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ITW Eli Anderson
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ITW Eli Anderson

Actusf : Comment travaillez-vous vos romans et quelles sont vos sources d'inspiration ?
Eli Anderson : Je suis terriblement organisé dans mon travail d’écriture – c’en est presque maladif ;-) Mes personnages sont conçus et détaillés de leur naissance à leur mort, mes plans sont rédigés au feutre noir et au crayon, recopiés mille fois dans des grilles que je pré-imprime et que je glisse dans des pochettes plastifiées, bref, un gars à soigner… mais je ne me soigne pas ! Plus sérieusement, je peaufine longuement le plan et les personnages pour que le travail de structure ne parasite pas l’écriture du roman à proprement parler.
Mes sources d’inspiration ? Elles sont inconscientes : je suis une véritable éponge, imbibée en permanence de mon vécu quotidien, mes lectures, mes rencontres… et l’idée vient sans crier gare.
 
Actusf : Qu'est ce qui vous a poussé à écrire pour la jeunesse?
Eli Anderson : J’ai toujours voulu le faire, dès le début ; je crois que je suis passé par le monde adulte par prudence, pour faire mes armes – parce que les ados sont bien plus exigeants encore ! Mais je me suis pris au jeu : j’adore l’écriture adulte aussi, elle me permet de m’aventurer sur des territoires inconnus et mystérieux, et je continuerai à écrire pour les « grands ». Et puis il n’y a pas d’âge pour lire Oscar !
 
Actusf : Comment est venue l'idée d'écrire Oscar Pill et ses aventures ?
Eli Anderson : C’est parti d’un rêve d’enfance : j’étais fasciné par le corps humain et convaincu qu’à l’intérieur, ce n’était pas comme on me l’avait expliqué ; il y a avait au contraire des montagnes immenses, des océans profonds, des cités formidables, des peuples… lorsque mes études de médecine ont essayé de m’en dissuader, j’ai décidé qu’un jour, je l’écrirai, ce monde intérieur fabuleux.
 
Actusf : Comment voyez-vous votre personnage ?
Eli Anderson : Vous parlez d’Oscar ? Ah, mon Oscar, c’est une tête de mule et un grand cœur, il est intelligent mais rétif à toute forme de règles et de lois, rebelle mais jamais méchant, et j’aime sa sincérité et sa loyauté. Bref, une tête dure mais un ado attachant. Très différent de l’ado que j’ai été, d’ailleurs (très sage), et sans doute l’ado que j’aurais aimé être !

Actusf : Vous proposez une approche très différente du  corps humain ? Qu'est-ce
qui vous a inspiré ?

Eli Anderson : Je suis évidemment influencé par les études de médecine, mais je m’en suis servi pour imaginer 5 univers, puis j’ai tout déconstruit et rebâti avec des éléments qui n’ont plus rien à voir avec l’anatomie qu’on connaît… quoi de mieux que reconstruire un nouveau corps, un corps inédit, pour se l’approprier, l’explorer… et surtout, pour s’y sentir bien et à l’aise, ce qui n’est jamais évident à l’adolescence, et même bien plus tard !
 
Actusf : Dans le troisième tome, Oscar a désormais 14 ans. Vous aviez envie de le faire grandir avec ses lecteurs ? Et pourquoi s'attaquer à l'adolescence ? Est-ce que parce que c'est une période où tout est en "gestation", où "tout est encore possible" ?
Eli Anderson : Je crois qu’un héros est intéressant quand on le voit grandir, évoluer, progresser, changer, avec des qualités et des défauts, quand on peut suivre ses enjeux personnels, même les plus secrets. L’adolescence est une période capitale de notre vie, qui laisse des traces de toutes sortes, positives ou pas ; j’avais envie d’y retourner, d’y observer ce que je n’avais pas vu, et de faire en sorte qu’Oscar trouve les réponses qui m’ont manqué à son âge… et qu’il puisse les souffler à ses amies et amis lectrices et lecteurs !
 
Actusf : Est-ce difficile d'aborder les amours adolescentes ?
Eli Anderson : Curieusement, non, parce que c’est quelque chose de très fort à cet âge, qui nous envahit et qui nous marque ! J’ai eu l’impression que tout me revenait en avalanche, et je me suis empressé de le retranscrire ;-) Oui, moi aussi, j’ai eu ma Tilla…
 
Actusf : Est-ce que vous pouvez nous parler du troisième univers Embrye ? Qu'est-ce qu'Oscar va y trouver ? Il paraît qu'il y a une brume qui rend amoureux...
Eli Anderson : Embrye, c’est l’univers de la reproduction ; à ce titre, il est fascinant, parce que c’est là que la vie naît, et c’est plus généralement l’univers du sexe, intriguant, qui parle particulièrement à un ado amoureux dont le corps se transforme, forcément. Il est différent chez la femme et chez l’homme, et je lui ai donné une forme très différente, bien sûr, chez l’une et chez l’autre. Embrye-Île (l’homme) est une fabuleuse station spatiale où, sous l’effet du désir, se dresse une fusée qui va envoyer une capsule de cosmogonautes en Embrye-Ailes (femme). Embrye-Ailes est peuplé par les nymphes des temples Au-Vert qui veillent sur la plaine de la Fertilité, un immense champ de fleurs pourpres qui se transforme en torrent de pétales tous les mois, lorsqu’un gros orage éclate… ça ne vous fait penser à rien, tout ça ? Et oui, en Embrye-Ailes, il faut se méfier de la brume de la grande prêtresse Ormauna, qui éveille le sentiment amoureux… et le désir !
       
