Actusf : Êtes-vous un fan de zombies ?
Charlie Adlard : Je suis autant fan de zombies que de vampires ou de loups-garous, de films d’horreur, de science-fiction, de comédies… Je ne suis pas obsédé par les zombies, c’est ce que j’essaye de dire. Mais je les respecte en tant que sous-genre et je comprends les raisons pour lesquelles les gens les aiment. Je comprends parfaitement pourquoi ils occupent une place particulière dans le cœur des fans d’horreur.
Actusf : Vous êtes un fan de BD de longue date ?
Actusf : Vous êtes un fan de BD de longue date ?
Charlie Adlard : Oui. Je lis des BD depuis que j’ai 6 ou 7 ans. À cette époque je lisais essentiellement des BD Marvel, simplement car c’étaient les mieux distribuées. DC Comics et les autres éditeurs ne publiaient pas directement pour le marché anglais, contrairement à Marvel, même si c’étaient des réimpressions. C’était ce que je lisais lorsque j’étais enfant. Je lisais également Astérix ! J’ai donc eu des influences américaines et européennes en même temps. À l’âge de 7 ans, dans mon esprit, Marvel venait de New York et Astérix de France. L’influence de ces deux pays a contribué à développer mon style. À chaque fois que je viens en France, je repars avec plein de livres. J’adore cette industrie, en fait je la préfère à l’industrie américaine. Je la trouve beaucoup plus intéressante. C’est dommage, mon français est si mauvais que je ne peux pas le lire du tout !
Actusf : Pensez-vous que les zombies sont à la mode en ce moment ?
Actusf : Pensez-vous que les zombies sont à la mode en ce moment ?
Charlie Adlard : Oui. Même si les vampires aussi sont redevenus très à la mode, surtout avec Twilight où on voit des vampires horriblement méchants ou sexy ! Je ne sais pas pourquoi les zombies ont le vent en poupe en ce moment, contrairement à d’autres monstres ou genres. On dit que les zombies sont beaucoup plus que des morts-vivants sans visage errants. Je ne sais pas si les tourments de notre monde d’aujourd’hui nourrissent cet intérêt pour le genre (rire). À l’évidence, la beauté du genre zombie est que, si tu as une très bonne histoire de zombies, comme dans Walking Dead, et contrairement aux histoires de vampires ou de loups-garous, les monstres ne sont pas les personnages principaux. Cela parle d’autres thèmes, et au final les zombies sont les éléments les moins intéressants de toute l’histoire. C’est le cas pour tous les films, livres ou séries télé sur les zombies.
Actusf : Pensez-vous que Walking Dead aura une fin ?
Actusf : Pensez-vous que Walking Dead aura une fin ?
Charlie Adlard : Oui, je suis sûr qu’il y aura une fin un jour (rire). Ça pourrait être dans cinq, dix , vingt ou vingt-cinq ans. Qui sait combien de temps ? Disons que pour l’instant, c’est « en cours ». Comme Spiderman qui est toujours « en cours ». Il n’y a pas de fin. J’ai parlé avec Robert (Kirkman, l’auteur de Walking Dead, ndlr). Il m’a dit qu’il a une ébauche de fin qu’il pourrait insérer à peu près n’importe quand si nous avons besoin de mettre fin à la série, si elle ne se vend plus ou si nous nous lassons. Mais pour le moment nous ne nous lassons pas, nous voulons écrire et dessiner le plus de numéros qu’il nous est physiquement possible !
Actusf : Est-ce que c’est beaucoup de travail pour vous, Walking Dead ?
Actusf : Est-ce que c’est beaucoup de travail pour vous, Walking Dead ?
Charlie Adlard : Je travaille très vite. Je peux faire 22 pages et une couverture en deux semaines et demi ou trois. Si ce n’est pas trop compliqué, si c’est un livre qui ne met pas en scène des milliers de figurants et des scènes incroyablement compliquées. Le pire des scénarios – que j’ai eu à dessiner ! – serait une horde de zombies titubant dans la rue, cela prend beaucoup de temps. Mais si je représente deux personnes discutant dans une pièce, ou mieux dans une forêt ou un champ, il n’y a aucune perspective à dessiner, c’est rapide. Mais je suis naturellement rapide. Ce n’est pas parce que le livre doit être fini. C’est juste la façon dont j’ai toujours travaillé. Je préfère les esquisses impressionnistes, je les trouve plus vivantes. Même si elles donnent seulement l’impression d’être dessinées rapidement, il y a plus de vie en elles que dans les dessins d’artistes qui tracent des lignes très précises, très soignées. C’est le genre de choses qui me rebutent. Je préfère les choses belles et rapides, du genre « va va voum » ! (rire)
Actusf : Est-ce que vous intervenez l'un l'autre dans vos rôles respectifs avec Robert Kirkman ?
