Né en 1977 à Paris, Xavier Delgado est ingénieur informatique. Jours de Sang est son tout premier roman.
Rencontre du troisième type
Dans un monde futuriste où l’humanité n’est plus au service de l’économie, mais de la science, et où les aventuriers louchent sur le nouvel Eldorado, la planète Mars truffée d’or, le duc de Villallonga se réveille un matin la cervelle saturée d’images de Paris en cendres. Ce même jour, il apprend que Tia Poten, le roi des robots, demande à l’humanité de se soumettre. Mince alors.
La présidente des états terriens réunis compose une équipe de choc pour sauver la planète, et Villallonga, journaliste de son état les accompagne, suivi d’une autre reporter qui ne tarde pas s’attirer ses faveurs: Marie d’Ark. Ni une, ni deux ils pénètrent les enfers pour y tuer les méchants robots. Mais un miracle advient. L’humaine Eva s’éprend du robot Xu, donnant naissance à l’Enfant des Enfers, Richard. Dès lors, la créature est propulsée comme l’être de tous les espoirs, l’utopie personnifiée d’une réconciliation entre les peuples, et enrôle d’autres robots à sa cause, sous l’impulsion de Villallonga.
Ce ressort dramaturgique devient presque métaphysique. En effet, que pourrait donner une créature mixte telle que Richard, quelles pourraient être ses pensées ? Que faut-il lui inculquer de l’essence humaine ? Pourra-t-il se doter d’une conscience malgré sa cervelle en ferraille ?
Tout cela on connaît bien sûr, mais Delgado a l’humilité de le traiter avec humour, au fil de dialogues en forme de joutes verbales entre Richard et le duc, qui le prend sous son aile.
Naissance d’un style
L’écriture de Delgado, à la fois prometteuse mais encore trop juvénile, est double, presque schizophrène, ce qui n’est pas dénué d’intérêt, et fait de son livre un objet curieux. D’une part, la dimension nerveuse et cinématographique de son esthétique se traduit par une syntaxe sèche, hachée, proche de l’écriture scénaristique. D’autre part, lors des scènes sentimentales, sa plume prend de l’ampleur, s’étoffe, devient lyrique, à la lisière de la préciosité, chose plutôt rare dans le champ de la SF. Xavier Delgado aime les mots, s'est nourri de littérature classique, et cela se sent. Il en résulte un mélange audacieux entre des faits de science fiction purs narrés sur un mode chevaleresque.
Femmes, je vous aime !
Mais la dimension la plus touchante de ce premier roman est sans conteste son caractère sentimental. En épître, Delgado le dit sans détour. C’est l’amour de sa vie, son premier, qui lui infusa l’énergie nécessaire à l’écriture de ce livre. Touchant. Rare aussi. Cette nostalgie rejaillit directement sur l’intrigue elle-même, dans la relation tumultueuse entre Marie d’Ark et le duc de Villalonga. Plus largement, l’œuvre dans son entier est un cri d’amour à toutes les femmes que Delgado décrit avec une délectation certaine.
Enfin, tout le roman est un hymne à l’amour en général entre les hommes. Faisons l’amour pas la guerre. Rien de nouveau sous le soleil, bien sûr, mais en ces temps sombres où le cynisme est la norme, tant de bons sentiments sont assez bienvenus.
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