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ITW Jean-Marc Ligny sur les Chants de Glace
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ITW Jean-Marc Ligny sur les Chants de Glace

ActuSF : Tout d'abord, une question qui vaut pour quatre. Te souviens-tu comment sont nés les quatre nouvelles ? Labyrinthe de la nuit, La Guerre de Trois Secondes, Les Chants de glace et Ogoun Ferraille ?
Jean-Marc Ligny : Labyrinthe de la Nuit vient d'un poème que j'ai écrit il y a fort longtemps, sur la région spécifique de Mars portant ce nom, que je trouve en lui-même très poétique. J'ai ensuite développé la nouvelle à partir du poème.
La Guerre de Trois Secondes a été écrite à l'origine pour le dossier sur moi qu'a fait Galaxies. Il fallait une nouvelle inédite et comme souvent dans ces cas-là - si le sujet de la nouvelle n'est pas imposé par une antho thématique ou autre - je vais puiser des idées dans mon histoire des Chroniques des Nouveaux Mondes (en ligne sur www.noosfere.net/Chroniques). En parcourant cet historique citant les histoires déjà publiées, j'ai réalisé que j'avais mentionné la Guerre de Trois Secondes à plusieurs reprises, sans jamais développer le sujet. C'était donc tout à fait opportun de le faire.
L'idée des Chants de Glace m'est venue en observant les anneaux de Saturne. Vus au télescope ou photographiés par les sondes Voyager, j'ai trouvé qu'ils évoquaient les différentes plages d'un disque microsillon (vinyl). De là à imaginer qu'en les bombardant de certaines fréquences, ils pouvaient émettre des sons, il n'y avait qu'un pas.
Ogoun Ferraille est un personnage que j'avais déjà utilisé pour ma nouvelle La ballade de Silla. Un jour, un éditeur pour la jeunesse m'a demandé un texte de science-fiction sur le thème de la musique. Ogoun Ferraille faisant partie d'un groupe dans l'univers des Chroniques, j'ai naturellement pensé à le réutiliser, non en tant que personnage principal, mais en tant qu'idole pour une jeune fan qui veut absolument assister à son concert.

ActuSF : Le Labyrinthe de Nuit a pour un personnage un homme qui va se perdre dans les faux semblants de sa quête. Ce n'est pas la première fois que tu utilises l'illusion et le mystère dans tes récits. C'est pour mieux révéler les hommes ?
Jean-Marc Ligny : Oh la la, je ne me pose pas ce genre de question ! L'illusion et le mystère sont des thèmes qui me fascinent, et auxquels j'aime confronter mes personnages en effet. J'aime également dérouter le lecteur en faisant en sorte que les situations fantastiques que vivent les personnages ne soient jamais évidentes, qu'il y ait toujours deux explications possibles, selon que l'on choisisse ou non de croire au fantastique, à l'insolite. On peut penser soit que le héros voit réellement des fantômes, ou bien qu'il a pété un plomb et a des hallus du fait d'une tension émotive extrême, par exemple. Le fantastique trop évident genre invasion de zombies m'ennuie généralement, ou m'amuse dans le meilleur des cas, mais ne m'inquiète jamais, car d'emblée on n'y croit pas. Je pense que les mystères les plus troublants se trouvent enfouis dans l'esprit humain.

ActuSF : La Guerre de Trois secondes est un texte brillant qui mélange beaucoup de thématiques et dont la construction est plutôt complexe avec de multiples intervenant et témoignages. Te souviens-tu comment tu as travaillé ?
Jean-Marc Ligny : En élaborant un plan au préalable, comme pour un roman, ce qui est rare quand j'écris une nouvelle, où je vais plutôt réfléchir à la meilleure manière d'aboutir à la « chute » finale. Là, effectivement, le sujet était complexe, bien que le plan ait été facile à réaliser : je me suis simplement inspiré de la façon dont sont réalisés les débats télévisés, avec reportages à l'appui.

