- le  

Ioen

Christophe Bec (Scénariste), Iko (Dessinateur), Digikore Studios (Coloriste)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 31/07/2009  -  bd
voir l'oeuvre
Commenter

Ioen

Christophe Bec est un artiste protéiforme et productif, puisqu’il est à la fois scénariste et dessinateur de bande dessinée. Après des études de bande dessinée à Angoulême, il a participé, tantôt du côté du crayon, tantôt du côté de la plume, à plusieurs séries telles que Dragan, Sanctuaire, Bunker, Le Temps des Loups, Carême, Pandémonium, Prométhée ou Carthago. Pour ce Ioen inaugurant une nouvelle série chez Soleil, il officie au scénario, laissant le dessin à Iko, prometteur dessinateur napolitain né en 1974.

Incandescence et scories

« Un seul viendra par siècle, dans une armure de glace, tenant dans ses mains vengeresses notre salut ».

Telle est la prophétie régissant le monde dans lequel se déroule le cycle Ténèbres. Un monde où les Créatures – une espèce de dragons géants, à la gueule lorgnant un poil plus vers l’allosaure tout de même – règnent en maîtres. Un siècle avant le début de l’histoire, un chevalier est parti les combattre et a disparu dans leur antre, sonnant en apparence le glas de leurs forfaits. Il faut croire que ce n’était là qu’un répit, puisqu’elles reviennent terroriser la population à grands coups de déflagrations d’amour, soumettant le monde à l’ignition. Autrefois fertile, le royaume n’est plus qu’un chaotique amas de scories, de volcans en couve, de rivières de laves, et de fumerolles en pagaille. Et si personne n’arrête les Créatures, ce décor apocalyptique risque de s’étendre au monde entier.

Tandis, que dans le bastion à contrefort de montagne où règne le souverain, celui-ci tente de remotiver ses lieutenants abattus par l’immensité de la tâche, dans les plaines encore fécondes, un gamin d’un village survit à l’incendie ravageant son foyer. Les flammes lèchent son corps mais il n’en garde aucune séquelle. Et il se trouve que ce petit Ioen se révèle d’une force et d’une habileté incroyables, et commence à mettre ses talents à l’épreuve dans un tournoi de sagaie, tandis que l’armée enchaîne les déroutes face des créatures demeurant littéralement invincibles…

Un scénario classique d'heroic fantasy, et un dessin de qualité

Telle est, en quelques mots, l’histoire relatée dans le premier tome de ce nouveau cycle, guignant vers une heroic fantasy mâtinée de dark fantasy… L’ambiance est sombre de bout en bout – les couleurs sombres sont de sortie, les maîtres d’armée désespèrent, les batailles entre l’humanité et les créatures font rage, les cadavres se comptent par centaines et les sourires sur les doigts du sabot d’un cheval – mais s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux adultes – à cet égard, Christophe Bec explique qu’il a écrit cet ouvrage pour l’ado qu’il était ; ce qui explique sûrement le fait que cet album soit résolument à part dans sa production.

Le trait est efficace et équilibré. Les couleurs, adaptées et d’une remarquable cohérence, dévoilent une palette de couleurs sombres – tempérées par quelques scènes en montagne d’une blancheur immaculée – et quelques effets pyrotechniques réussis. En somme, la partie graphique de ce premier tome est de très bonne qualité – et j’attribue une mention spéciale aux diverses créatures ainsi qu’aux décors.

Le récit se révèle maîtrisé quoiqu’un peu épars, ce qui ne constitue pas un défaut ici puisqu’il nous permet d’appréhender les recoins du royaume, et les trames simultanées relatives à Ioen, au roi et à la lutte contre les créatures. Et s’il ne brille pas par une originalité flamboyante – prophétie, ambiance apocalyptique digne du Mordor, royaume en fin de vie, dragons, gamin prodige… et une esthétique à plusieurs reprises très proches du Seigneur des Anneaux – le tout est suffisamment bien troussé pour emporter l’adhésion au final. Un premier tome qui se laisse lire sans aucun déplaisir, distille quelques pistes intéressantes pour la suite – les météorites incandescentes du tout début qui n’ont… pas tout-à-fait la tête d’une météorite ; un outillage assez étrange caché par le paternel d’Ioen en plein milieu de la forêt, et quelques éléments de décor assez… inhabituels dans un antre de dragons !

Affaire à suivre

Il est difficile – et sans doute peu souhaitable – de juger, en bien ou en mal, un cycle sur ses fondations. Pour résumer, disons qu’il s’agit d’un scénario efficace, aux influences manifestes, mais finalement très convenu, servi par un dessin qui détonne. Quoiqu’il en soit, Ténèbres est une affaire à suivre, et peut se révéler un très bon cycle si Christophe Bec s’affranchit un peu plus du carcan des influences pour quérir deux trois dosettes d’originalité supplémentaires. Rendez-vous au tome 2 pour quelques éléments de réponse.

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?