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Interview Fabien Clavel
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Interview Fabien Clavel

ActuSF : Bonjour Fabien, Peux-tu nous parler de toi pour commencer ? Ton parcours scolaire et professionnel, tes goûts de lecteur, d’où t’es venu l’envie d’écrire et comment es-tu passé à l’acte et cette fascination tant pour l’histoire, les mythes, les peuples et l’action que l’on retrouve dans beaucoup de tes œuvres.
Fabien Clavel : Bonjour. Mon goût pour la fiction remonte très loin. Je feuilletais des BDs avant même de savoir lire et je n’ai pas arrêté depuis de bouquiner tout ce qui me tombe sous la main. Quand j’ai réfléchi à mon futur métier, j’ai voulu faire quelque chose en rapport avec les lettres : Il n’y avait qu’enseignant (écrivain me semblait inaccessible). J’ai donc étudié le latin et le grec, les mythologies qui allaient avec. Après un bac S (parce que j’aimais aussi les maths et la physique), j’ai fait une prépa littéraire (où j’ai commencé à m’intéresser à l’Histoire avec un grand H), poursuivi la fac jusqu’au DEA et passé enfin le CAPES de lettres classiques. Dans tout ce que j’ai lu et vu, à part les classiques du XIXe et de l’Antiquité, j’ai surtout été attiré par tout ce qui appartenait aux littératures de l’imaginaire. Parallèlement, j’ai commencé à prendre des notes pour des romans, des pièces de théâtre, des poèmes. Plus  tard, je me suis aperçu que je faisais de la fantasy sans le savoir.

ActuSF : Le moins que l’on puisse dire c’est que tu as un parcours  fulgurant et régulier depuis 2002 et que tu as touché à un peu tous les genres, les types et les thèmes. Pourrais-tu nous en dire plus sur ta façon de procéder pour écrire sur tel ou tel sujet, quelles sont tes techniques d’écriture, as-tu des rituels par rapport à l’écriture, un calendrier et des horaires précis, comment fais-tu pour les recherches, le style que tu dois adapter à chaque fois et le temps que te prend en moyenne un roman ?
Fabien Clavel : Je dirais plus régulier que fulgurant. Des auteurs sont encensés dès leur premier livre ; moi, ça fait dix ans que je publie des romans et à peu près cinq que mon travail est reconnu. Peu à peu, j’ai découvert une ambition à laquelle je n’avais songé au premier abord : tenter de couvrir progressivement tous les genres des littératures de l’imaginaire. Une manière de ne pas trop se répéter, mais aussi de retrouver les émotions que toutes les histoires ont pu susciter chez moi. Maintenant, j’en suis à une deuxième étape : à cette exploration des genres, je commence à réunir les fils de mes différents univers avec des personnages récurrents ou bien des éléments de cohérence d’un roman à l’autre. J’aimerais en arriver un jour à une sorte de Comédie humaine de l’imaginaire. Comme je varie pas mal mes sources d’inspiration, je dois effectuer des recherches importantes. C’est aussi une manière de m’approprier le matériau et de me placer dans une tradition littéraire. Mon côté prof, sans doute. En général, je pars d’une envie (une histoire de pirates, des gangsters, de fantômes…) et je cherche un biais original dans le traitement du sujet. Ensuite, je creuse en regardant ce qui a été fait et je me mets à écrire. J’écris chapitre par chapitre, dans l’ordre. Mon écriture s’apparente à une expérience de lecture dans le sens où je suis l’ordre du livre et que me laisse toujours une importante possibilité d’improvisation afin de me surprendre. Ensuite, la rédaction peut prendre entre un (La dernière Odyssée) et six mois (Le Châtiment des flèches). En moyenne, je passe à peu près trois mois sur l’écriture proprement dite.

