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ITW Carola Strang
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ITW Carola Strang

Actusf : Petit bilan de santé pour commencer. Comment se porte le Pré aux Clercs ?
Carola Strang : Le marché est plutôt difficile cette année. Les lecteurs ont des budgets serrés et doivent faire un choix parmi beaucoup de nouveautés. Il faut redoubler d’efforts pour faire la différence. Mais nous sommes globalement contents pour les auteurs de fiction que nous soutenons, comme Sire Cédric, David Anthony Durham ou Mathieu Gaborit aujourd’hui. Le nombre de nouveaux romans que nous proposons est volontairement limité, c’est commercialement plus risqué, mais on veut vraiment se donner le temps et les moyens de défendre à fond chaque livre auquel on croit. Aujourd’hui, il y a en librairie beaucoup de livres interchangeables. L’ambition du Pré aux Clercs, c’est de donner à lire des auteurs singuliers, avec des univers forts, des écritures travaillées, des histoires étonnantes… bref, de vrais voyages dans l’imaginaire, sans que tout soit déjà balisé.
 
Actusf : Parmi vos nouveautés de la rentrée, il y a le nouveau roman de Mathieu Gaborit...
Carola Strang : Oui. Et nous en sommes très heureux ! C’est un retour attendu par ses lecteurs après une longue absence, ce qui n’est pas toujours facile à vivre pour un écrivain. Il a mis beaucoup de lui-même dans ce roman. Chronique du Soupir est un vrai roman de fantasy, mais aussi beaucoup plus… L’histoire se déroule dans un monde implacable où les fées règnent sur les destinées des hommes. L’héroïne est une combattante aguerrie mise à la retraite qui va devoir reprendre les armes pour sauver les siens. Et sous la plume épique et poétique de Gaborit, les combats ne se mènent pas qu’avec les lames, mais aussi avec les âmes. Préparez-vous à un tourbillon de tourments et de sentiments qui soufflent un vent nouveau. Et c’est toujours aussi superbement écrit.
 
Notre rentrée 2011 est nettement fantasy mais l’on fait aussi un retour au fantastique avec la complicité de Jean-Pierre Dionnet qui nous fait découvrir Ombre blanche de Clemence Housman, le premier récit de loups-garous. C’est un texte anglais de la fin du XIXème siècle qui est méconnu en France. La trame est simple : deux frères qui vont s'entredéchirer pour une femme qui se révèle être un loup-garou. C'est court, moderne, et redoutablement efficace.
 
Fin octobre, nous publierons le dernier tome d'Acacia de David Anthony Durham : L’Alliance sacrée. C’est un événement important, le livre sortira en français en même temps qu’en anglais. Toutes les promesses de cette trilogie sont tenues dans cet ultime volume qui comporte vraiment beaucoup de surprises... Résultat, c’est vraiment un grand roman fleuve de fantasy épique réussi qui mérite plus que le détour.
 
Et puis toujours du côté des romans, on retrouvera en novembre le tome final de la Trilogie Arthurienne de Claudine Glot et l’intégrale du premier cycle des Chroniques de Thomas Covenant de Stephen R. Donaldson.
 
Actusf : Petite question sur vos choix en fonction des dates. Est-ce que le mois de parution est important en fonction du livre ?
Carola Strang : Oui. Traditionnellement, nous sortons les albums illustrés et les livres de référence, comme le nouveau Traité de Sorcellerie d’Edouard Brasey, pour la période des cadeaux de Noël. Pour les romans, tous les choix sont possibles. Le mois de septembre s’est imposé pour le roman de Gaborit, pour l’installer comme un titre fort de la rentrée littéraire. Ensuite, les romans se succèdent au fil des mois pour créer un rythme de parution qui anime régulièrement les tables des libraires.
 
Actusf : La rentrée littéraire est un phénomène important... Est-ce que cela a des conséquences sur les littératures de l’Imaginaire ?
Carola Strang : Oui, mais avec des effets positifs et négatifs. Le positif, c’est qu’il y a plus de monde en librairie qui vient découvrir les nouveautés dont on parle partout, et qui passe aussi au rayon fantasy. La rentrée littéraire, c’est un moment fort et symbolique. Elle n’est pas vraiment identifiée en tant que tel en fantasy, mais on peut y créer l’événement. En revanche, la presse qui accorde déjà très peu de place au genre et à ces auteurs est encore plus sollicitée et plus difficile à mobiliser sur les romans de genre. Heureusement, il y a les nombreux sites internet, blogs et forums, comme ActuSF qui créent un vrai espace d’actualités, de critiques et de débats . Merci !
 
Actusf : On parle d’une crise en librairie depuis le début de l’année. La ressentez-vous ?
Carola Strang : La crise du livre, on en parle depuis des années…. Elle ne date pas d’hier, hélas ! Ce qui est plus préoccupant, c’est les fermetures de librairies indépendantes, qui sont pourtant vitales et même irremplaçables pour défendre la variété dans toutes les littératures, y compris de genre.
 
C’est vrai qu’on constate en fantasy depuis bientôt deux ans une baisse des ventes moyennes de chaque titre, alors que de nouveaux éditeurs sont arrivés et que le nombre de nouveautés a beaucoup augmenté. Il y a sans doute un peu moins d’intérêt pour le genre fantasy classique aujourd’hui qu’au moment de la sortie au cinéma du Seigneur des Anneaux. La sortie du film Bilbo le Hobbit l’année prochaine devrait redonner un coup de projecteur sur le genre, comme la série TV du Trône de Fer fait découvrir à de nouveaux lecteurs George R.R. Martin. Aux éditeurs ensuite de proposer les auteurs et les histoires qui renouvellent le plaisir de lire ces aventures, avec des romans un peu moins formatés, et de communiquer pour les faire connaître. La révolution du numérique arrive aussi. Nous proposons maintenant systématiquement les romans en format numérique. Mais ils ne remplacent pas le papier.
 
Actusf : Et que pouvez-vous nous dire sur vos parutions en 2012 ?
Carola Strang : C’est encore un peu trop tôt pour en parler... mais il y aura des romans à toutes les couleurs de la fantasy et du fantastique dès le printemps, et de grosses nouveautés en fin d’année.

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