Actusf : Est-ce que vous intervenez l'un l'autre dans vos rôles respectifs avec Robert Kirkman ?
Charlie Adlard : Non. Il s’en tient au script et moi je m’en tiens au dessin. On respecte les compétences de chacun. Je ne lui dis pas « tu aurais du écrire cela de telle façon », et il ne me dit pas « tu aurais dû dessiner cela de cette manière », car il sait qu’il se retrouvera avec un crayon dans l’œil s’il commence à faire des commentaires ! Si, il y a eu une fois où j’ai dû modifier quelque chose, mais c’est parce que j’avais fait une erreur : j’avais dessiné Rick avec deux mains… J’ai une si mauvaise mémoire ! C’était l’époque où Rick n’avait qu’une main, Dale qu’une jambe, Andrea toutes ses cicatrices… Je devais me souvenir de toutes ces difformités, c’était horrible ! (rire) C’est déjà dur de se souvenir – pas tellement dans Walking Dead car ils conduisent comme ils veulent – qu’ils doivent rouler de l’autre côté de la route ! Quel étrange pays où les gens roulent à gauche !
Actusf : Comment s’est passé le transfert entre vous et Tony Moore, qui était le dessinateur au début de la BD ?
Actusf : Comment s’est passé le transfert entre vous et Tony Moore, qui était le dessinateur au début de la BD ?
Charlie Adlard : Ce n’était pas difficile pour moi, il fallait juste se mettre au travail. Je dessine normalement, car je me suis toujours dis que si quelqu’un m’emploie pour dessiner une BD, c’est qu’il aime mon travail. Il ne me prend pas pour dessiner comme quelqu’un d’autre. Cela ne m’est pas venu à l’esprit. Nous avions une telle deadline pour mon premier numéro que j’ai pensé « fonce, fais-le ». Ça a été plus dur vis-à-vis des fans. C’est plus facile de prendre la relève sur des personnages bien établis comme Batman ou Spiderman, pour parler du marché américain. Car ces personnages existent depuis 40, 50 ou 60 ans. Ils ont changé tellement de fois que les gens s’y sont habitués, ils savent que les auteurs vont et viennent, mais le personnage principal reste une constante. Mais pour Walking Dead, le seul look graphique était celui de Tony Moore. Les fans y étaient habitués depuis le premier numéro. C’était assez dur. Nous dessinons différemment. Je pense que beaucoup de gens n’ont pas accepté le changement pendant longtemps. Cela dit, Walking Dead se vendait alors à cinq ou six mille exemplaires, donc il y a une majorité de lecteurs aujourd’hui plus habitués à mon graphisme, car ils sont arrivés après ce changement et ont découvert le travail de Tony Moore plus tard. Donc pour eux je suis le dessinateur original, car je suis le premier qu’ils ont lu. Mais je pense qu’on va retourner à la case départ, car avec la série télé, tout le monde va reprendre le premier volume de Walking Dead de Tony, puis le second dessiné par moi et dire « Wow ! », et tout va recommencer ! (rire)
Actusf : Que pensez-vous de la sortie de Walkind Dead en série TV ? Pensez-vous que c’est une bonne adaptation ?
Actusf : Que pensez-vous de la sortie de Walkind Dead en série TV ? Pensez-vous que c’est une bonne adaptation ?
Charlie Adlard : Je pense que c’est vraiment très bien. Ils ont su choisir les meilleurs éléments de la BD, ce n’est pas juste une copie du livre. C’est une adaptation et c’est très bien comme ça, sinon ça ne marcherait pas. Je peux continuer de dessiner, la série s’adapte pour ne pas me rattraper trop vite. C’est une situation étrange. Parce que nous n’avons pas la fin du livre, donc nous ne savons pas quand la série se terminera. Aujourd’hui, Walking Dead est très populaire. Beaucoup d’américains l’ont vu à la télé et ont lu les BD.
Actusf : Est-ce que vous participez à l’élaboration de la série comme Robert Kirkman?
Actusf : Est-ce que vous participez à l’élaboration de la série comme Robert Kirkman?
Charlie Adlard : Non. Pour être honnête, je préfère quand même les personnages de la BD. Ils sont plus créatifs. Je n’avais pas vraiment prévu qu’ils évoluent sur un écran de télé. Je pense que Robert est une meilleure personne pour porter le projet et les aider à la production.
Actusf : Vous avez quand même joué un zombie dans la série ?
Charlie Adlard : Ah oui, j’étais un zombie ! C’était super intéressant. C’était fantastique d’être tout en zombie. J’avais du maquillage partout (il montre la photo sur son téléphone). J’étais désolé pour les maquilleurs parce qu’ils ont mis une heure et demi à me peindre le visage !