de plus belle depuis que l’URSS dispose à son tour d’armes nucléaires…

 

Autre différence importante : en 1941, Robert Heinlein est marié à Leslyn, qu’il associe à la conception de ses histoires et présente comme “le meilleur script doctor d’Amérique” voire, dans certains courriers à Campbell, presque comme un co-auteur. Elle anime avec lui la Mañana Literary Society et, sur la fin, devient même explicitement l’agent littéraire de plusieurs de ses membres. Ils divorcent toutefois peu après la guerre, dans la douleur, et Robert se remarie avec Virginia, qui le libère de certains travaux administratifs mais participe moins au processus créatif.

Actusf : Que représentent ces quatre nouvelles dans sa bibliographie. Quelle place ont-elles ?

Eric Picholle : À part « Sous le poids des responsabilités », qui aurait presque pu s’intégrer dans l’Histoire du futur, leur point commun est paradoxalement leur singularité. On pourrait y reconnaître en quelque sorte des marqueurs extérieurs, délimitant le canal SF principal dans lequel viennent s’inscrire la plupart des autres nouvelles.

 

Actusf : Quel a été le contexte de la rédaction de chacune d'elle ?

Eric Picholle : Dans l’ordre d’écriture, donc : « Solution non satisfaisante » est pratiquement une commande de John Campbell. Campbell et Heinlein ont immédiatement compris l’importance de la découverte de la fission en chaîne de l’uranium par un Allemand, Otto Hahn, fin 1938. Viscéralement antifasciste, Heinlein est terrorisé à l’idée que les Nazis pourraient disposer les premiers de l’arme atomique. C’est un texte profondément politique.

 

L’ambition de « La Création a pris huit jours » est en revanche clairement littéraire. En août 1941, Heinlein rentre de New York, où il a enfin rencontré personnellement et pris la mesure de Campbell, et il s’essaye à une SF plus psychologique — et moins campbellienne — sur une thématique fortéenne qui le fascine (et plus encore Leslyn).

 

En 1952, « Une année faste » est presque un gag. Peu de temps avant, des économistes, Dewey & Dakin, avaient fait beaucoup de bruit en proposant une nouvelle “science de la prédiction” par l’analyse des “cycles”, en économie mais aussi relatif à l’écologie, à la guerre… et en prédisant une synchronisation de ces principaux cycles en 1952. Heinlein s’amuse à pousser l’idée à sa limite extrême.

 

« Sous le poids des responsabilités » est en revanche de la SF très “sérieuse”, qui s’inscrit dans la vaste entreprise heinleinienne de promotion de l’espace, via le cinéma (Destination Moon, en 1950), les épisodes les plus “grand public” de l’Histoire du futur, les romans jeunesse (en 1953 : Starman Jones). Il n’arrêtera d’enfoncer le clou que lorsque le message sera passé et les états-Unis en route vers l’espace, à la fin de la décennie.

 

Actusf : Il y a dans chacune de ces nouvelles une sorte de face à face entre l'humanité et la nature, et les limites de cette dernière. Quel était le rapport d'Heinlein à l'humanité et à la nature ?

Eric Picholle : Autant le citer : « Je crois en ma race tout entière. Jaune, Blanc, Noir, Rouge, Marron — je crois en l’honnêteté, le courage, la persistance… et la bonté… de l’écrasante majorité de mes frères et sœurs partout sur cette planète. Je suis fier d’être un être humain. Je crois que nous ne sommes arrivés jusque là que d’extrême justesse, que nous ne nous en sortons jamais que d’extrême justesse, mais que nous y arriverons toujours. Que nous survivrons. Que nous supporterons. Je crois que cet embryon sans poils avec son douloureux problème de cerveau surdimensionné et son pouce opposable, cet animal à peine dégagé du singe, survivra — survivra plus longtemps que sa planète natale, s’élancera vers les autres planètes, vers les étoiles et au-delà, emmenant avec lui son honnêteté, sa curiosité insatiable, son courage illimité et sa fondamentale décence. En cela, je crois de tout mon cœur. » (This I Believe, 1952).

 

Actusf : "Solution non Satisfaisante" met en scène avant l'heure la première utilisation d'une arme atomique. C'est une nouvelle totalement étonnante lorsque l'on sait qu'elle a été rédigée en 1941, quelques années avant Hiroshima et Nagasaki. Peux-tu nous en dire un peu plus ? Il a l'air d'avoir été assez clairvoyant sur l'usage de l'arme atomique et ses conséquences...

