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Interview Georges Foveau
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Interview Georges Foveau

ActuSF : Comment est née l'idée de cette manifestation ?
Georges Foveau : Cette manifestation est née en 2009, d’une volonté de la commune de Lambesc de créer un salon du livre dynamique et attractif, en particulier pour les jeunes lecteurs. La mission Lecture Publique de la Communauté du Pays d’Aix (CPA) a été contactée sur ce projet. Il nous intéressait forcément puisque un des axes forts de cette mission est de stimuler le plaisir de lire auprès des jeunes, des écoles primaires en particulier. Mais aussi de tous les autres lecteurs. Il y avait en plus un manque flagrant de manifestations autour des Littératures de l’Imaginaire dans notre région alors qu’elles passionnent un public nombreux et très varié.

Ce salon est devenu un festival dès 2010, avec la participation très active des Pennes-Mirabeau qui ont rallié Lambesc et Rognes qui a participé dès la première année.

ActuSF : Quelle est la thématique de cette année ?
Georges Foveau : Le but de ce festival est d’offrir chaque année un peu de l’étonnante richesse de ces Littératures de l’Imaginaire dans tous les domaines qu’elles animent : Fantastique, Fantasy, Science -Fiction, et pour tous les âges. Nous nous adressons aux amateurs de ces genres, mais aussi à tous ceux qui ont envie de les découvrir.

La programmation se fait donc dans cet objectif avec le but de mettre en avant des auteurs tant dans leurs créations que dans leur personnalité. Privilégier la rencontre, donc ! « Autres mondes », le titre de ce festival, en est aussi la thématique récurrente.

Avec, chaque année, le plus d’Autres Mondes différents possibles en un minimum d’auteurs pour de pas noyer les lecteurs mais pour plutôt les aiguiller vers des créateurs d’univers qui nous plaisent.

Nous voulons aussi créer une dynamique de création autour de ces romans.

ActuSF : Comment s'est fait la programmation ?
Georges Foveau : C’est un travail d’équipe méticuleux, bouclé quasiment un an à l’avance et qui tient essentiellement compte… des coups de cœur, d’hier et d’aujourd’hui !

Les choix reposent essentiellement sur les lectures des bibliothécaires des trois communes impliquées dans le projet et sur les autres partenaires associés : élue à la culture de Lambesc, chargé de mission Lecture publique CPA qui a un rôle de conseil et de cohésion… Nous avons aussi des informateurs avisés : libraires, lecteurs jeunes et moins jeunes, spécialistes objectifs… Sans tomber dans la délation, disons que Claude Ecken et Stéphane Manfrédo (entre autres) sont un peu nos « précieux » à nous…

ActuSF : Qui sont les auteurs invités ?
Georges Foveau : Les auteurs invités sont avant tout le reflet de cette volonté de mettre en avant les richesses de « l’Imaginaire » français auprès du plus grand public possible sans se laisser emprisonner par les genres, les étiquettes ou les frontières…

Avec Fabrice Bourland et Jean-Luc Bizien, le polar historique flirte avec le fantastique et l’ésotérique… jusqu’à y sombrer parfois avec délectation.

Eric Simard représente la littérature fantastique de qualité purement jeunesse qui a émergé dans les années 90 chez des éditeurs dont ce n’était pas forcément la carte de visite.

Sandy Marty et Pierre-Louis Bezombes proposent deux visages personnels très différents de la Fantasy pour adolescents. Avec le même soucis d’originalité et de qualité.

La SF aura deux hérauts de choix qui ont œuvré avec talent pour la reconnaissance du genre en France avec Sylvie Lainé et Claude Ecken. Sylvie Lainé permet aussi de magnifier l’art de la nouvelle qui nous tient particulièrement à cœur et que représentera aussi Vincent Corlaix.

Le coup de cœur « pour le petit nouveau », c’est pour Laurent Poujois et son uchronie napoléonienne qui est un véritable plaisir de lecture.

