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Islandia

Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 28/02/2007  -  bd
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Islandia

Marc Védrines est né en 1971. Il a travaillé comme dessinateur sur la série Phenomenum (Glénat). Islandia est sa première série comme scénariste et dessinateur. Sa bonne connaissance de l’Islande, où il se rend régulièrement, s’impose comme principale source d’inspiration de ce cycle.

Poursuite de la quête initiatique

Revoilà Jacques, les pieds fatigués par de longues heures de marche solitaire dans la campagne islandaise. Le jeune homme a mis cap à l’ouest, en direction des fjords, région reculée, idéal refuge pour les êtres en fuite. Accompagné d’un fugitif peu engageant rencontré sur la route, Jacques débarque sur les rives de l’Öxara et tente de s’intégrer en travaillant à la construction de la charpente d’une famille du cru. Mais Jacques, on s’en doutait, a d’autres motivations que la menuiserie : il veut retrouver les lieux qui le hantent dans ses visions et ses dessins, auxquels il se sent lié irrésistiblement. Jacques veut comprendre, se libérer. Ironie du sort, il découvrira à ses dépens qu’il existe plusieurs façons d’envisager l’exorcisme sur une terre où le démon des croyances ancestrales fait encore autorité.

La vie dans les campagnes islandaises au XVIIème siècle

La qualité principale du premier tome n'est pas démentie ici : Marc Védrines propose un scénario documenté, aux données relativement précises, et continue de nous faire découvrir à travers le regard de son héros un pan de la culture et de l’histoire islandaises. Nous voici donc plongé en pleine chasse aux sorcières dans un 17ème siècle marqué par la survivance des lois médiévales. La première planche opère ce rapprochement fondateur pour la suite de l’histoire et capital pour la compréhension de la démarche de l’auteur : en choisissant comme incipit de ce tome un déroulé rapide de la tradition des mises à mort sur un lieu sacré des fjords de l’ouest, Védrines pose d’emblée l’importance de la dimension informative dans son récit.

Un récit et un dessin trop prévisibles

Malgré cette qualité d'ancrage historique, quelque chose patine, sans doute parce que les ficelles sont un peu grosses : mises à mort donc, bûchers, apocalypse, oiseaux de mauvaise augure (au propre comme au figuré), gros plans sur les faciès de gros méchants, l’auteur cherche à créer un climat de violence menaçante ou en acte avec des ingrédients un peu trop prévisibles. Le ton est donné : c’est une terre obscurantiste qui nous est présentée, et malheureusement la peinture du peuple et de ses croyances n’y est guère originale. Il suffirait de remplacer les fjords par les montagnes du massif central ou les grands causses de notre Sud Ouest pour nous livrer un déjà-vu quelque peu irritant. Dans ce contexte, on imagine aisément que le jeune héros est toujours autant – et invariablement- frappé par la guigne, irrémédiablement poursuivi par son statut d’étranger – dont – il – faut –se – méfier. On retrouve donc les éternels plans sur son regard de pauvre bête effrayée, obsession déjà par trop présente dans le tome inaugural, et cela ne peut que tenir le lecteur à distance de l’intrigue et des émotions censées être suscitées. Le problème vient aussi de la palette d’expressions des visages décidément trop réduite : les autres personnages n’échappent pas à la gamme de la terreur, de la menace et de la suspicion. Le contraste manque indubitablement pour pouvoir faire adhérer le lecteur sur la longueur. Le tout donne un résultat agaçant doublé d’un sentiment de déjà-vu malgré les rebondissements à la pelle, et cela est soutenu par le classicisme du dessin et son manque de variété. Les personnages jeunes se ressemblent tous. Le héros, la sorcière et le personnage féminin issu du premier tome pourraient être frères et sœurs. Un peu gênant.

Malgré le choix d’un espace original comme lieu du déroulement de l’action, ce deuxième tome freine l’adhésion du lecteur par un manque d’originalité esthétique et par des ingrédients trop prévisibles. La saveur est fadasse.

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