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Jacques Martel dévoile La Voie Verne
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Jacques Martel dévoile La Voie Verne

Actusf : La Voie Verne, votre dernier roman, sort ce mois de Janvier aux éditions Mnémos. Comment en êtes-vous venu à l’écriture ? Quelle a été l’idée à l’origine de ce récit ?

"[...)Je ne saurais plus vous dire d’où c’est venu exactement, mais c’était lié à une réflexion sur la survivance ou la disparition des mythes et héros au fil des générations, au développement rapide d’Internet et à la numérisation en cours des connaissances."

Jacques Martel : Comment suis-je venu à l’écriture ? Par hasard, en quelque sorte. Ou plutôt par un concours de circonstances. Depuis mon enfance, j’ai toujours été un grand lecteur, mais sans jamais penser écrire un jour. Un peu après la fondation du magazine Histoire Médiévale (par les feu Editions Harnois), un de mes amis (et associé) m’a proposé d’y rédiger de courtes histoires tirées des anecdotes historiques qui me passionnaient. Peut-être qu’ainsi j’arrêterai de leur casser les c… avec ! J’ai commencé comme ça, avec une rubrique intitulée, « histoire d’un jour ». Au bout d’un moment, j’ai glissé un brin de fantastique, en abordant le thème des changeurs de peau. C’est là que l’envie d’écrire un roman m’est venue. Mais il a fallu quelques années pour que cela se concrétise.

Quant à l’origine de La Voie Verne, l’idée et l’univers du roman datent de cette époque. De 2001 plus précisément. Je ne saurais plus vous dire d’où c’est venu exactement, mais c’était lié à une réflexion sur la survivance ou la disparition des mythes et héros au fil des générations, au développement rapide d’Internet et à la numérisation en cours des connaissances.

Actusf : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur l’intrigue ?

Jacques Martel : Juste quelques uns, alors, pour ne pas « spoiler », comme on dit maintenant…
Face à l’urgence climatique, des mesures extrêmes ont été prises. L’une d’elle concerne l’usage du papier, désormais recyclé et réservé aux administrations. Les livres « physiques » ont été la première victime de la mesure, mais la numérisation de l’ensemble du patrimoine écrit, ainsi que la généralisation du stockage des données sur des serveurs « cloud » (le halo), les rend toujours disponibles. Parallèlement, un virus informatique, le BigWorm, a détruit une grande partie des données mondiales, qui sont peu a peu remises en ligne.
Le narrateur, John, un homme d’âge mûr, se fait embaucher comme majordome dans la famille Dumont-Lieber, des architectes de renommée internationale. Il se retrouve confronté à Gabriel, enfant autiste, qu’élève sa grand-mère, Agathe Dumont-Lieber. L’enfant, pour échapper à un monde qu’il ne comprend pas, se réfugie dans l’univers des Voyages fantastiques de Jules Verne, qu’il a recréés virtuellement.
On comprend rapidement que John n’est pas réellement un majordome, et qu’il s’est présenté chez les Dumont-Liber avec une intention bien précise.

Actusf : John, un homme déjà adulte, va se heurter à l’univers virtuel et onirique imaginé par un enfant, Gabriel, fasciné par Jules Verne. Comment avez-vous créé ces deux personnages ?

Jacques Martel : Pour ce qui est de John et de ses réactions premières face au virtuel, je me suis inspiré de mes propres réactions, ainsi que de celles que je percevais de mon entourage, il y a bien des années, vis-à-vis des jeux de rôles (« sur table »). Les univers et les personnages avec lesquels nous évoluions avaient une réalité concrète pour moi, presque physique, mais lorsque que j’en parlais à des non-joueurs, je sentais bien que pour eux tout cela n’était que du rêve, du vent, sans aucune réalité, et donc sans aucun intérêt…
Maintenant, lorsque je discute avec des habitués des jeux en ligne à univers persistants, je me sens de l’autre côté de la barrière ; ce qui est concret pour eux, reste pour moi un assemblage de données. Alors qu’en y pensant bien, quelle différence avec le jeux de rôle sur table, dans le fond ? Nouvelle génération, nouvelle façon de voir les choses…
Je pense que ce qui rend plus réel, pour moi, le JdR sur table, c’est la présence physique des joueurs, le contact, le partage de la bière et du café, le partage de l’émotion et de la surprise, les rires. Également le fait que le maître de jeu soit un ami, que l’ambiance va directement être liée à ce qu’il est. Bref, pour moi, la réalité du JdR sur table, c’est le contact humain. Ce que je ne retrouve pas dans la version on-line.
Pour le personnage de Gabriel, l’idée m’est venue immédiatement, liée à l’intrigue. Malheureusement, je ne peux pas vous en dire plus, toujours dans un souci de no-spoil.

Actusf : Pourquoi avoir choisi Jules Verne ? Était-ce un auteur qui vous émerveillait plus jeune ? Peut-on voir une part de vous-même dans John et Gabriel ?

