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ITW Barbara Bessat-Lelarge sur Castelmore
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ITW Barbara Bessat-Lelarge sur Castelmore

Actusf : Comment est née l’idée Castelmore ? Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire une maison d’édition pour les adolescents ?
Barbara Bessat-Lelarge : J’ai été libraire jeunesse pendant dix ans. Les lecteurs, passé l’âge de 12-13 ans, parcouraient la sélection ado et regrettaient de trouver beaucoup de récits réalistes et peu d’imaginaire par rapport au rayon pour les 9-12 ans. En général, les textes pour 9-12 ans mettent en scène des enfants, et d’un coup, s’ils voulaient de l’imaginaire, il fallait passer au rayon science-fiction et fantasy, et lire des récits avec des héros adultes. Le souci, c’était de rester en adéquation avec le lecteur, pour qu’il puisse s’identifier aux personnages dont il suit les aventures.
C’est à partir de ce constat que je me suis dit qu’il était possible de proposer plus de textes aux ados répondant à ces deux critères : de l’imaginaire, et des héros qui aient les mêmes préoccupations qu’eux.

Actusf : Y a-t-il des liens avec Bragelonne ou est-ce une maison totalement indépendante ?
Barbara Bessat-Lelarge : Castelmore est un label à part entière, dont Bragelonne est un partenaire précieux. Je choisis moi-même quels titres paraîtront au catalogue, et nous ne travaillons pas sur les textes de la même façon que Bragelonne. Leur équipe me soutient dans ma démarche, et me fait profiter de son savoir-faire : c’est un atout, et je sais que je peux compter sur eux. Mais Castelmore est un territoire indépendant.
 
Actusf : Quelle est la ligne éditoriale ? Comment as-tu choisi tes premiers titres ?
Barbara Bessat-Lelarge : Nous allons publier de l’imaginaire au sens large. Du moment qu’il y a du fantastique et des héros adolescents/jeunes adultes, ça m’intéresse. Ensuite, savoir s’il s’agit de fantasy, de vampires, loups-garous, dragons, zombies, momies, démons, sorciers, nécromanciens ou survivants de l’apocalypse, peu importe : en jeunesse, les genres s’entremêlent et se réinventent en permanence.
Je choisis en fonction de mes coups de cœur : Démons m’a fait rire, L’Épreuve m’a fait l’effet d’un coup de poing dans l’estomac et Vampire Academy m’a piégée par son efficacité (j’ai lu les cinq premiers tomes en VO à la suite…).
 
Actusf : Peux-tu nous les présenter et nous dire pourquoi tu as choisi chacun d’eux ?
Barbara Bessat-Lelarge : L’Épreuve, le premier tome de la trilogie Le Prix de la magie, de Kathleen Duey, a été un coup de cœur, tant au niveau de l’écriture que de l’ambiance pesante. On suit deux histoires en parallèle. D’un côté, il y a Hahp, un jeune apprenti magicien. L’école où se déroulent ses cours n’a rien à voir avec Poudlard : il s’agit d’une caverne creusée dans une falaise, et s’il n’arrive pas à faire apparaître sa nourriture par magie, il mourra de faim. De l’autre, on trouve Sadima, une jeune fille capable de communiquer avec les animaux, qui va rencontrer deux jeunes magiciens. La réflexion sur la magie et le pouvoir est bien menée, et la relation entre les apprentis magiciens et leurs professeurs est intéressante et montre bien la perte d’innocence dans la prise de conscience de la faillibilité des adultes.
 
Démons de Royce Buckingham est drôle et très visuel, et m’a fait penser à un film d’animation Pixar. Les démons du chaos sont très attachants, avec un côté Gremlins incontrôlable. Nat, le héros, est gardien de démons débutant. Son mentor, avant de disparaître, lui avait dit qu’il ne devait pas approcher de filles car c’était source d’ennui. Mais Nat n’avait pas prévu que la jeune bibliothécaire allait faire voler ses bonnes résolutions en éclats… et à partir de là, les catastrophes vont s’enchaîner, le chaos va se répandre sur la ville et Nat va devoir remettre tout en ordre et camoufler les dégâts.
 
Vampire Academy de Richelle Mead met en scène deux vampires, la princesse Lissa et sa meilleure amie et garde du corps Rose. Elles se sont enfuies de l’académie pour des raisons assez mystérieuses, et y sont ramenées de force par les autorités. Dans le premier tome, on découvre ce qui les a poussées à partir et pourquoi elles ne sont pas en sécurité au sein de l’école. C’est le rythme et la personnalité affirmée des héroïnes qui m’ont séduite, ainsi que la cohérence de l’univers dans lequel Richelle Mead fait évoluer ses personnages.
 
