Un vétéran

On connaît John Crowley depuis son apparition à la fin des années 70 et la parution de L’animal découronné (Robert Laffont, 1981). C’est dans le domaine de la fantasy qu’il s’est fait le plus connaître avec Le parlement des fées et la tétralogie Aegypt. Il a aussi remporté le prix Locus en 1997 avec la nouvelle Disparus. Autant dire qu’un nouveau livre de Crowley est souvent un évènement. C’est le cas de Kra, roman très singulier paru l’été dernier chez L’Atalante et qui nous fait découvrir l’histoire du monde via une corneille immortelle, Dar Duchesne.

L’oiseau immortel

Nous voici dans un futur proche où les humains croulent sous leurs propres ordures et succombent à de nouvelles maladies. Le narrateur, un vieil homme, nous raconte l’histoire de Dar Duchesne, une corneille qui a vécu de nombreuses vies et côtoie l’homme (et la femme) depuis des millénaires, pour le meilleur et pour le pire. A chacune de ses vies, Dar se lie avec un représentant de notre espèce tout en restant une corneille mais comment fait-il ? Avec la future chamane Toque de renard, il s’est aventuré dans un monde souterrain où il s’empare brièvement d’un objet qui lui donne une forme d’immortalité : Dar meurt et renaît, dans un cycle sans fin, seule corneille capable de parler aux hommes. Et ne cesse de nous étudier et de nous observer. De nous aimer et de nous haïr aussi.

Un conte et des longueurs

Au fond, Kra est un conte initiatique qui adopte le point de vue d’une créature non humaine qui voit notre espèce vivre, accumulant les prouesses technologiques (surtout dans l’art de tuer) et repousse le domaine des corneilles, le monde de Kra. Une belle histoire, parfois poétique donc mais qui souffre d’indéniables longueurs. Kra aurait gagné en efficacité en étant plus court. Dommage.

Sylvain Bonnet