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ITW Anne Martinetti
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ITW Anne Martinetti

Actusf : Comment est née l’idée de cette collection Frisson ? Qu’aviez-vous envie de faire ?
Anne Martinetti : Je suis une passionnée de littérature populaire, pour ne pas dire de genre. J’ai toujours voulu rendre hommage à ces romans qui m’ont fait frémir durant mon enfance et mon adolescence. Ce rêve, je l’ai accompli pour partie aux éditions du Masque, pendant près de dix ans. Mais il s’agissait alors, uniquement, de littératures policières. En arrivant chez Gérard de Villiers, il m’a semblé opportun de proposer un écrin pour les plus grands textes de l’effroi. L’idée a retenu toute l’attention de Gérard de Villiers et le projet est devenu réalité. Premiers invités : les vampires !
La chaîne Ciné+ Frisson s’est adossé naturellement à ce nouvel espace éditorial, complétant un dispositif destiné à toucher un public adolescent, ou young adult, le mot est à la mode, et le site vampirism.com nous a également soutenu, en organisant des concours et en nous offrant de la visibilité (bannières, chroniques…)
 
Actusf : Comment choisissez-vous les titres que vous éditez ?
Anne Martinetti : Le concept est simple : éditer dans l’ordre chronologique les textes majeurs de la littérature vampirique. Le choix se fait donc en fonction de la dimension et de l’impact « historiques » des textes. Le but est de rassembler une « matière » vampirique. Une somme de toutes les peurs, en quelque sorte ! Parfois, nous nous accordons de petits plaisirs, telle la traduction d’un texte inédit de John Stagg, le barde aveugle de Wigton, intitulé The Vampyre, ou la publication du Vampire d’Angelo de Sorr, un auteur que les journaux de l’époque se sont amusés à tuer deux fois.
 
Actusf : Quels sont les premiers retours quelques mois après le début de la collection ? Comment trouve-t-elle sa place par rapport à la déferlante Bit Lit ?
Anne Martinetti : La collection s’est bien installée sur les différents réseaux du groupe Hachette, qui nous distribue. Elle a rencontré, je crois, deux types de public : une jeunesse fan de Bit lit, en recherche de profondeur de champs et des afficionados, heureux de trouver enfin une collection compilant les meilleurs romans vampiriques.
J’ajoute qu’une des raisons des résultats positifs tient aussi au choix d’offrir le plus de textes possibles pour le prix d’un poche.
 
Actusf : Il y a de très grands noms de votre collection, Alexei Tolstoï, John William Polidori, Alexandre Dumas... Leurs vampires ont-ils des points communs ?
Anne Martinetti : Ce qui est très intéressant lorsqu’on analyse les textes dans leur ordre chronologique de publication, c’est l’évolution de la figure vampirique. Les emprunts successifs d’un auteur à l’autre qui modèlent le visage du vampire moderne, jusqu’à son ultime expression : le Dracula de Bram Stoker. Le mythe est si puissant au XIXe siècle, que nombre d’auteurs se sont appropriés sans vergogne les avancées de leurs confrères. Finalement, cette intertextualité a abreuvé et nourrit le vampire qui en est sorti plus fort, plus éternel que jamais.
 
Actusf : Y a-t-il des différences avec la Bit Lit d’aujourd’hui ?
Anne Martinetti : Pas tant qu’on pourrait l’imaginer. La bit lit, rappelons-le, est un génial concept marketing français inventé et breveté par les éditions Bragelonne. Il couvre le nouvel espace de la littérature fantastique. Une dimension modernisée et sentimentale, où les protagonistes, monstres compris, sont en prise ou en conflit avec notre époque. Les textes fondateurs de la littérature vampirique s’attachaient déjà à mettre en résonnance vampire et société, notamment victorienne. Le romantisme était présent, la charge érotique également. Finalement, le vampire est une créature qui est né moderne.
 
Actusf : On a l’impression que de nombreux auteurs ont écrit sur les vampires. Pour quelles raisons selon vous ? Qu’est-ce qui fait que ce mythe est si puissant qu’il traverse les siècles ?
Anne Martinetti : La puissance du vampire, il la tire de son éternité. De cette malédiction qui séduit et terrifie à la fois. Si autant d’auteurs ont versé leur contribution au genre vampirique, c’est peut-être parce que cette créature synthétise à elle seule tout l’enjeu de l’existence : le combat permanent entre Eros et Thanatos. On ne peut tuer le vampire qu’au prix de terribles prouesses, et en l’aimant on risque le grand frisson, mais aussi la mort. Il a donc, à mon avis, de belles nuits devant lui !
 