Actusf : De quoi avais-tu envie pour Castelmore au niveau visuel ?
Barbara Bessat-Lelarge : Il faut que les lecteurs aient envie de prendre le livre dans leurs mains, alors le visuel doit les interpeller. Après, il n’y a pas de règle établie : selon l’ambiance des romans, ce sera soit de l’illustration, soit de la photo. Pour Démons, on a choisi de la 3D, parce qu’on trouvait que ça allait bien avec l’univers qui fait penser à un film d’animation.
 
Actusf : Il y aura de la Fantasy, du fantastique et de la bit-lit pour commencer. Y aura-t-il d’autres genres comme la SF ou le Cyberpunk à l’avenir ?
Barbara Bessat-Lelarge : Nous sommes ouverts à tous les genres. En jeunesse, ils se mélangent beaucoup : on peut trouver des éléments de fantasy et de science-fiction au sein d’un même texte. Il est tout à fait possible de trouver des fées qui chassent des vampires dans des véhicules à moteur vapeur (c’est un exemple). Nous aurons donc aussi des textes qui s’apparenteraient plus à de la SF, et ce dès le printemps 2011.
 
Actusf : Pour l’heure, il n’y a que des traductions. Y aura-t-il des français par la suite ?
Barbara Bessat-Lelarge : Oui. Plusieurs projets sont en cours avec des auteurs français, mais c’est encore trop tôt pour en parler.
 
Actusf : Quel regard portes-tu sur la bit-lit ? Quelles sont selon toi les raisons de son succès et est-il appelé à durer ?
Barbara Bessat-Lelarge : J’aime les histoires de vampires et la bit-lit en général. C’est du divertissement, et j’en lis comme je regarderais un épisode de série télé. J’aime les héroïnes qui n’ont pas froid aux yeux et qui savent se battre (au sens propre comme au sens figuré).
Je pense que ce succès est lié, pour ce qui est du public ado/jeunes adultes, au fait que les histoires ont un ancrage dans le monde réel, tel qu’on le connaît au quotidien, et que le lecteur s’identifie facilement aux personnages mis en avant. Les héros sont des ados, vont au lycée, tombent amoureux et doivent faire face à des questions existentielles sur la mort, l’éternité, le bien et le mal, et toutes les valeurs qu’on découvre à cet âge. Les situations sont extrêmes, les personnages mettent leur vie en jeu pour les idéaux auxquels ils croient et ont une destinée hors du commun. Ce sont des romans d’apprentissage, d’une certaine façon, et illustrent le passage de l’enfance à l’âge adulte. Je pense que la bit-lit pour ados a encore de beaux jours devant elle : les enfants grandissent et le lectorat se renouvelle en permanence. Mais elle va sûrement évoluer, et d’autres genres viendront agrémenter l’univers des vampires et des loups-garous : magie (on en trouve déjà dans Vampire Academy), technologie, etc.
 
Actusf : Comment lisent les ados d’après toi ? Qu’attendent-ils de leurs lectures ?
Barbara Bessat-Lelarge : Ils vont vers ce qui leur attire l’œil, ce dont parlent les autres au lycée, ce qui circule sur les réseaux sociaux… Ils veulent des histoires qui les feront rêver, mais qui ne les prennent pas non plus pour des idiots. Il faut du rythme, et un registre de vocabulaire adapté, notamment en bit-lit : si les dialogues sonnent faux, c’est éliminatoire, parce que les personnages perdent en crédibilité. Pour pouvoir s’identifier à un héros, il faut que celui-ci s’exprime avec les mots qu’un ado utiliserait aujourd’hui, mais sans tomber dans l’excès.
Au niveau des thèmes et des genres, les ados sont plus ouverts que les adultes. Ca ne leur pose aucun problème que les genres se mélangent. Au fur et à mesure, ils affinent leurs goûts, mais j’ai le sentiment que ce sont avant tout les personnages qui leur plaisent et auxquels ils vont s’attacher.
 
Actusf : Quel est ton planning de parutions ? Et quels sont tes projets ?
Barbara Bessat-Lelarge : Nous allons publier deux à trois titres par mois. L’idée, pour les séries en plusieurs tomes, est de procéder à une parution rapprochée, pour que les lecteurs n’aient pas à attendre six mois pour avoir la suite des aventures d’un héros qu’ils aiment. Pour Vampire Academy, les trois premiers tomes paraîtront en octobre, novembre et janvier, et la suite va arriver vite, pour que les lecteurs français n’aient pas trop longtemps à attendre avant d’avoir le dénouement par rapport à la sortie américaine.
Pour les projets, beaucoup de bonnes choses, des auteurs déjà connus pour adultes dont nous allons publier les titres qu’ils ont écrits pour un public ado, et d’autres écrivains qui n’ont jamais été publiés. Nous travaillons sur les sites de Vampire Academy et Castelmore pour une mise en ligne imminente, je vais participer à quelques salons et événements en France pour rencontrer les lecteurs et avoir leur ressenti sur les publications Castelmore.

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