ActuSF : Y a-t-il une réelle différence quand tu écris pour la jeunesse ou pour un public plus mature ?
Fabien Clavel : De moins en moins, notamment avec la catégorie « youg adult » qui brouille un peu les frontières. Néanmoins, pour la jeunesse, j’évite les complications inutiles dans le style et la narration, le sexe et la violence crus. C’est une école de l’ascèse narrative, extrêmement formatrice selon moi. Du coup, par contraste, je me permets davantage de libertés dans les romans adultes : des passages en vers dans Requiem pour elfe noir, des passages sans ponctuation dans Furor. Le but reste tout de même de se faire plaisir et de transmettre de son plaisir au lecteur, quel qu’il soit. Maintenant, quand j’écris pour la jeunesse, je pense aussi aux lecteurs adultes. Et les thèmes que je traite sont les mêmes.

ActuSF : Comment se passent tes relations avec le monde de l’édition en tant qu’écrivain ? Comment s’est passé ton premier contact avec celui-ci ? Et depuis 2002 comment les choses ont-elles évoluées pour toi avec le milieu SF ?
Fabien Clavel : J’avais écrit un roman dans un univers de jeu de rôle que j’ai porté à Mnémos en 2001, je crois. Le roman n’a pas été accepté mais on m’a proposé d’écrire sur un autre univers de jeu de rôles : Nephilim. J’ai écrit quatre romans qui ont été édités par Célia Chazel. Depuis, j’ai toujours travaillé directement avec les éditeurs en leur proposant mes idées, souvent deux ou trois, avant de me lancer. Un seuil a été franchi en 2007 quand Xavier Mauméjean a fait appel à moi pour sa collection Royaumes perdus chez Mango. Cela a aussi été mes débuts en littérature jeunesse. Par la suite, j’ai aussi travaillé avec Audrey Petit pour Autres mondes chez le même éditeur. Dans le même temps, j’ai commencé à fréquenter davantage les salons. J’ai rencontré Thibaud Eliroff aux Utopiales et nous avons sympathisé. J’ai écrit pour Pygmalion puis pour Nouveaux millénaires. Il m’a présenté Benjamin Kuntzer avec qui j’ai fait une trilogie vampirique pour Baam! Et puis, Guillaume Lebeau m’a contacté pour sa nouvelle collection de thrillers chez Rageot. Aujourd’hui, je suis en discussion avec plusieurs éditeurs ou directeurs de collection pour différents projets. Donc les festivals ont été importants pour me faire connaître, sans que j’aie vraiment cherché à me placer par tous les moyens. À l’exception de mon tout premier roman, j’ai eu la chance de ne jamais avoir à écrire dans mon coin en espérant que mon manuscrit intéresserait quelqu’un. Je dois dire que c’est une sensation agréable et rassurante de savoir que quelqu’un approuve mon idée et attend mon roman.

ActuSF : J’ai découvert que tu avais participé à la création du Jeu de Rôle Khaos 1795, peux-tu parler de l’expérience que cela procure ?
Fabien Clavel : J’ai commencé en relisant des fichiers pour Nephilim et d’autres jeux. Ensuite, j’ai écrit une campagne à quatre mains avec Florent Cautela : Les Atlantéides. Donc, j’ai un peu d’expérience dans le jeu de rôle, raison pour laquelle j’ai accepté de participer à Khaos 1795. Aujourd’hui, je n’ai plus le temps parce que je me consacre au roman. L’expérience est bonne du point de vue scénaristique afin de prévoir comment chaque faction concernée voit les choses et cherche à intervenir. C’est intéressant également pour construire un univers qui se tienne, et suffisamment riche. Par contre, un scénario de partie n’a rien à voir avec un scénario de roman. Ce sont deux disciplines très différentes. Le jeu de rôle est là pour mettre les joueurs en vedette.

