ITW Audrey Petit la rentrée 2012

Actusf : Le contexte général semble morose en librairie. Dans quel état d'esprit abordes-tu les mois qui viennent ? 

Audrey Petit : C'est une période paradoxale. La situation n'est pas simple en librairie, avec une véritable baisse des ventes moyennes, plus de difficultés à réassortir et des retours plus rapides. Il est devenu extrêmement compliqué de lancer un nouvel auteur, une nouvelle série. Et en même temps nous avons fait une bonne année au Livre de Poche sur les genres, avec une progression à date à deux chiffres, grâce au fonds mais aussi à des titres porteurs comme le premier roman inédit de la série The Walking Dead, Le Livre perdu des sortilèges de Deborah Harkness (qui a décollé dès sa parution et qui continue de super bien marcher !) et bien sûr Bilbo le Hobbit... Les chiffres devraient donc encore progresser. En grand format, le constat est plus nuancé (voir plus haut sur la difficulté à lancer des auteurs), même si la nouveauté de Deborah Harkness, L’École de la nuit, commence très bien en librairie et qu’il vient de rentrer dans le top du Livres Hebdo.

 

 

Actusf : Ça veut dire qu'il y a une sorte de « prime » aux romans qui marchent bien ? 

Audrey Petit : Si on veut, oui, une « best sellerisation » de certains auteurs. Pourquoi ? La qualité du roman, la notoriété de l'écrivain, l'accueil au début de la mise en vente du livre, l'attente du public à un moment donné, etc. ? De nombreux éléments entrent en ligne de compte. Une adaptation ciné ou télé, si elle est réussie, garantie généralement le succès. Sauf que notre métier, au-delà de ce paramètre souvent difficile à apprécier, c'est de faire des paris sur des auteurs et des histoires. Quant à essayer de « capter » les nouvelles tendances, oui, bien sûr mais tout ça est aussi très poreux. Le contexte nous incite donc à la prudence dans nos choix, et à faire un peu un travail d’orfèvre.

 

 

Actusf : On peut dire que c'est la même situation en poche qu'en grand format ? 

Audrey Petit : Disons qu’il est un peu plus simple de vendre des titres au format poche. Le risque pour le lecteur et son portefeuille est moindre. C’est en tout cas ce qu’on me dit quand je discute avec les lecteurs lors des dédicaces et des rencontres.

 

 

Actusf : Parlons un peu de tes titres à venir. Premier grand rendez-vous, L’École de la nuit de Deborah Harkness...

Audrey Petit : Il est paru le 12 septembre. L’École de la nuit est la suite directe du premier, Le Livre perdu des sortilèges. On retrouve les deux héros à l'endroit exact où on les avait laissés à la fin du premier volume. Difficile donc de t'en dire plus sans dévoiler l'intrigue, mais disons que pour échapper à leurs poursuivants et étant donné qu’ils ne peuvent être en sécurité nulle part dans l’espace... ils vont fuir dans le temps. Un indice : Deborah Harkness est professeur d’histoire à l’Université de Californie du Sud, spécialisée dans l’époque élisabéthaine et a notamment beaucoup travaillé sur l’émergence des sciences à cette période. Et on retrouve bien sûr l'histoire d'amour et la quête du manuscrit perdu, qui tient bien en haleine.

 

 

Actusf : Olium de Brian Herbert et Kevin J.  Anderson sort en octobre...

Audrey Petit : On connaît surtout ces auteurs pour les suites de Dune. Cette trilogie est leur nouveau travail à quatre mains. C'est un space opera qui fait un peu penser au deuxième film de la série Alien pour l’idée de la planète pénitentiaire. Cette planète, particulièrement hostile, regroupe les prisonniers politiques, ceux qui ont perdu jadis la guerre civile dans leur tentative de se rebeller contre le pouvoir. Un ancien général va prendre les choses en main et faire de l'endroit un lieu d'opportunités, parce que la planète possède un secret qui va changer la donne. C'est un space opera bien fait et très divertissant, très visuel aussi.

 

 

Actusf : On continue notre tour d'horizon avec Warbreaker...

Audrey Petit : Brandon Sanderson est un de nos auteurs emblématiques, et nous l’adorons. Orbit aura trois ans le 7 octobre, et Brandon a été l’un des premiers que nous avons publié et suivi. Ses intrigues sont taillées au cordeau, les révélations sont fracassantes et je suis convaincue que c’est aujourd’hui l’un de nos auteurs de fantasy les plus impressionnants que ce soit en termes d’histoire ou d’univers. Je suis également convaincue qu’il devrait fonctionner aussi bien que G.R.R Martin, et que ce serait pas mal, pour une fois, qu’un auteur soit lu à grande échelle avant que l’adaptation télé sorte, et que le gros des lecteurs comprennent que, etc. M’enfin :). Warbreaker est un stand-alone que l’auteur a écrit il y a quelques années, et dont nous avions différé la parution pour publier la trilogie Fils-des-Brumes dans la continuité. Vous pourrez le lire en octobre, en attendant le gros morceau, The Way of King, sur lequel transpire actuellement la traductrice attitrée de Brandon Sanderson, Mélanie Fazi. 

 

 

Actusf : Et puis il y aura aussi Sans cœur de  Gail Carriger...

Audrey Petit : Sans Cœur est le tome 4 et c'est de l’avis de pas mal de lecteurs le meilleur de la série, le plus truculent et le plus drôle – c’est dire. Le cinquième est prévu pour l'année prochaine. Gail Carriger devrait d’ailleurs venir à cette occasion en France. En 2014 nous publierons une autre série d’elle complètement barrée qui se passe au début du 19e (vous avez compris que je n’aime pas du tout ce siècle), et puis il y aura encore une autre série qui mettra en scène la fille d’Alexia Tarabotti. Bref, quand on aime on ne compte plus, et on fournit !  

 

 

Actusf : Et pour 2013 ? 

Audrey Petit : Nous réduirons un tout petit peu le nombre de parutions en grand format, parce que des cycles se terminent. Mais nous aurons de nouveaux auteurs. Il y aura quelque chose autour des zombies avec la sortie de World War Z au cinéma mais aussi la publication d'un nouvel auteur sur le genre. Et puis toujours du Gail Carriger et du Brandon Sanderson.

En janvier, nous allons publier la nouvelle série de Melissa de la Cruz, un auteur déjà très connu en France, qui cartonne ici comme aux US, et qui a une façon assez incroyable et ultra efficace de raconter une histoire. La série comporte quelques passages un peu sulfureux, même si nous n’avions pas anticipé, quand nous l’avons acheté, la vague porno-soft actuelle. 

Un mot du poche puisque va bientôt sortir le deuxième roman inédit de la série The Walking Dead. Il s’intitule La Route de Woodbury et il sera en librairie à la mi-octobre, soit à peine quelques jours après sa parution aux États-Unis, et à peu près en même temps que la diffusion de la saison 3 à la télé, celle qui met en scène le Gouverneur. Alors que le premier, L’Ascension du Gouverneur, racontait comment Philip Blake était arrivé à Woodbury, ce deuxième roman déroule l’histoire d’une jeune femme qui va fuir la banlieue d’Atlanta pour échapper à l’invasion Z et qui va remettre en cause le pouvoir du Gouverneur. Une idée pas que bonne, comme tu t’en doutes !