- le  
Interview Hervé Jubert
Commenter

Interview Hervé Jubert

Actusf : Comment est née l’idée de ce roman ?
Hervé Jubert : Magies secrètes est une vieille histoire. En fait, il y a dix ans, j'en ai sorti un embryon aux éditions du Masque, dans une collection morte-née. J'adorais déjà cet univers steampunk-parisien second empire-féerique. Et cette parution ratée en quelque sorte m'a bien frustré. Du coup, j'ai continué à alimenter, à enrichir Sequana. Dès que je trouvais une anecdote, une créature, un endroit bizarre, toc, je l'intégrais à mon guide de la ville. Puis Xavier Mauméjean m'a demandé un roman de Fantasy urbaine. On a pas mal de goûts en commun. Il m'a donné le feu vert pour réveiller Beauregard. Et je me suis lâché.
 
 
Actusf : Vous y parlez de Magie. Comment avez-vous imaginé le système de magie dont vous nous parlez dans le roman ? Avez-vous fixé des règles bien particulières ?
Hervé Jubert : La magie de Sequana est organique (humains et féeriques se côtoient), mécanique (l'ère industrielle génère le mystère) et historique. Chacun des 48 quartiers de la ville a un lien plus ou moins fort avec la magie. Ici c'est un puits qui sert de passage. Là un vendeur de jouets féeriques a pignon sur rue. J'ai appliqué une règle, oui : rester fidèle à l'existant. Sequana est une transposition du Paris du Second Empire dans lequel, par exemple, la rue du Grand Hurleur a été supprimée par Haussmann. Le Grand Hurleur ? Hein, hein. Lovecraft n'est pas loin. Il y avait une statue d'Isis dans l'église Saint-Germain des Prés ? Les premiers habitants étaient bien appelés Parisis ? Soit. La déesse aura sa place dans Sequana. Etc. Etc.
 
 
Actusf : Comment voyez-vous Georges Beauregard ?
Hervé Jubert : Sombre. Inquiet. À la recherche de. C'est un enfant trouvé. Au pied d'un puits qui plus est. Je connais son ascendance mais lui l'ignore. Et elle est complexe. Croyez-moi.
 
 
Actusf : Même questions pour les êtres féériques. Comment les avez-vous imaginés ?
Hervé Jubert : J'ai laissé la part belle aux créatures avérées, tels le petit homme rouge, le fantôme des catacombes ou le Tâteur. D'autres créatures sont des adaptations libres comme les emblèmes royaux qui peuplent la serre du manoir ou les Ardents qui servent de chaudière. D'autres, enfin, sont juste inventés. Comme les poupa poudica, cousines séquanaises des Clochettes de New London.
 
 
Actusf : Ces êtres sont persécutés et réagissent en semant la terreur. Y a-t-il dans votre esprit un propos presque politique ?
Hervé Jubert : Paris au Second Empire n'était pas aussi hallucinant que Sequana. Mais, les gens vivaient quand même au quotidien avec un certain fantastique. On baignait l'hippopotame du Muséum dans la Seine. On chantait au coin des rues. On voyait parfois des aurores boréales. Des êtres impensables vivaient nichés dans les carrières. J'aurais aimé vivre dans ce Paris-là. Avec Magies secrètes, j'ai aussi voulu aussi faire de l'écologie féerique. Nous vivons une situation particulière. Nous sommes conscients de l'épuisement des ressources, du fait que nous partageons la même planète. Enfin, certains d'entre nous en sont conscients. J'ai appliqué cela à Sequana où deux mondes s'opposent, l'un chassant l'autre. Normal que les féeriques se défendent.
 
 
Actusf : La collection est destinée aux young adults. Avez-vous travaillé différemment que pour vos autres romans ?
Hervé Jubert : Je travaille tous mes livres de la même manière (hormis les projets vraiment jeunesse, moins de dix ans, dirais-je) : j'écris «tout public ». Adulte. Young adult. Ado. Je ne fais pas de différence. D'ailleurs, j'ai autant de lecteurs adultes qu'ados.
 
 
Actusf : Quels sont vos projets ? Sur quoi travaillez-vous ?
Hervé Jubert : Je prépare une grosse série fantastique pour Rageot. Elle commencera au printemps 2013. Je songe aussi à écrire la suite de mon roman-feuilleton chez Gründ (La Règle de Seth, le premier tome, est sorti en octobre). Enfin, me lancer dans un Magies Secrètes II-le retour me ferait extrêmement plaisir. On verra.
 
 
La vidéo promo du livre :
 

à lire aussi

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?