ActuSF : 2012 est une année très prolixe pour toi, entre des romans jeunesse (tome 3 de L’Apprentie de Merlin, Décollage immédiat chez Rageot) et Furor, pour cette interview, question un peu bateau, comment l’auteur bosse t-il ces différents thèmes et ce « passage » du roman jeunesse au roman adulte ? Le travail est-il le même ?
Fabien Clavel : 2012 est effectivement une année charnière pour moi : je me dépêche avant la fin du monde. J’ai cinq romans qui doivent sortir et trois rééditions. Evidemment, je n’ai pas écrit tout en même temps et certains manuscrits remontent à un an et demi. Pour chacun de ces projets, il y a eu un synopsis de présentation à l’éditeur et des mois de recherches. Pour Furor, j’ai donné une partie de ma bibliographie dans la postface. Pour L’Apprentie de Merlin, j’ai lu les milliers de pages du Lancelot-Graal. Pour Décollage immédiat, j’ai consulté des stewards afin de savoir comment se déroulait un vol de leur point de vue. Mais tout ça se fait un peu en même temps, en fonction de mon humeur. Par contre, au moment de la rédaction, je me consacre à un seul livre pour conserver le même ton. En outre, je ne prends pas énormément de notes donc, si je veux tout garder en mémoire, j’ai plutôt intérêt à écrire avant d’avoir oublié des éléments importants. Mais le travail est somme toute le même d’un roman à un autre. Pour moi, c’est la même chose que de regarder un film d’animation pour enfants un soir et de regarder un film de science-fiction culte le lendemain. La transition s’effectue naturellement.

ActuSF : Parlons de Furor, qui, pour ma part a été une très bonne surprise, tu as su créer un souffle, avec une histoire horrifiante racontant la désintégration (et le terme n’est pas trop fort) des légions romaines envoyées dans les forêts germaniques pour mater les barbares germains, pourquoi le thème des légions de Varus t’a-t-il tenté ? Et d’où est venue l’idée d’y adjoindre un élément fantastique ?
Fabien Clavel : Dans mon esprit, c’est un mélange entre Predator et Stalker. Je serais malhonnête si je ne disais pas qu’il y a aussi eu l’influence du Déchronologue de Beauverger. Ma première envie était de confronter des soldats à une chose totalement incongrue et anachronique. Je n’avais pas encore travaillé sur le voyage dans le temps. J’ai cherché du côté des Romains que je connais assez bien et je suis tombé sur l’histoire de Varus. Cela a rejoint le problème des déchets nucléaires. Là, on peut voir aussi peut-être l’influence des Déportés du Cambrien de Silverberg. Que faire de ce dont on ne sait se débarrasser ? L’envoyer dans le passé ! En réunissant toutes ces sources et ces obsessions, j’en suis arrivé à une histoire très simple : des légionnaires romains tombent sur une pyramide radioactive. Cela permettait aussi de revenir au fait que le nucléaire, en particulier en France, est militaire avant d’être civil. Et qu’on est aux limites de notre maîtrise du phénomène, ce qui peut apparaître comme quelque chose de divin. J’avais donc tous mes thèmes.

ActuSF : Au niveau de la construction du récit, tu nous montre les pensées des différents protagonistes en usant de paragraphes d’un seul bloc, en italique, et sans ponctuation : Volonté de montrer au lecteur le magma de la pensée à l’état brut ?
Fabien Clavel : Contrairement au précédent roman que j’ai fait pour Thibaud Eliroff, Le Châtiment des flèches, où la guerre était épique, je voulais ici d’un conflit sale, type Vietnam ou Indochine, et en même temps lyrique à certains moments. Le traitement devait donc être différent. J’ai été très marqué par La ligne rouge de Terrence Malick où l’on mélangeait des scènes de guerre avec des voix off plus contemplatives. J’ai voulu conserver ce mélange entre une narration à la troisième personne en point de vue externe, et du monologue intérieur, du flux de pensée sans ponctuation, déjà utilisé par de nombreux auteurs contemporains depuis Joyce. En l’occurrence, c’est La Zone de Mathias Enard (un roman en une seule phrase) qui m’a décidé à enlever les points et les majuscules. Et puis, au bout d’un moment, après discussion avec Thibaud, j’ai éliminé toute ponctuation. 