ActuSF : Où en es-tu personnellement avec ce cycle ? Continue-t-il à t'inspirer ? As-tu des idées de textes inédits ?
Jean-Marc Ligny : Oui, il m'inspire toujours, c'est mon petit jardin secret où je me réfugie quand j'ai envie de fuir la réalité (et les idées qu'elle m'inspire). Lorsque j'ai envie d'écrire un texte sur les Chroniques, il me suffit de consulter mon historique ou les paquets de notes accumulées au fil des ans, et j'y trouve des dizaines d'idées en germe !

ActuSF : Ogoun Ferraille a été écrit plutôt pour les jeunes lecteurs. Y'a-t-il un plaisir particulier à travailler pour le jeune public ? Et travailles-tu différemment ?
Jean-Marc Ligny : C'est assez plaisant, oui, car c'est a priori plus facile. Les histoires sont souvent plus simples, le style aussi, ça m'aide à m'épurer, revenir aux fondamentaux : un sujet intéressant, des personnages forts, un déroulement palpitant, sans temps morts. J'essaie toujour de me mettre dans la peau du jeune lecteur, d'imaginer ce qu'il peut ressentir en me lisant, ce qui peut le faire vibrer ou au contraire risque de le barber. Le public jeune est bien plus exigeant que le public adulte : il ne lit pas un auteur, mais une histoire. Si celle-ci l'ennuie au bout de deux pages, il laisse tomber, il ne va pas s'efforcer de poursuivre parce que c'est le dernier bouquin de Machin qu'il faut avoir lu. Il faut frapper vite et fort, dans un langage que le jeune comprend, avec lequel il va sentir des affinités.

ActuSF : La musique est une nouvelle fois très présente dans le recueil, que ce soit pour Ogoun ou les Chants de Glace. Te souviens-tu de la bande son de ces nouvelles ? Et quels sont les derniers chanteurs, musiciens ou artistes qui t'ont inspiré ?
Jean-Marc Ligny : Non, je ne m'en souviens pas précisément, mais c'était très certainement de la musique électronique. Je pense qu'il y a un côté Klaus Schulze / Tangerine Dream dans Les Chants de glace. Quant à Ogoun Ferraille, il peut évoquer bon nombre de ces groupes électro-goths que j'affectionne. Il y a sans doute un peu d'Ogoun dans Juno Reactor, l'un des groupes qui m'inspire le plus en ce moment, bien que je ne connaissais pas encore quand j'ai écrit cette nouvelle. Fields of the Nephilim m'influence toujours, mais plutôt quand j'écris du fantastique. Sinon, si je traite un sujet dur comme le réchauffement climatique par exemple, je vais plutôt écouter des groupes durs, genre Hocico ou Suicide Commando.

ActuSF : Quels sont tes projets ? Sur quoi travailles-tu actuellement ?
Jean-Marc Ligny : Eh bien, au cours de l'année 2008, je suis tombé dans un trou noir au milieu d'une page blanche, qui m'a mis gravement en retard sur des bouquins qui devraient déjà être livrés. J'en suis à peu près ressorti, me suis remis à écrire, et Denis Guiot attend avec patience EcoWarriors pour Intervista - le titre parle de lui-même, hein - tandis que Stéphane Manfredo me pousse à avancer dans Les Cris des Morts, un roman fantastique pour la collection jeunesse de l'Atalante. J'ai donc ces deux bouquins que je dois faire avancer en parallèle, ce n'est pas évident ! Ensuite, je vais me lancer dans L'effet Vénus, un roman apocalyptique sur la fin de l'humanité victime d'un réchauffement climatique extrême, que l'Atalante attend depuis plus de deux ans déjà et que je dois me dépêcher d'écrire avant que la réalité me rattrape ! Et puis j'ai mon projet de série « utopique » pour La Volte, sur lequel plusieurs auteurs se sont engagés - les Belmas ont d'ailleurs déjà écrit leur roman - mais ils attendent que je fasse le premier volume ! Bref, j'ai du pain sur la planche. sans compter la ou les nouvelles inédites que je veux écrire pour le dernier tome des Chroniques des Nouveaux Mondes !

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