Actusf : Quels sont les prochains titres à venir dans Frissons ?
Anne Martinetti : Nous allons publier La Ville-Vampire (ou bien le malheur d’écrire des romans noirs) de Paul Féval père. Un délire grand-guignolesque qui élève le pastiche au rang d’art, mais qui comprend également un aspect gothique très prononcé ! Puis Lokis, de Prosper Mérimée.
 
Actusf : Parlons un peu de Blade maintenant. Vous relancez la série avec deux nouveaux volumes en mai et en juin. Pour quelles raisons ? Quels sont les atouts de Blade
Anne Martinetti : Blade est un personnage fictionnel du type : « Voyageur missionnaire ». Ses aventures s’apparentent au mythe. Comme au cinéma, c’est le genre le plus apprécié. Chaque histoire étant indépendante, nul n’est besoin de lire les 200 volumes dans l’ordre.
N’importe qui peut piocher un exemplaire au hasard dans un kiosque de gare, et en profiter sur-le-champ sans être perdu. Au même titre que les séries télévisuelles, le lecteur se retrouve dans un « contenant connu » (structure et paramètres). On pourrait comparer b, par exemple, à « Stargate SG-1 », à Sliders, ou encore, plus kitsch, à Code Quantum !
Le moteur de curiosité est : dans quel monde Blade va-t-il atterrir ?
Ancien ? Futuriste ? Quels seront les différences notoires avec notre monde réel du XXIe siècle. (tout le « sel » de la série est là !).
Chaque univers étant très différent, le lecteur bénéficie de ses repères habituels de « structure » et profite du voyage !
 
Actusf : Que pouvez-vous nous dire sur ses prochaines aventures ?
Anne Martinetti : Une volonté de retour aux origines de la série : l’Heroic Fantasy. Les deux opus à venir, 205 et 206, prennent pour référence l’esprit des cinquante premiers romans de la collection.
Pour vous citer quelques analogies cinématographiques, on se retrouve dans des mondes inspirés de films tels que « Excalibur », « Conan, le barbare », « Robin des bois » ou « Gladiator ».
L’objectif : vous entraîner dans un épique récit d’aventures, de fureur, d’héroïnes envoutantes, de tyrans sanguinaires et d’animaux étranges. Un peuple en lutte pour sa liberté, des ennemis redoutables, une armée de lions bleus ailés dotés d’une triple mâchoire et bien d’autres choses encore...
Le tout teinté d’humour et de modernité. Dépaysement garanti !
Une façon de renouer avec les origines de la série qui ont engendré le succès qu’on connaît.
 
Actusf : Comment avez-vous choisi et qui est Pascal Candia ?
Anne Martinetti : Pascal Candia est, à l’origine, un auteur de polars.
Son quatrième roman « Au-delà du périf » a été retenu en 2011 pour ouvrir la nouvelle collection « Régiopolice » aux éditions Sirius. Je me suis rendue compte, lors de nos premières rencontres, qu’il était amateur d’un grand nombre de collections Gérard de Villiers.
Etant également fan et lecteur de Science-fiction, il lisait Blade depuis plus de trois décennies et en maîtrisait parfaitement les codes et composantes. A ce titre, je lui ai proposé de faire un essai. J’ai été enthousiasmée par le résultat. Au fur et à mesure de la rédaction, l’enthousiasme n’a cessé de grandir du « côté auteur », comme du « côté éditeur ». Nous avons donc décidé de continuer à développer cette aventure sur deux volumes. Le résultat devrait plaire à un public très large, adulte comme adolescent.
 
Actusf : Comment le personnage a-t-il évolué au fil des années et a-t-il toujours autant de lecteur ?
Anne Martinetti : Afin de renouveler en permanence l’attractivité de la série, de multiples pistes ont été explorées au cours des années. C’est ainsi qu’une foule de variantes du « Fantastique » ont été visitées : anticipation, science-fiction, horreur, heroic fantasy, vampires, dark fantasy, etc.
De nombreux auteurs ont relevé le défi d’endosser la signature de Jeffrey Lord. A chaque fois, ils y ont apporté leur univers, leur sensibilité et leur propre touche. A ce titre, le personnage de Richard Blade n’a jamais cessé d’évoluer, avec de menus changements permanents, en fonction de la personnalité de chaque auteur. Un peu comme pour « le Poulpe », dans la catégorie polars. Le tout avec plus ou moins de succès, mais un important lectorat central de « fidèles », d’où un retour aujourd’hui aux fondamentaux de la série qui ont fait son succès.

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