Matthew Hughes : J'ai toujours gagné ma vie en écrivant. C'est la seule chose que je peux faire assez bien pour gagner de quoi nourrir ma famille.
J'ai commencé comme journaliste dans de petits journaux en Colombie-Britannique. Puis, par le plus grand des hasards, on m'a proposé un poste d’assistant parlementaire à Ottawa. Ce qui m’a permis de découvrir que j'avais un talent naturel pour écrire des discours. Du coup j’ai été amené à diriger le pool d’auteurs des discours du ministre canadien de la justice, puis de celui de l’environnement du gouvernement de Pierre Trudeau de 1974 à 1979
En 1978, je suis retourné en Colombie-Britannique et j’ai commencé une carrière de près de trente ans de rédacteur freelance. Dans les années 1990, lorsque mes fils ont été en âge de quitter la maison, j'ai commencé à écrire de fiction. Ce qui avait toujours été mon rêve.
L’idée, était de me faire connaître comme un auteur de romans policiers et ça se présentait pas mal (un roman, de courtes histoires, un prix). Mais alors, j'ai vendu une vieux roman science-fiction que j'avais écrit dans les années 1980 à un grand éditeur, qui a également demandé une suite. Ces deux livres en ont amenés d'autres, et du coup je me suis retrouvé auteur de science-fantasy.
J'ai commencé à écrire en tant que Matt Hughes, puisque c’est mon nom usuel. Mon premier éditeur de SF m’a recommandé d'utiliser mon nom complet : Matthew Hughes, pour ce qui était la science-fantasy, parce que les services marketing des grandes maisons d'édition n’aiment mélanger les genres. Puis j'ai été amené à écrire un roman alimentaire, Wolverine:Lifeblood, et je l’ai fait sous le nom de Hugh Matthews, encore une fois parce qu’on m’avait conseillé de bien marquer la différence entre mes propres fictions et les novellisations.
ActuSF : En France nous connaissons Le Brillion noir et depuis peu Majestrum. Suit-il l’ordre des parutions anglo-saxonnes pour la manière dont vous avez bâti votre univers ? Y eut-il des nouvelles avant ? Combien d’œuvres à ce jour se déroulent-elles dans l’Archonat ?
Matthew Hughes : Jusqu'à présent, sept ont déjà été publiés et deux autres sont à venir, ainsi que vingt-une nouvelles (même si certaines se retrouvent dans les romans). Le Brillion noir est le troisième volet de l’Archonat, après Fools Errant et Fool Me Twice. Majestrum est le premier d'une trilogie qui met en scène un détective Sherlock Holmesien qui vît à une époque qu’on pourrait situer comme juste antérieure à celle du Monde magique de Jack Vance. Tous mes romans et récits sont listés sur mon site dans l'ordre chronologique à http://www.archonate.com/bibliography
ActuSF : L’Archonat est un monde complexe qui se découvre par touche selon le récit. Comment décririez-vous ses particularités, dans une vision d’ensemble, pour un lecteur étranger à votre oeuvre ?
Matthew Hughes : Tous les récits de l’Archonat se passent à peu près à la même période, mais sont rapportés par les points de vue de différents personnages. Ils ne forment pas vraiment une saga, mais elles sont différentes vues d'une même période, où l'humanité a essaimé dans notre bras de la galaxie (Le Spray) sous la forme d’une civilisation connue sous le nom des Dix Mille mondes. C’est un futur très, très lointain où tout ce qui pouvait l’être l’a déjà été. Du coup, la vie de la plupart des gens se résume à tenter de répondre par diverses approches philosophiques ou religeuses à la seule grande question : «pourquoi se lever le matin?"
Ma technique n'est pas d'expliquer ou de décrire, mais de plonger le lecteur dans l'univers tel qu'il est vu par les personnages. Ce serait un peu comme s’installer à l'étranger et découvrir peu à peu comment les choses fonctionnent en observant comme les gens vivent.
ActuSF : Dans Le Brillion Noir on remarque que la ligne de votre imaginaire pouvait se rejoindre en la matérialisation de phénomènes psychiques. Qu’avez vous à dire sur ce sujet ?
Matthew Hughes : J'aime l'idée de l’inconscient collectif de Carl Jung (telle que l'a expliquée le mythologiste Joseph Campbell). La partie sous-jacente de la psyché humaine, où résident l'archétype des schémas qui se répètent sans cesse dans les histoires et les rêves. Dans Le Brillion noir, une grande partie de l'action se déroule dans l'inconscient collectif, et l'un des personnages, Guth Bandar, en est un explorateur. L'histoire aborde également la question de savoir ce qui arriverait à l'inconscient collectif humain, si il s’était confronté avec son équivalent émanant d'une intelligence collective télépathique.
ActuSF : The others est-il le second roman mettant en scène Luff Umbry ? Si oui, est-il une suite direct, où se situera-t-il ?
Matthew Hughes : L'Autre (pour le moment, c'est le titre de travail du roman) est le premier roman sur Guindant Imbry, un des principaux personnages du Brillion noir, où il est un grand criminel forcé d’émarger au Bureau de Contrôle de l'Archonate. À la parution du roman, le critique et éditeur Nick Gevers a suggéré que j'écrive une histoire pour son magazine, Postscripts, sur la vie qu’Imbry, avant qu’il n’ait été enrôlé dans la police. Cela a conduit à l’écriture de plusieurs histoires, et celle que je suis en train d'écrire est la première à atteindre le format roman. J’imagine, donc qu’on peut dire que c’est une préquelle.
ActuSF : Majestrum est le premier des trois livres des “ Talls of Hephis Hapthorn”? Est-ce une trilogie achevée ? Quel lien Majestrum entretient-il avec les deux autres livres ?
Matthew Hughes : Majestrum est le premier de trois romans sur Henghis Hapthorn, un Sherlock Holmes d’un lointain futur. Le second est The Spiral Labyrinth, publié par Night Shade Books aux États-Unis en 2007. Un troisième roman, Hespira, était censé avoir été publié l'année dernière mais ne la pas été à causse du manque d’organisation de l'éditeur.
Hapthorn est apparu comme un personnage d’une histoire intitulée "Mastermindless" parue dans If en 2005. Il a bien plus aux lecteurs, alors j'ai écrit cinq histoires, créé un arc de développement : Hapthorn est un brillant rationaliste qui découvre, avec horreur, que les règles de causalités fondamentales de l’univers changent périodiquement à cause d’un effet transitoire (magique), et que cette transition est proche.
Il est exposé à certains signes avant-coureurs de ce nouvel âge, de sorte qu’une partie de son psychisme s'épanouira dans cette ère de magie. La partie intuitive de sa personnalité, va devenir une personne distincte. Leur relation va s’établir sur la base d’une complexe coopération mêlée de compétitivité. Dans le même ordre d’idée, l'assistant d’Hapthorn, un appareil multifonction (communications, observation, recherche, enregistrement, etc) et qui s’appelle un intégrateur, se transforme en son équivalent à l'âge de la magie, et devient un petit animal à fourrure d'espèce indéterminée, d’une nature querelleuse et dotée d'un appétit sans fin pour les plus coûteux des fruits.
Propos recueillis par mail le 3 juin 2009
par Benjamin K.Framery
par Benjamin K.Framery