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Interview : Stéphanie Nicot pour Les Imaginales 2017
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Interview : Stéphanie Nicot pour Les Imaginales 2017

 
 
ActuSF : Avant de parler de l’édition 2017 qui se tiendra du 18 au 21 mai à Epinal, je voudrais revenir sur celle de l’an passé si vous le voulez bien. Je crois que c’est un nouveau record de fréquentation qui a été atteint ? Quel bilan en avez-vous tiré ? 
Stéphanie Nicot : Les trois dernières années ont vu une augmentation des ventes de livres de + 58%, et la fréquentation des débats (que nous ne comptabilisons que depuis 2015) a bondi de + 20% entre 2015 et 2016. Au-delà des chiffres, l’enthousiasme dont témoignent les festivaliers, habitués fidèles et nouveaux venus, confirment que l’inventivité et la convivialité qui règnent à Épinal ont créé une rencontre littéraire à nulle autre pareille. Quinze ans après leur lancement, les Imaginales ont réussi leur pari : devenir l’un des deux grands festivals d’imaginaire du pays, et le festival de référence de la fantasy en France !
 
 
ActuSF : Après la (r)évolution, le thème sera (Destin)Nations. Deux mots forts accolés pour en créer un troisième qui nous invite au voyage. Qu’est-ce que revendique / défend l’édition 2017 des Imaginales avec ce thème ?

Stéphanie Nicot : En fait, nous sommes partis, Stéphane Wieser et moi-même, de l’idée de voyage(s). Puis, avec l’aide de notre chargée de communication, nous avons validé le mot Destinations. C’est ensuite que nous nous sommes aperçus qu’il y avait aussi, dans ces destinations, du destin et de la nation ! Ailleurs qu’aux Imaginales, ces sujets dérivés pourraient apparaître polémiques (et ils le sont parfois), mais, comme chacun peut le constater, il y a à Épinal un étrange micro-climat1 : on peut y parler de tout, avec la volonté d’écouter, d’échanger, de réfléchir, de nuancer … Donc, on parlera de nation(s) et de destin(s), mais avant tout de voyage, de tous les voyages : dans les étoiles, sous terre, dans le temps : le voyage intérieur propre au fantastique, le voyage spatial cher au space opera, ou le voyage initiatique des récits de fantasy !
 

ActuSF : La Suisse est le pays à l'honneur du festival. Qu’est-ce qui vous a décidé à mettre en avant l’imaginaire helvète ?

Stéphanie Nicot : La première anthologie suisse2,  publiée en 1982, s’intitulait avec humour L’Empire du milieu ; depuis, le dynamisme de la science-fiction suisse, en particulier romande, ne s’est jamais démenti, entre anthologies, romans, expositions, etc. Eh oui, à deux pas de chez nous, un pays frontalier a une incroyable richesse littéraire à offrir : clubs SF, revues, anthologies, maisons d’édition, artistes en tous genres. Et des écrivains, bien sûr.  Nos invités – Georges Panchard, François Rouiller, Sillig, Laurence Suhner, et Jean-François Thomas – symbolisent cette diversité. On notera cependant, hormis Sillig qu’on peut difficilement résumer à un seul genre, que ce sont tous des auteurs de SF. Pourquoi la Suisse produit-elle quasi exclusivement des auteurs de science-fiction, et presque pas de fantasy ? Nous poserons évidemment la question à nos invités à l’occasion du café littéraire spécial suisse !

ActuSF : Qui est cette année le coup de cœur des Imaginales ?
Stéphanie Nicot : Aurélie Wellenstein. Auteure déjà récompensée par le Prix Elbakin.net 2016 pour Les Loups chantants (également en sélection pour le Prix Imaginales des collégiens 2017), elle s’est imposée en quelques ouvrages comme une valeur sûre de la fantasy : Chevaux de foudre, Le Roi des fauves, qui avait fait forte impression et vient de ressortir en poche, ou son nouveau roman, La Mort du temps.
 

ActuSF : Julien Delval réalise l’affiche de cette 16e édition. Les Imaginales ont déjà une grande et longue histoire avec cette illustrateur / dessinateur n’est-ce pas ?
Stéphanie Nicot : J’ai toujours adoré le travail de Julien Delval. Pour moi, c’est l’un des tout meilleurs dans le domaine de la fantasy épique. La preuve : je lui ai acheté les originaux des deux premières anthologies que j’ai réalisées pour les Imaginales et les éditions Mnémos : Roi & Capitaines et Magiciennes & Sorciers (2009, 2010)3.  Il a également réalisé la couverture de l’anthologie de 2011, Victimes et Bourreaux. Stéphane Wieser et moi-même avions déjà évoqué avec lui notre intention de lui confier l’affiche du festival, et cela s’est fait cette année, pour Destinations.

ActuSF : J’imagine que nous retrouverons une exposition des œuvres de Julien Delval à la Maison du Bailli. Y en aura-t-il d’autres de prévues ?
Stéphanie Nicot : La tradition qui consiste à accueillir l’auteur de l’affiche du festival à la Maison du Bailli sera respectée. Je citerai également l’exposition de Plonk et Replonk, à la BMI, « La face cachée de la Suisse » (du 16 mai au 26 août 2017), et celle de Jacques Lélut au Planétarium d‘Épinal. Toutes ces expositions, et bien d’autres concoctées sous la houlette enthousiaste de Stéphane Wieser, le directeur du festival, feront l’objet d’un véritable parcours dans la ville.
 

