- le  
ITW Thierry Di Rollo sur Bankgreen
Commenter

ITW Thierry Di Rollo sur Bankgreen

Actusf : Comment est née la planète Bankgreen dans ton imagination ?
Thierry Di Rollo : Tout m'est venu d'un seul coup, sans la moindre difficulté. Je m'en souviens très bien. Il est plutôt rare, pour un écrivain, de n'avoir à fournir aucun effort pour une histoire. Je n'ai rien eu à faire: tout l'univers de Bankgreen s'est imposé de lui-même, un jour de 2007, en regardant l'illustration d'un roman de Hobbes, je crois, dans un magazine. Une sorte d'événement inexplicable, d'une certaine façon.

Actusf : Qu'est-ce qui t'a donné envie de faire un roman de fantasy alors que jusqu'ici tu oeuvrais plutôt dans le domaine de la SF et du Fantastique ?
Thierry Di Rollo : A priori, l'envie de faire autre chose. J'avais fait le tour de ce que je voulais dire en S.-F. Et comme j'ai besoin d'imaginer au sens très large du terme - écrire des romans noirs ne peut pas me suffire -, je me suis rendu compte que je n'avais pas encore exploré la fantasy.
A posteriori, une liberté totale. J'ai fait ce que j'ai voulu de Bankgreen et des peuples qui l'habitent. C'est mon univers à moi, personne ne me l'enlèvera jamais.

Actusf : Parle-nous de Mordred. Comment le vois-tu toi ?
Thierry Di Rollo : C'est le genre de personnage qui ne vaut que par son mystère. Je dirais qu'il est simplement prisonnier de ce qu'il est, au bout du compte. Comme tous les êtres qui peuplent Bankgreen.

Actusf : C'est un personnage au premier abord assez monolithique et ses failles, s'il en a, sont peu nombreuses. A-t-il été facile à mettre en scène ? N'est-ce pas justement une contrainte forte pour l'écrivain d'avoir dans les mains ce varannier que rien ne semble atteindre ?
Thierry Di Rollo : Non, au contraire. C'est profondément jouissif pour un écrivain de manier un personnage aussi monolithique. C'est un peu ce que disent les acteurs quand ils avouent éprouver une véritable jubilation à jouer un salaud. Chaque fois que je le mettais en scène, au cours du roman, je le voyais vraiment, je l'entendais parler. Le monolithisme est reposant: pas de psychologie à gérer, rien qu'un bloc inaltérable, et qui avance, qui avance. C'est cette inexorabilité qui m'a fasciné, chez Mordred. Le plus difficile, finalement, est de parvenir à faire tout de même vivre une masse aussi compacte et froide. A lui donner une épaisseur.

Actusf : La quatrième de couverture évoque Elric de Moorcock. Es-tu d'accord avec la comparaison ? Et y a-t-il d'autres anti-héros comme celui-ci qui t'ont influencé, ou tout du moins auxquels tu as pensé en écrivant Mordred ?
Thierry Di Rollo : Jamais lu. Mes références sont plutôt cinématographiques. Sans trop réfléchir, je dirais le T-1000 de Terminator 2, le T-X de Terminator 3, Le Samouraï de Melville. Ce genre de personnage complètement improbable qui ne ressent rien, qui avance jusqu'à ce qu'il ait accompli ce pour quoi il était destiné. Ca m'a toujours fasciné.

Actusf : Ce n'est pas la première fois que tu mets en scène une mine et le dur travail des mineurs. Je penses évidemment à la nouvelle Éléphants bleus parue dans Crépuscules. Est-ce un endroit qui t'attirent et pour quelles raisons ?
Thierry Di Rollo : C'est vrai que ça revient souvent. J'ignore pourquoi. Peut-être parce, pour moi, qu'il n'y a pas pire endroit où envoyer des hommes; l'absence de lumière; la hantise de la mort sous un effondrement; la mort tout court puisqu'on termine tous sous terre, pour la plupart, non?

Actusf : Il y a des images et des passages qui offrent un certain vertige au lecteur tant ils sont marquants. Je pense au premier campement par exemple avec Mordred et ses cinq suivants. Ou à la fin d'un des semblables de Mordred. Comment as-tu travaillé pour ce roman ? Avais-tu déjà la trame en commençant ? Les images se sont imposées d'elle-même ?
Thierry Di Rollo : Non, la trame m'est venue d'un seul coup d'un seul, comme je l'ai dit plus haut. Les images, elles, me sont venues en marchant - je marche une heure chaque dimanche pour soulager mon dos. Le flot des idées ne s'interrompait jamais. Un drôle de sensation, au bout du compte. Comme si, d'une certaine façon, Bankgreen devait déjà exister avant moi.

Actusf : Bankgreen est un roman qui questionne sur l'existence et le sens de la vie. Est-ce que ces thématiques se sont imposées dès le départ ?
Thierry Di Rollo : Oui. Mes questionnements sont indissociables de mon écriture, de la mise en place d'une histoire. Ecrire pour écrire ne m'a jamais intéressé. Et puis, je me lasserais très vite.

Actusf :
Quelle place donnes-tu à Bankgreen dans ta bilbiographie ? C'est un livre important ou marquant pour toi ?
Thierry Di Rollo : Important ET marquant. J'ai voulu savoir si j'étais capable de faire quelque chose de radicalement différent. J'ignore si j'ai complètement réussi, mais, au moins, j'ai essayé. Ça m'a plu, en tout cas, d'écrire Bankgreen.

Actusf : As-tu envie de poursuivre en fantasy ?
Thierry Di Rollo : Oui, vraiment.

Actusf : Parle nous de ton prochain roman à la Série Noire. De quoi parlera-t-il ?
Thierry Di Rollo : On est en 2021. J'imagine l'après-Sarkozy. Ma façon à moi de dire ce que j'en pense. A. Masson dit que c'est un roman relativement efficace.

Actusf : Quels sont tes projets ? Sur quoi travailles-tu ?
Thierry Di Rollo : Je n'aime pas me projeter. Parce que tout est trop fragile. Donc, je ne réponds jamais à cette question.

à lire aussi

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?