- le  

Je vais te montrer quelque chose

Hubert (Coloriste), Jason (Scénariste, Dessinateur), Nicolas Verstappen (Traducteur)
Langue d'origine : Autres
Aux éditions : 
Date de parution : 31/07/2004  -  bd
voir l'oeuvre
Commenter

Je vais te montrer quelque chose

Vous avez déjà du croiser le graphisme si particulier de Jason et ses personnages à tête d’animaux, et peut-être avez-vous passé votre chemin sans regarder plus avant. Grand mal vous en a pris. Cet auteur norvégien né en 1965 est l’un des auteurs phare de la maison d’édition suisse Atrabile qui a déjà publié cinq albums, Attends, Chhht !, Dis-moi quelque chose, Le Char de fer et Mauvais chemin. Les éditions Carabas éditent ce sixième album avec une nouveauté, la couleur, confiée aux bons soins d’Hubert. Cet homme de l’ombre a récemment été mis en lumière grâce aux Yeux verts (Carabas) et au Legs de l’Alchimiste (Glénat) qu’il scénarise.

« Combien d’anecdotes marrantes ou passionnantes as-tu vécues et que tu pourrais raconter lors d’une soirée ? »

Alex est un gars à la vie triste depuis que sa copine l’a quitté. Son meilleur ami, Claude, part en vacances et lui demande d’arroser ses plantes, histoire de lui changer les idées. Le jour du retour de son pote, il ouvre la porte et un inconnu l’assomme. Dès lors, c’est une spirale infernale. Claude gît à côté de lui et il tient le couteau qui a servi à le tuer alors que les flics tambourinent à la porte. Seule solution : la fuite. Le voilà recherché et son portrait est diffusé sur toutes les chaînes de télé. Seul point lumineux, une jeune femme, Géraldine, le croit innocent et l’invite à se cacher chez elle afin qu’il puisse découvrir qui est le véritable meurtrier, un tueur dont il a aperçu le visage.

Tranche de vie sombre et noire

Jason signe là un polar noir avec en toile de fond la solitude, une terrible solitude qui envahit toutes ses pages. Son personnage principal, Alex, est un mec paumé, fragile, désespérément seul depuis que sa copine l’a quitté. Le mec lambda, à qui il n’arrive jamais rien et qui n’entreprend rien. Jusqu’à ce que sa vie soit totalement chamboulée par le meurtre de son meilleur ami. Jeté dans l’action, ballotté par les événements, englué dans une fatalité voulu par un auteur sadique, il pourra cependant prendre une revanche sur la vie et enfin agir, même si c’est pour aller au-devant de sa destinée.

En refermant l’album, les émotions se bousculent, un certain mal-être nous envahit. La solitude pesante des personnages, la machine infernale de la tragédie, la fragilité de l’existence et les si rares moments de bonheur sont rendus magnifiquement par le dessin sobre et dépouillé de Jason. Il nous fait rentrer dans le quotidien tout en y injectant de l’extraordinaire, et l’alchimie se fait grâce à la retenue de la narration. Il est à parier que l’album fera couler les larmes des plus sensibles qu’il touchera droit au cœur. Hubert a, en outre, réalisé un très beau travail sur les couleurs en respectant le côté minimaliste et simple de Jason.. Un conseil, fiez-vous à la couverture, elle est à l’image de la bande dessinée, belle, sombre, tragique, émouvante et sans artifice.

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?