ActuSF : Que nous réservent cette année les Imaginales maçonniques et ésotériques ?
Stéphanie Nicot : C’est un partenariat précieux. On y retrouvera des invités plébiscités les années précédentes, comme Laurence Vanin, de nouveaux venus à découvrir, et des universitaires spécialistes de l’imaginaire, comme Georges Bertin ou Lauric Guillaud. Je ne peux pas tous les citer, mais je vous incite à aller sur le site des IME pour y consulter le programme qui vous sera proposé au Temple maçonnique.
J’ajoute que plusieurs intervenants IME participeront aux cafés littéraires et tables rondes des Imaginales, et que des invités non maçons interviendront au Temple. Là encore, le maître-mot des Imaginales : échange et ouverture !
 

ActuSF : Le jeu a sa place aux Imaginales maintenant, tout comme le conte et le cinéma. Vous pouvez nous toucher un mot de ces trois activités qui ont des lieux dédiés pendant le festival …
Stéphanie Nicot : Le cœur battant des Imaginales reste et restera le livre et l’écrivain. Mais, d’année en année, le festival s’est étoffé, intégrant peu à peu le jeu, le conte, le cinéma, et les spectacles.
Ce sont les signes, nombreux, d’une ouverture du festival à toutes les formes culturelles qui peuvent s’exprimer autour des mondes de l’imaginaire. Consultez régulièrement le site du festival (qui se relookera courant avril) pour ne rien rater.

ActuSF : De nombreuses nouveautés étaient apparues l’an dernier (le pôle Sciences et fictions, la reconstitution historique ...). Les retrouverons-nous cette année ? Y en aura-t-il d’autres ?
Stéphanie Nicot : Le succès des troupes de reconstitution historique ne se dément pas. J’en profite d’ailleurs pour saluer ces bénévoles enthousiastes qui nous apportent une touche culturelle et ludique à la fois ; c’est un vrai plus pour les Imaginales. Les deux pôles présents l’an dernier, Science et fiction et Histoire et imaginaire seront donc là, et même renforcés. D’ailleurs, nous aurons cette fois … quatre Magic Mirrors : il n’y a pas de changement pour les deux premiers, qui continueront à héberger les cafés littéraires, et le troisième accueillera les conférences et tables rondes autrefois dévolues à l’Espace Cours. Quant au quatrième, il est réservé au pôle Histoire qui sera présent en force cette année.
 

ActuSF : Y aura-t-il encore une master class sur l'écriture ? Toujours animée par Lionel Davoust et Jean-Claude Dunyach ?
Stéphanie Nicot : on ne change pas une formule ni une équipe qui gagne ! Lionel et Jean-Claude animeront la Master class consacrée à l’écriture et à la publication mercredi 17 mai. Les inscriptions sont encore ouvertes ici.
 

ActuSF : Y aura-t-il des thèmes mis en avant cette année dans les tables rondes ? Des focus particuliers sur des artistes ou des éditeurs, peut-être ?
Stéphanie Nicot : le thème est connu : Destinations. Mot-valise, polysémique, ouvert sur le(s) monde(s), tout concourt à donner de l’ampleur à cette édition des Imaginales. C’est un thème qui se décline aussi bien en fantastique (voyage intérieur), qu’en science-fiction (voyage spatial ou temporel), ou en fantasy (voyage initiatique). On parlera aussi de nations et de destins, ceux des êtres humains et ceux des peuples. Au-delà du thème de l’année, la richesse de l’imaginaire s’exprimera de multiples façons. Nos rendez-vous habituels avec les éditeurs seront là : speed dating auteurs-éditeurs (il est temps de s’inscrire, les places étant limitées), présentation d’une maison d’édition par elle-même (Gulf Stream cette année), débat sur la place des agents littéraires et table ronde autour de l’appel à des « États Généraux de l’imaginaire », que Stéphane Wieser et moi-même avons signé avec enthousiasme …
 

ActuSF : Pour conclure, pouvez-vous nous révéler une des surprises de cette édition 2017 ?
Stéphanie Nicot : À compter de 2017, l’anthologie des Imaginales change de formule. Toujours publiée par Mnémos, elle est désormais bâtie autour de la thématique du festival, et en reprend l’affiche. Destinations, que je pilote avec bonheur, continuera à donner la priorité à la fantasy, mais les autres genres de l’imaginaire, en particulier la SF, y ont aussi leur place. Et deux écrivains suisses (François Rouiller et Jean-François Thomas) y représenteront cette année le pays invité.
Nous commencerons aussi, modestement, à mettre en place (à l’Espace Cours) un pôle BD appelé à s’élargir les prochaines années.
J’ajoute que l’édition 2017 accueillera de nombreux invités étrangers : Tom Hillenbrand (Allemagne), Leandro Avalos Blacha (Argentine), Éric Gauthier, Ariane Gélinas, et Jonathan Reynolds (Québec), et Andri Snaer Magnason, écrivain islandais couronné en 2016 par nos amis du Grand prix de l’Imaginaire. Nous mettrons aussi en avant les nouvelles plumes anglo-saxonnes comme Catherynne M. Valente (Prix Imaginales jeunesse 2016) ou Sofia Samatar (Word Fantasy Award et British Fantasy Award, nominée au Prix Imaginales 2016). D’autres auteurs anglo-saxons, et pas des moindres, seront là également : Bradley R. Beaulieu, Jim C. Hines, Scott Lynch, James Morrow, Christopher Priest, Jo Walton4  ! Pas mal, non ?
 

1 : La magie puissante de nos chamans n’y est évidemment pas pour rien …
2 : J’ai à cette occasion une pensée pour l’anthologiste, Roger Gaillard, journaliste passionné de SF et premier conservateur de la Maison d’ailleurs.
3 : Présentées aux Imaginales avec la mention « collection privée Stéphanie Nicot », ce serait d’un chic… ;-)
4 :  Son café littéraire en solo sera animé par Hubert Prolongeau, journaliste à Télérama.
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