Eric Picholle : Le thème de l’arme absolue, y compris atomique, est un grand classique de la littérature SF d’avant guerre. Heinlein est évidemment très attentif aux avancées de la physique nucléaire à la fin des années 30. Il y est poussé par Campbell, lui même diplômé en physique. Un de ses amis proches, membre de la Mañana, est le physicien Robert Cornog — rien moins que le codécouvreur de l’hélium 3. J’ai retrouvé dans les archives Heinlein la trace de discussions ahurissantes, où les compères discutent tranquillement de fusion thermonucléaire dès janvier 1940, alors que les historiens des techniques en attribuent l’idée à Teller et Fermi, fin 1941…

 

« Solution non satisfaisante » (et « Il arrive que ça saute », d’une triste actualité) fait donc d’autant plus froid dans le dos qu’il est parfaitement informé, du point de vue technique. Mais ce qui me frappe dans ce texte, c’est l’esprit de sérieux avec lequel Heinlein et Campbell, dans ses éditos, suivis en cela par les lecteurs d’Astounding, abordent de front les questions politiques et stratégiques évidentes soulevées par ces avancées techniques. Ce sont les seuls. La communauté scientifique elle-même, à de notables exceptions près comme Leo Szilard ou Frédéric Joliot-Curie, s’avère incapable de les poser. Tout se passe comme si les auteurs et les amateurs de science-fiction étaient en quelque sorte immunisés contre une sorte d’hallucination cognitive interdisant de considérer, jusqu’à ce qu’il soit trop tard, des hypothèses par trop horribles pour être pensables.

 

Actusf : La nouvelle qui est totalement inédite s'appelle "La Création a pris huit jours". C'est toi qui nous l'a suggérée à l'époque où nous cherchions à mettre sur pied le recueil. Pour quelle raison l'as-tu choisie ?

Eric Picholle : D’abord, parce qu’il n’y a plus tant de grandes nouvelles inédites de Heinlein. Bifrost vient de publier Le Représentant en éléphants, que j’aime beaucoup. Manquent encore « Waldo », qui a ses fans, « Gulf », certainement ; « The Devil Makes the Law », qui a un peu vieilli, peut-être « Project Nightmare », et on aura à peu près fait le tour : reste une poignée de textes mineurs (voire médiocres pour certains, mais Chut !), ou hors genre.

 

Ensuite, il me semblait intéressant d’orienter partiellement le recueil vers un aspect méconnu de Heinlein (et plus encore de son épouse, Leslyn, qui se disait sorcière) : sa curiosité pour les phénomènes étranges, que je discute un peu dans la préface. « La Création a pris huit jours » est peut-être son seul texte irrécupérablement pessimiste, voire défaitiste. Et d’autant plus révélateur : au-delà des caricatures, Heinlein, c’est aussi cela. Jackpots enfonce d’ailleurs le clou : alors que la plus grande partie de la science-fiction heinleinienne est optimiste, voire conquérante, les quatre textes qui le composent sont particulièrement sombres.

 

Pour tout t’avouer, je craignais un peu que l’ambiance très particulière de cette nouvelle, à la fois technique, côté Marine, et parfois presque lovecraftienne ne soit perdue à la traduction. Mais Aurélie Villers a fait un travail remarquable.

 

Actusf : "Une année faste" met en scène une sorte d'apocalypse. Est-ce un thème qu'il utilisait souvent dans ses récits ?

Eric Picholle : Non. Là encore, c’est très atypique. Peu d’apocalypses chez Heinlein, et passablement ironiques — jusqu’à sa propre version jubilatoire d’Armageddon dans Job, une comédie de justice.

 

Actusf : Heinlein semble toujours très présent en librairie. Il y a ce recueil de nouvelles chez nous bien sûr mais il y a également eu un numéro spécial qui lui a été consacré chez Bifrost, sans compter des rééditions régulières de ses romans chez Folio SF par exemple. Qu'est-ce qui fait que cet auteur dure là où d'autres sont un peu tombés dans l'oubli ?

Eric Picholle : Pour moi, Heinlein est tout simplement un classique, avec ce que cela peut avoir de poussiéreux pour certains, mais aussi avec une manière qui, à force d’être reprise par d’autres, s’est assez profondément inscrite dans notre culture collective pour faire résonner quelque chose au sein de la plupart des lecteurs. En un sens, Heinlein, c’est la science-fiction.

