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Interview Les Promeneurs du temps
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Interview Les Promeneurs du temps

ActuSF :  Franck, Sylvain, une petite présentation pour commencer ?
Franck Viale : Je suis né à Fréjus, le 20 janvier 1977, j'ai très tôt nourri l'idée modeste de devenir le plus grand cinéaste de tous les temps. C'est dans ce dessein que j'ai poursuivi des études de cinéma à Nice, avant d'effectuer mon service national, comme opérateur dans la Marine. Libéré de mes obligations militaires, je fus un temps photojournaliste, avant d'enchaîner petits boulots et correspondances pour la Presse Quotidienne Régionale. Très curieux de tout, je me passionne depuis 6 ou 7 ans pour le "débat immobile" qui oppose parapsychologues et sceptiques. C'est cette dispute qui m'a en partie inspiré Les Promeneurs du temps. Une série de bande dessinée qui a séduit le dessinateur Sylvain Dorange, avec qui j'avais déjà créé, en CM1, la série culte et inédite, Mango...
 
Sylvain Dorange : Enfant, je passais mes week-ends à dessiner des BD inspirées par les films d'aventures. C'est un peut plus tard (à 10 ans) que je rencontre Franck Viale avec qui je réalise Mango, série librement inspirée de Rambo. Étudiant (aux Arts Décoratifs de Strasbourg), je me concentre sur les années 60/70 afin de réaliser mon premier vrai projet personnel de BD La Rue librement inspiré de The Thicker man de Robin Hardy. (Toujours pas édité comme une quinzaine d'autres projets). Sorti de l'école, je publie Les contes de l'Estaque adaptation de trois films de Robert Guédiguian. En parallèle, je réalise quelques films d'animation, quelques musiques de films, quelques boulots de communication  ainsi que des story-boards, pour le théâtre, la pub, les hôpitaux, le cinéma…
 
ActuSF : Vous sortez une Bande Dessinée, aux éditions Poivre et Sel, traitant de voyage dans le temps, de crimes, de doubles et de questions métaphysiques, pouvez vous nous raconter la création de cette œuvre, de l'idée à la conception finale ?
Franck Viale : Au départ, l'idée de l'intrigue m'est venue en lisant une analyse du film Minority Report. L'auteur de la critique se demandait s'il était légalement possible d'arrêter un meurtrier pour un crime qui n'a pas encore été commis. C'est pourquoi j'ai imaginé l'histoire d'un criminel qui voyage dans le temps. J'en ai parlé à mon ami Sylvain Dorange, qui m'a fait connaître son intérêt pour un tel sujet... 
 
Sylvain Dorange : En effet, pour moi c'était un défi narratif, de rendre une histoire aussi complexe, intelligible. 
 
Franck Viale : Mais ce qui à l'origine faisait ma curiosité, s'est radicalement transformé à cause de mes obsessions concernant la science et le paranormal, le rationnel et la métaphysique.
Pour faire simple, le début du XXe siècle et sa passion pour le positivisme m'a semblé idéal pour traiter ces sujets, La trame de départ de cette BD était posée ...
 
ActuSF : Quand s'est concrétisé l'envie de collaborer ensemble et pourquoi ?
Franck Viale : Une nouvelle maison d'édition pour un nouvel auteur ça semblait logique. C'est une aventure nouvelle pour chacun de nous ... 
 
Benoît Houbart : Dès le départ, j’ai emmené Sylvain et Franck dans les méandres des prémices de la ligne éditoriale de Poivre & Sel. Avant qu’on arrive à une évidence : ce récit de type feuilleton devait avoir sa chance dans une collection grand format. Le tout ayant été bien cadré, j’ai donné carte blanche aux auteurs. Les Promeneurs du Temps, c’est un vrai coup de cœur associé à un joli grain de folie.
 
ActuSF : Pourriez-vous nous parler du temps passé à créer cette BD et du travail d'équipe que cela représente (de l'écriture du scénario, aux dialogues, en passant par les dessins) combien de temps cela vous a t-il prit ?
Franck Viale : C'est difficile de dire combien de temps a duré le travail d'écriture. La première version a été écrite assez rapidement, mais elle fut ensuite remaniée... Il y a eu aussi tout le travail préalable à l'écriture. Il a bien fallu un an, de l'idée originale au premier storyboard. Nous collaborons à distance car Sylvain vit à Strasbourg et moi à Fréjus. Cependant nous nous rencontrons parfois pour avancer nos projets. Nous travaillons alors beaucoup sur de courtes périodes.
 
Sylvain Dorange : la recherche des personnages et d'ambiance se poursuit tout au long de la réalisation de l'album. Le storyboard se fabrique en 2 mois et la finalisation des planches en 8 mois. Tout ça est approximatif en fonction de mon inspiration et de mes autres travaux en parallèle.
 
ActuSF : Et par rapport au scénario et au dessin adopté, comment vous êtres vous organisé ?
Franck Viale : Mon but secret était peut-être de jouer avec les contraires... raconter une histoire très complexe, au sujet de paradoxes temporels, tout en respectant des codes de narration très simples... par exemple : illustrer des crimes baroques à la ligne claire.
 
Sylvain Dorange : C'est pour cela qu'au premier abord j'ai dessiné à la ligne claire... pour en fin de compte les enlever et obtenir des formes colorées sans contour. Le dessin devenait moins figé et ainsi plus proche du concept de la série.
 
ActuSF : L'idée du voyage dans le temps vous est venue dès le départ ? Pourquoi développer une aventure à partir de ce thème ? 
Franck Viale : L'idée du voyage dans le temps était à l'origine du projet... mais étant donné qu'il est impossible, rationnellement, de résoudre un paradoxe temporel, nous avons pensé qu'il était possible de  le faire varier. D'où l'idée d'une série. Les paradoxes temporels ne sont qu'un prétexte pour traiter de nombreux sujets liés à la logique et à la rationalité... Nous nous amusons de tout ça, il n'est pas de notre ressort de traiter à fond de ces grandes questions.
 
ActuSF : Qu'en est-il de la suite ? Avez-vous d'autres projets ? 
Franck Viale : Il faut que chaque tome de la série respecte l'esprit du premier, tout en s'en écartant le plus possible. Le tome 2 fera davantage penser à un récit d'aventure. 
 
Sylvain Dorange : le 1er janvier 1901 à Paris. Chaque tome de la série commencera à l'aube de ce même jour où le commissaire Ambroise Clé recommence sa journée sans le savoir (au début en tout cas).
Pour donner crédit aux paradoxes dans un univers du réel, j'ai énormément fait de recherches sur l'architecture parisienne de l'année, les travaux de la ville, le temps qu'il y faisait, les costumes des travailleurs, etc. Pas si évident un an après l'exposition universelle qui non seulement a accaparé tous les souvenirs visuels de cette époque, mais a également bouleversé l'image de la ville. Encore moins évident était de trouvé de la documentation sur les uniformes des policiers ainsi que leurs fonctionnement internes. A croire qu'il y ait eu une réelle difficulté à arrêter le temps en 1901.
 
Franck Viale : Pour ce qu'il en est des projets, les idées de scénarios ne manquent pas...
 
Sylvain Dorange : Restons, mon cher Franck, à l'heure qu'il est, dans l'écriture de cette série...
 
Bertrand Campeis

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