ActuSF : Tu dépeins également bon nombre de massacres digne de Cannibal Holocaust, avec tortures, mises à mort avilissantes et dénonciation de la « barbarie » dont sont coutumiers les hommes sous couvert de guerre (qu’ils se prétendent issus d’une civilisation avancée ou de tribus barbares d’ailleurs) : Volonté de montrer que toute guerre est sale dans son essence même?
Fabien Clavel : Cet affrontement a été particulièrement ignoble parce que les Romains se sont très mal comportés avec les Germains et que ces derniers se sont vengés dès qu’ils l’ont pu en s’acharnant sur les corps. Les écrits de Tacite le disent bien. Je n’ai rien inventé. Ce qui m’a plu, c’est de montrer comment la belle mécanique de l’armée romaine, d’ordinaire parfaite, se grippe ici et se brise face à des forces naturelles. Mais personne n’a le beau rôle ici : c’est barbarie romaine contre barbarie germaine. La seule différence, c’est que les Germains sont chez eux. Mais quelques siècles plus tôt, ils sont descendus vers l’Italie et ils y reviendront quelques siècles plus tard. Je ne voulais pas provoquer de fascination pour la guerre. Comme chez Malick, du moins tel que je l’ai compris, la guerre est une chose antinaturelle, une offense contre l’humanité même.

ActuSF : De même, tu mets en scène une femme très forte et très intéressante, peux-tu nous parler d’elle et de ce qu’elle représente ? J’ai eu l’impression, in fine, que tu montrais la grandeur d’âme des obscurs, des seconds, face aux officiers qui marqueront l’histoire certes, mais font pâle figure face à cette femme et aux deux esclaves affranchis.
Fabien Clavel : Flavia est née déjà d’une volonté de représenter plus fidèlement ce que pouvait être une guerre antique : il fallait donner un visage à tous les civils qui suivaient les troupes romaines et qui n’ont pas réchappé au massacre. Deuxièmement, je ne pouvais pas imaginer un roman sans un personnage féminin. J’ai horreur de la non-mixité parce que c’est une manière d’amputer l’humanité d’une moitié d’elle-même. Donc, je devais avoir un personnage féminin qui soit en même temps extérieur par sa perception et aussi intégré à l’action. Ce que j’aime en elle, c’est qu’elle finit par être à cheval entre deux mondes : elle n’est plus vraiment germaine, elle n’est pas romaine non plus. L’idée est de montrer également que la guerre touche tout le monde au final et qu’elle ne se limite pas au soldat. Je n’avais pas pour idée en revanche de dénoncer les officiers. Il se trouve que Varus a commis des erreurs de jugement, mais ses officiers ont eu des comportements variés : certains courageux, d’autres lâches. Ils sont humains. Mais, effectivement, le point de vue que j’ai adopté est celui des obscurs parce que je voulais que mes personnages soient totalement pris dans ce qui les entourait sans possibilité de prendre du recul. Cela va avec la volonté d’enlever les éléments épiques : pas de héros, pas de souverains.