 

D’autre part, la science-fiction actuelle est devenue très sophistiquée, très référentielle, et donc assez difficile d’accès pour le non-initié. Les auteurs de l’âge d’or — Heinlein, mais aussi bien Asimov — en étaient encore à inventer les techniques narratives du genre et à les faire accepter par les lecteurs. Leurs textes sont toujours aussi accessibles et constituent d’excellentes portes d’entrée en SF. Mettre directement Incandescence de Greg Egan entre les mains d’un lecteur innocent, c’est la garantie de le persuader que la science-fiction n’est pas pour lui. Une heinleinerie comme Une porte sur l’été constitue au contraire une excellente introduction ; une ou deux lectures “faciles” de ce genre, puis on peut s’aventurer dans Révolte sur la Lune et En Terre étrangère — et on est paré. C’est la meilleure école qui soit.

 

Actusf : Et pourquoi selon toi il faut aujourd'hui encore lire Heinlein ?

Eric Picholle : J’aimerais pouvoir te répondre simplement : “pour le plaisir !”

Mais à mon sens, il manque quelque chose à la SF française actuelle, un élan, une touche d’optimisme. C’est probablement en phase avec l’époque, mais la science-fiction ne doit pas se contenter de se faire l’écho des angoisses du moment, a fortiori de clamer « On vous l’avait bien dit », pour reprendre le titre d’un récent papier d’Andrevon dans Libé. L’époque de Heinlein était bien plus dangereuse encore, jusqu’à trouver probable que l’Humanité tout entière finisse par toucher le jackpot nucléaire — mais ça ne l’empêchait pas de rester résolument tourné vers le futur.

 

Actusf : Dans ta préface, tu évoques la maison d'Heinlein et de sa femme comme étant souvent rempli d'amis et plus particulièrement d'auteurs de SF. Quelle a été son influence sur la science-fiction, notamment américaine ? Et quel homme était-il dans la vie ?

Eric Picholle : Avant-guerre, la science-fiction était un tout petit monde, et une WorldCon ne réunissait guère plus de deux cents personnes. Heinlein en était une étoile montante, déjà admirée et écoutée, mais la principale force d’influence sur le milieu était clairement le New-yorkais John Campbell, dont Heinlein était en quelque sorte un relais sur la Côte Ouest : la Mañana Literary Society était une pépinière d’auteurs pour Astounding. C’est là que des gens comme Cleve Cartmill, et même dans une certaine mesure Ray Bradbury, ont fait leurs premières armes d’auteurs professionnels.

Dans les années 1950, en revanche, Heinlein trône au centre de la science-fiction américaine. Il assume volontiers un rôle de “parrain”, aide et encourage ses jeunes collègues en difficulté, ouvre de nouveaux marchés, et contribue en général à professionnaliser la science-fiction et à en repousser sans relâche les frontières. Un peu plus tard encore, il servira de repoussoir à la génération de la “New Wave”, qui se définira en bonne partie par opposition à “Papy Heinlein”, comme disait Aldiss.

 

Humainement, il semble y avoir deux Heinlein. Tous les témoignages de ses amis le présentent comme un charmeur, plein d’esprit, attentif et attentionné. Alfred Bester, qui le connaît bien, n’hésite pas à parler de “sentimentalisme”. Il aime recevoir, faire plaisir, discuter à l’infini, voyager, faire de nouvelles rencontres… Ancien bègue, il n’est en revanche jamais entièrement à l’aise en public. Lorsqu’il n’est pas en confiance,  Heinlein s’abrite derrière un masque de courtoisie formelle qui peut passer pour de la distance. Et il peut être cassant, voire franchement insultant, retrouvant ses manières d’officier sans ambages, lorsqu’il estime qu’on lui a manqué de respect. Ses répudiations sont sans appel. Quarante ans après, Alex Panshin n’en est pas encore revenu !

 

Actusf : Sur quoi travailles-tu ? Quels sont tes projets ?

Eric Picholle : À très court terme, il y a bien sûr les Journées interdisciplinaires sciences & fictions de Peyresq, que j’organise depuis 2007 avec Ugo Bellagamba et quelques autres. Depuis les années 1980, l’université de Nice est l’un des rares havres académiques de la science-fiction en France, et nous essayons de maintenir cette tradition.

 

Je suis par ailleurs en train d‘explorer, avec Estelle Blanquet, qui forme les futurs instits à l’enseignement des sciences à l’IUFM de Nice, quelques possibilités offertes par la SF comme outil pédagogique. En particulier dans le cadre d’une « démarche d’investigation » en sciences lorsque l’expérimentation directe n’est pas possible, comme en astronomie — et, comme de bien entendu, c’est encore souvent chez Heinlein qu’on retrouve les passages les plus efficaces (dans un autre genre, certaines images de Manchu ne sont pas mal non plus !).

 

Côté écriture, il pourrait aussi y avoir un nouveau projet avec Ugo, très différent de Solutions non satisfaisantes — mais il est encore un peu tôt pour en parler.

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