Quant aux images : Nicolas Fructus a dessiné l’affiche aussi splendide et lumineuse que son guide de Kaddath est sombrement délectable. Annabel viendra défendre les couleurs de Magus…

ActuSF : La manifestation s'accompagne d'interventions auprès des enfants et des adolescents en primaire et au collège. L'idée c'est de les sensibiliser à la lecture et à l'Imaginaire et d'avoir un festival ouvert à tous ?
Georges Foveau : L’idée, c’était surtout que faire un salon, pour faire un salon de plus… Cela ne nous intéressait pas !
Nous voulions aussi que cette ponctuation festive ouverte à tous soit précédée d’une « mission » : offrir aux plus jeunes le plaisir de lire. Trop souvent, dans les cadres scolaires, le livre est perçu par les jeunes seulement comme un outil d’apprentissage. Nous voulions saisir l’occasion de lui redonner sa dimension de rêve, d’évasion, de plaisir.

L’idée ? C’est que lire c’est avant tout cela : s’offrir des plaisirs et des plaisirs qui peuvent se partager.

ActuSF : Il y a aussi du cinéma avec la projection du film "Wolfman" avec un débat ensuite. Pourquoi avoir choisit ce film ?
Georges Foveau : Régulièrement classé parmi les 10 meilleurs films SF, Fantasy et Fantastique de 2010, « Wolfman » nous intéresse car il est à la fois une œuvre originale et un hommage exceptionnel à l’imagerie gothique, qu’elle soit littéraire ou cinématographique. A travers la lycanthropie, il est une variation sur le thème de « l’autre », y compris en soi. Et puis, à avoir sur grand écran, un personnage aux dents longues… autant qu’il en prenne du poil de la bête…

ActuSF : Et pourquoi faire intervenir ensuite des auteurs de romans et de nouvelles dessus ?
Georges Foveau : L’Imaginaire joue forcément sur les images intérieures des lecteurs au travers de celles des auteurs. Ces littéraires jouent avec et se jouent des archétypes. Il nous semblait logique de faire parler des auteurs de lignes sur des créations d’images, surtout qu’au travers des adaptions ou des novellisations, la SF, la Fantasy et le Fantastique irriguent plus que tout autre genre le petit et le grand écran, à l’encontre même de l’opposition que l’on dresse systématiquement entre les deux arts.

ActuSF : Le samedi soir offre deux spectacles dans deux communes différentes. De quoi s'agit-il ?
Georges Foveau : L’envie sur ce festival est aussi de stimuler la créativité autour des genres et des auteurs que nous recevons. Et de surtout titiller la curiosité de ceux qui pourraient penser qu’il n’y a rien pour eux dans les Littératures de l’Imaginaire.

Forte d’un public de mélomanes avertis, la commune de Lambesc a voulu marier littératures et musiques, avec un clin d’œil à Eric Simard et à ses inspirations celtiques. Ce sera donc « La plume celtique a l’oreille mélomane », avec Sophie Prieur-Vallauri au piano et Laurent Kieffer à la lecture.

Les bibliothécaires des Pennes-Mirabeau ont voulu mettre en valeur l’excellent « Les portes du sommeil » de Fabrice Bourland. Elles ont donc demandé à la compagnie Aurore de Nausicaa de créer, à partir du roman, une lecture interactive donnée dans un petit théâtre digne des années 30. Ce spectacle permettra aux plus finauds des auditeurs de découvrir le fin mot de l’histoire… où l’entracte sera buffet dînatoire.

ActuSF : Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour cette manifestation ? Une vie aussi longue que celles des mythes qui la font vivre ?
Georges Foveau : Peut-être de devenir aussi un tremplin créatif, tant dans les spectacles donnés sur place que, pourquoi pas ?, au niveau de l’écriture et de la publication. L’équipe pense que estival doit rimer avec creuset… Toute une alchimie.

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