ActuSF : Comment as-tu fait pour parler de ce mal invisible qui tue de manière horrible ? Comment et pourquoi, sous couvert de décrire une bataille dégueulasse à la façon d’un western spaghetti, tu as décidé de mettre en plus un voyage dans le temps et le pire poison qui soit et dont nous sommes les créateurs (et je regrette que la couverture, sublime, en dise déjà trop) ?
Fabien Clavel : Je me suis rendu compte que les projets d’enfouissement de déchets nucléaires posaient la question du signalement : faut-il montrer qu’on a un site dangereux et comment le faire comprendre ? Ou bien vaut-il mieux le cacher complètement ? Certains évoquaient une pyramide. J’ai gardé l’idée. Sachant que le gros problème de ces déchets est le temps, il devenait intéressant d’imaginer qu’on les envoyait très loin dans le passé, le temps que la radioactivité s’éteigne. Bien sûr, ça ne marche pas comme on l’a voulu. L’idée que nous avions avec Thibaud Eliroff consistait à ne pas cacher qu’il s’agissait d’un site radioactif, que cela ne constitue pas une pirouette finale mais plutôt la base du récit. D’où la couverture explicite. Mais je n’ai pas voulu conclure sur l’idée. Par exemple, on peut imaginer que ces déchets ne viennent pas de l’avenir mais du passé : ce sont les restes d’une civilisation disparue qui nous a laissé cela en souvenir. Pour évoquer les effets de la radioactivité, je me suis documenté afin que l’ensemble soit crédible, notamment dans les symptômes. J’ai regardé des documentaires affreux sur Tchernobyl, qui m’ont d’ailleurs filé des cauchemars, afin de décrire les mutations et dégénérescences. Mais, comme je le disais plus haut, il s’agissait de mettre en rapport le nucléaire civil avec le côté militaire qu’on oublie trop souvent.

ActuSF : Sans trop spoiler, la fin est particulièrement ironique et m’a rappelé le même humour grinçant que Voici l’homme de Michael Moorcock ou que l’une des histoires de Trois Christs de Valérie Mangin (scénario), Denis Bajram et Fabrice Neau (Dessin) et ancre pleinement ton livre dans l’histoire secrète, j’imagine que c’était ton but dès le départ ?
Fabien Clavel : Pour le coup, je n’ai pas (encore) lu ces œuvres. En réalité, cette idée m’est venue très tard. J’ai même hésité à l’ajouter car je voulais laisser le lecteur dans le questionnement. C’est mon épouse qui m’a suggéré d’ajouter une chute. J’y ai vu le moyen de conclure en rapprochant aussi deux thèmes qui m’intéressaient : le scientifique et le religieux. La science incomprise est facilement prise pour de la magie et c’est tout à fait le cas ici. Cela permet finalement de donner d’autres pistes au lecteur, tout en étant en continuité avec l’un des thèmes essentiels du roman : le rapport au divin.

ActuSF : Je viens de voir qu’au mois de mai allait sortir un livre intitulé Nephilim, Les Déchus, un retour au Jeu de Rôle ? Peux-tu nous en parler ?
Fabien Clavel : Il s’agit en fait d’une réédition de la tétralogie initialement publiée en 2002-2003. Par contre, comme il s’agissait de mes premiers romans, j’ai eu un gros travail de réécriture pour corriger des défauts de débutant et améliorer ce qui pouvait l’être. Cette intégrale sera en deux volumes, l’un sortant en mai, le second en octobre. Elle comportera notamment un dénouement inédit. A l’époque, j’avais dû terminer de façon un peu abrupte car je n’avais pu écrire que quatre des sept volumes projetés.

ActuSF : Pour conclure as-tu d’autres projets en cours ou à venir ?
Fabien Clavel : La fin de la trilogie Le Miroir aux Vampires sort ces jours-ci chez Baam. C’est le plus punchy des trois à mon avis, un hommage à ma série fétiche : Buffy contre les vampires. J’ai écrit une histoire d’anges qui devrait sortir en fin d'année. On travaille encore dessus. Et puis le troisième volume de L’Apprentie de Merlin doit également sortir dans le dernier trimestre de cette année. Une chose dont je suis fier aussi : c’est la participation à un recueil de nouvelles sur l’antiquité et les littératures de l’imaginaire. J’ai imaginé les débuts perdus du plus ancien roman de la littérature occidentale : le Satyricon. Pour le reste, pas mal de projets en discussion, mais rien de définitif à cette heure. Ce sera la surprise.

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