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ITW Christophe Thill et Thomas Bauduret à la rentrée 2012
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ITW Christophe Thill et Thomas Bauduret à la rentrée 2012

Actusf : D'abord, pour commencer, vous avez eu 5 ans cette année ! Quel bilan faites-vous de ces cinq premières années de Malpertuis ?
Christophe Thill : On a drôlement avancé! Partis avec pas grand-chose, à part notre bonne bouille, nous voici aujourd'hui à la tête d'un catalogue quand même pas négligeable, où on trouve notamment plusieurs séries (Les dossiers secrets de Harry Dickson, Le club Diogène, les anthos Malpertuis) dont chaque nouvelle parution est, paraît-il, très attendue.
Nous avons eu le plaisir de mettre le pied à l'étrier de quelques jeunes auteurs de grand talent, pas vraiment novices mais jamais publiés "en vrai livre" avant Malpertuis (je pense notamment à Nico Bally et Laurent Mantese... entre autres !).
Personnellement j'ai énormément appris en ce qui concerne le métier (désolé si ce mot en froisse certains) d'éditeur, sous tous ses aspects, du plus noble (l'aspect littéraire, bien sûr) aux basses besognes de la compta et de la fabrication. Et je pense avoir pas mal progressé en tant qu'anthologiste.
Financièrement, nous... Euh, bon, on passe à la question suivante, peut-être?
 
Thomas Bauduret : J'ajouterai que pour les anthos Malpertuis, c'est toujours un plaisir d'avoir à chaque fois de petits jeunes qui n'ont pas peur des grands ! Une des vocations de ces anthos est justement la découverte de nouveaux talents. Place aux jeunes !
 
 
Actusf : On parle de crise en librairie depuis plusieurs mois. Est-ce que vous, vous la ressentez ?
Christophe Thill : Les ventes de Malpertuis n'ont rien de massif de toute façon, se comptant en centaines d'exemplaires. Nous sommes sur un marché de niche. Je ne sais pas si on peut percevoir les effets de cette crise à notre niveau.
 
 
Actusf : Avant de parler de votre nouveauté de la rentrée, revenons sur Nous sommes un monstre de Jérémi Sauvage qui est paru en juin. D'abord qui est l'auteur ?
Christophe Thill : Jérémi Sauvage est un vieux copain, que nous avons connu une paire d'années, à l'époque où il était étudiant (il est aujourd'hui enseignant en sciences du langage à l'université de Montpellier) et nous, membres d'un groupuscule de fous de fantastique du nom de l’Œil du Sphinx. Jérémi a fait partie de l'équipe qui a lancé la revue Ténèbres à cette époque. Il a plusieurs bouquins à son actif, dont un recueil plutôt SF, Pluie de bulles, chez un petit éditeur (rien à voir avec nous! hé hé!), et d'un livre sur le groupe anglais The Mission.
 
 
Actusf : Revenons sur le résumé, de quoi parle ce livre ?
Christophe Thill : C'est un recueil de nouvelles à dominante horrifique (et plutôt urbaine). Comme le titre l'indique, il y est question, non seulement de monstruosités proprement fantastiques, mais aussi de celles qui se cachent dans les recoins sombres de nos âmes. On y rencontre des vampires, des meurtriers plus ou moins fêlés, des situations cauchemardesques, des présences inquiétantes rôdant aux marges des grandes villes...
 
 
Actusf : Dans les pages à paraître de votre site, on peut lire que vous allez éditer prochainement L'empereur pourpre de Robert W.Chambers. De quoi s'agit-il ?
Christophe Thill : Le mot "prochainement" est quelque peu exagéré, dans la mesure où je n'ai guère avancé sur la traduction depuis... pff... Disons que c'est un beau recueil de nouvelles fantastiques, dans la lignée du Roi en jaune, mais avec des décors plus bretons que parisiens ou new-yorkais. Mais je préfère renvoyer les lecteurs au travail réalisé sur cet auteur par des gens pour qui j'ai beaucoup d'estime : Le Visage Vert. Lisez en particulier Le faiseur de lunes, ça vous fera patienter. Et puis une traduction signée J.-D. Brèque, ça se laisse toujours savourer.
 
 
Actusf : Quelles sont la place et l'importance de cet auteur dans le fantastique ?
Christophe Thill : C'est un auteur assez méconnu, ou oublié. Même à son époque (1900 à 1930, disons) c'est surtout avec des romans historiques et sentimentaux qu'il a connu la gloire. Mais dans son œuvre on repère une poignée de magnifiques ouvrages fantastiques, très imprégnés de l'esprit décadent, avec de jeunes esthètes buveurs d'absinthe qui se retrouvent confrontés à des choses extraordinaires, déroutantes... et souvent horribles. Il y a un sentiment d'inéluctable qui plane sur ces histoires, comme une malédiction à laquelle les personnages ne peuvent échapper, pris d'une espèce de paralysie de la volonté.
H. P. Lovecraft a découvert Chambers sur le tard, mais a adoré son oeuvre fantastique. Marion Zimmer Bradley l'a beaucoup admiré, et lui a emprunté des noms. Et il y a aujourd'hui, parmi les auteurs américains, une sorte de cercle néo-chambersien, avec des gens comme Joe Pulver, et la parution récente de l'anthologie A season in Carcosa (Miskatonic River Press).
 
 
Actusf : Avez-vous d'autres projets ? Et que pouvez-vous déjà nous en dire ?
Christophe Thill : Là, il y a des trucs à dire !
D'abord, Laurent Mantese revient ! Ceux qui ont frémi en lisant ses épouvantables Contes des nuits de sang vont se régaler avec Le comptoir des épouvantes : encore du fantastique horrifique, avec un parfum de Jean Ray dans le prologue/épilogue (et dans la très belle couv d'Aurélien Police), où les histoires ont la particularité d'être toutes dérivées de faits divers réels ; certains récents, d'autres très anciens. Ca sort le 15 novembre.
Pour l'habituel rendez-vous de Sèvres, nous aurons le tome 3 des aventures du club Diogène. Nos amis Jérôme Sorre et Stéphane Mouret avaient un peu fait languir leur fidèle public en 2012, puisqu'il n'y avait pas eu de parution. Ils vont se rattraper in extremis avec Cauchemars sur le club Diogène (1886-1889).
 
Thomas Bauduret : Il y aura aussi l'antho Malpertuis quatrième du nom, régulière comme un métronome... Toujours un immense dim sum où on grappille à sa convenance, toujours de la variété, des atmosphères et sensibilités différentes, des petits nouveaux, des multirécidivistes, des noms connus par ailleurs (comme Fabienne Leloup ou Valérie Simon, qui sont montées à bord) et quelques petites choses vraiment étranges comme on les aime. Pour la petite histoire, j'ai refusé deux textes intéressants, mais pas aboutis, et comme il y avait vraiment quelque chose, la lettre de refus fut encourageante. Eh bien l'auteure avait... treize ans !
Un autre projet que je traîne est un court roman de Brian Stableford, sans doute pour 2013. Avec mon autre collection (Zone d'ombres), l'ennemi numéro un est le temps... Mais je me suis promis de faire descendre ma pile de choses à lire qui commence à devenir indécente. Bon, on sait ce qu'on dit de la route de l'enfer et de la façon dont elle est pavée... 

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