"Je dois avouer que John a hérité d’une bonne partie de ma façon de penser. Pour Gabriel, je ne crois pas. Je me suis inspiré de personnes existantes, telles que Temple Grandin, par exemple."

Jacques Martel : Oui, Jules Verne m’a fait rêver. Et les illustrations qui accompagnaient les romans… Je n’ai pas lu tout ce qu’il a écrit, mais les bibliothèques municipales m’en ont fourni une grande partie.
Je dois avouer que John a hérité d’une bonne partie de ma façon de penser. Pour Gabriel, je ne crois pas. Je me suis inspiré de personnes existantes, telles que Temple Grandin, par exemple.

Actusf : Quand vous avez construit votre univers, vous vous êtes senti plus architecte ou jardinier ?

"S’il fallait trouver une analogie, je dirais que je travaille comme pour la conception / réalisation d’installations industrielles : un objectif final à atteindre, avec des hypothèses de départ fixées, et des contraintes techniques liées au site."

Jacques Martel : Drôle de question… J’ai dû aller fouiner sur internet pour la comprendre.
Ni l’un, ni l’autre. Je serais plutôt, Dessinateur-Projeteur (vieille déformation professionnelle oblige). S’il fallait trouver une analogie, je dirais que je travaille comme pour la conception / réalisation d’installations industrielles : un objectif final à atteindre, avec des hypothèses de départ fixées, et des contraintes techniques liées au site. Pour tout ce qu’il y a entre les deux, faut se débrouiller pour que ça rentre, et qu’à la fin ça marche ! Dans le cas de ce roman, au départ j’avais John et Gabriel, avec ce qu’ils sont chacun de leur côté, la fin du roman, et l’univers en général.
Je dois d’ailleurs ici remercier Coralie David, éditrice chez Mnémos. Je n’arrivais pas à trouver un angle d’attaque pour le roman. En gros, John n’arrivait pas entrer en contact avec les Dumont-Lieber de façon qui me satisfasse. Coralie m’a suggéré une idée, que je n’ai pas suivie exactement, mais qui a immédiatement débloqué la situation et m’a permis d’attaquer réellement le roman. Sans elle je serais certainement en train d’écrire autre chose, tout en me demandant comment j’allais enfin pouvoir commencer La Voie Verne

Actusf : Vous avez toujours écrit de la littérature de fiction (fantasy, fantasy historique et SF), est-ce un genre qui vous permet de vous exprimer plus facilement ? D’aborder des sujets qui vous tiennent à cœur ?

Jacques Martel : Je ne me suis jamais posé la question. Lorsque qu’une idée de personnage ou une situation me viennent en tête (c’est toujours ainsi que ça commence), je les inclus immédiatement dans un univers pouvant les mettre en valeur, qui n’est effectivement jamais le monde dans lequel je vis. Peut-être parce que je n’ai pas une vie extraordinaire, qui vaille la peine d’être racontée…

Actusf : Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Jacques Martel : Sur un roman dans un monde post-apocalyptique, en phase de reconstruction, dans lequel l’héroïne, Mère-Grand, qui a vu la chute, et qui a participé à sa façon à la reconstruction, rêve de prendre enfin sa retraite dans un endroit paisible.

Actusf : Où peut-on vous rencontrer dans les mois à venir ?

Jacques Martel : Je ne sais pas encore. Probablement quelques salons et libraires. A suivre…

Actusf : Et une dernière question… Quel est votre roman de Jules Verne préféré ? Pourquoi ?

"Cette idée de naufragés, leur survie, leur débrouillardise face aux événements, m’ont fasciné. J’adore les histoires de naufragés et de survie. C’est peut-être pour ça que j’ai toujours aimé les mondes post-apocalyptiques…"

Jacques Martel : Il y en a trois.
Robur, le conquérant avec l’Albatros, ce navire volant et sa forêt de mâts supportant des hélices ! La base du SHIELD avant l’heure. J’avais adoré l’histoire et le personnage. Robur réapparait ensuite dans Maître du Monde, avec l’Épouvante comme machine, mais je me rappelle ne pas avoir accroché au roman.
Vingt-mille lieues sous les mers. Le Nautilus ! Nemo ! Tout est bon dedans ! Je l’ai lu et relu sans m’en lasser. A signaler, la superbe édition « moderne », parue chez Grund début 2000, illustrée par Didier Graffet. A faire lire aux jeunes lecteurs d’aujourd’hui.
Et l’Ile mystérieuse. Comme Vingt-mille lieues sous les mers, je l’ai lu et relu, voir plus que le précédent. Cette idée de naufragés, leur survie, leur débrouillardise face aux événements, m’ont fasciné. J’adore les histoires de naufragés et de survie. C’est peut-être pour ça que j’ai toujours aimé les mondes post-apocalyptiques…

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