Le philosophe et l’écrivain
Philosophe et professeur émérite à l’institut d’urbanisme de Paris, Thierry Paquot s’est fait connaître avec des ouvrages assez critiques de notre développement urbain comme Désastres urbains (La découverte, 2019) ou Mesure et démesure des villes (CNRS éditions, 2020). Il était quelque part dans la logique des choses qu’il s’intéresse à J.G. Ballard, l’auteur de L’ile de béton et d’I.G.H, romans écrits dans les années 70 qui peignaient déjà les dérives urbanistiques et leurs conséquences possibles sur l’homme. L’essai proposé ici démontre à quel point Ballard nous parle encore.
L’actualité d’une œuvre
L’amateur de science-fiction connaît Ballard, adapté deux fois au cinéma par Spielberg (Empire du soleil) et Cronenberg (Crash). L’auteur a dénoncé avec force la tyrannie de la publicité, le développement des résidences enclavées et surveillées, l’automobile, etc… A chaque fois, il s’emparait d’un thème et le poussait à son extrême, influencé par le surréalisme. Et il fallait en avoir derrière la tête pour écrire un roman foncièrement antipathique, mariant le culte de l’automobile jusque dans les accidents et l’orgasme sexuel (toujours Crash). Il a aussi publié quatre romans où l’homme se retrouvait à devoir affronter des catastrophes écologiques : Le monde englouti, Sécheresse, La forêt de cristal et Le vent de nulle part. Avec Ballard, la nature rattrape l’homme. Sans en faire un auteur écologiste, Thierry Paquot démontre que Ballard, en ces temps de catastrophe climatique en cours, est un écrivain très actuel. Ce brillant essai, accompagné de textes de Ballard lui-même, nous le rappelle.
Sylvain Bonnet