Actusf : On compare souvent votre personnage avec Harry Potter ; cela vous gêne, vous flatte ou vous laisse indifférent?
Eli Anderson : J’ai littéralement adoré Harry, que j’ai découvert bien après avoir conçu et imaginé l’univers d’Oscar et ses pouvoirs, d’ailleurs. Le monde d’Harry Potter est un monument d’imagination, de sensibilité, d’intelligence, et si mon Oscar peut susciter le même plaisir que son copain sorcier, je ne peux en être que flatté ! Cela dit, s’il fallait comparer l’univers d’Oscar à quelque chose, les références seraient plutôt cinématographiques pour moi : je me souviens avoir eu un choc lorsque j’ai vu Le Voyage fantastique, ce vieux film de 1966 (d’accord, je n’étais pas né, mais je l’ai vu plus tard !) qui miniaturisait une équipe de scientifiques pour entrer dans le corps, ou, plus tard, Le Voyage intérieur, qui relevait du même principe. La grande différence avec Oscar, c’est que mon héros entre dans un monde qui n’a rien à voir avec le corps tel qu’on l’imagine : c’est un corps inédit, encore plus riche que le monde extérieur, qu’il va découvrir !
 
Actusf : Pourquoi avez-vous  pris un nom différent pour vos ouvrages jeunesse ?
Eli Anderson : Pour qu’il n’y ait pas de confusion avec les thrillers que j’écris pour les adultes sous mon « vrai » nom ; je voulais être honnête avec mes lectrices et mes lecteurs ! J’ai mis « vrai » entre guillemets, parce que Eli est tout de même mon second prénom, et surtout parce que de plus en plus, ce pseudonyme me colle à la peau avec plaisir, au fur et à mesure qu’Oscar devient lui aussi un être de chair et d’émotion pour beaucoup de lectrices et de lecteurs ! Je les en remercie, vraiment.
 
Actusf : Comment se passent les rencontres avec les jeunes lecteurs ? Ont-ils un
regard différent des lecteurs adultes ?

Eli Anderson : C’est un bonheur !! Ah, ça, pour avoir un regard différent, ils ont un regard différent ! (rire) Pour être plus exact, ils ont une réaction plus franche, plus directe : s’ils n’aiment pas, ils n’hésiteront pas à vous le dire en vous regardant droit dans les yeux ; et de la même manière – heureusement, c’est ce qui se passe le plus souvent – lorsqu’ils aiment, ils le hurlent joyeusement et sont d’un enthousiasme débordant, et j’adore cette sincérité !
 
Actusf : Vous utilisez beaucoup internet. En tout cas votre blog est régulièrement alimenté. Est-ce que le net est un outil pour l'écriture ? Vous y dialoguez beaucoup avec vos lecteurs. Est-ce important pour vous ?
Eli Anderson : Le net est sans doute une source de recherche, d’exploration, de découverte qui peut alimenter un imaginaire. Mais c’est surtout un formidable lien entre les lectrices, les lecteurs et moi, oui, absolument. Et c’est capital pour moi ; un auteur ne peut pas rester que d’un seul côté de la barrière, du côté du livre et de son écriture. Il a besoin de passer de l’autre côté et savoir si le livre « parle » à ses lecteurs. Je me nourris beaucoup de ce retour de leur part, vraiment. Humainement, avant tout, et même professionnellement ; j’en tire toujours des leçons.
Je ne me force pas du tout pour nourrir mon slog (le slog, c’est génial, c’est un mélange de site et de blog ! Allez-y, c’est très sympa, vous verrez ;-), et encore moins pour répondre.
J’espère simplement avoir toujours le temps pour le faire et pour dire à tous ces gens qui me laissent des messages ou m’envoient des mails que j’en suis fier et touché. C’est tellement encourageant, motivant, enrichissant, vous n’imaginez pas !
 
Actusf : Quels sont vos projets ? Y'aura-t-il d'autres Oscar Pill ?
Eli Anderson : Dès le début, j’ai annoncé qu’il y aurait 5 tomes pour mener Oscar au bout de son destin. Mais bien sûr, il y aura un après-Oscar, même si j’y suis très attaché et que je n’ai pas encore envie de m’en séparer ! J’ai beaucoup de projets, certains mériteront d’être développés, d’autres non, le temps et l’inspiration me le diront, mais une chose est certaine : je n’aurai jamais assez de temps dans ma petite vie pour écrire tout ce que j’ai envie d’écrire !

Merci pour cet échange avec vous, et pour la place privilégiée que vous réservez à mon Oscar et à moi-même sur ce site, que j’adore !

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