On n’en finira jamais avec Shakespeare
Il y a des sujets inépuisables dans le monde de la création et Shakespeare en fait partie. Il ne se passe pas une année sans qu’un film, un livre, une peinture, une chanson ne sorte en référence à l’auteur d’Hamlet dont la figure mystérieuse ne cesse de nous hanter. Ici, le dessinateur Jules Stromboni, auteur du Futuriste (Casterman, 2008) et de L’ultime défi de Sherlock Holmes (Casterman, 2010), associé à la scénariste Astrid Defrance, relève le défi de manière, on va le voir, originale avec Shakespeare World.
Une pandémie shakespearienne
Des travaux ont lieu sur la tombe de Shakespeare à Trinity Church, Stratford upon Avon, supervisés par Kathleen Larch, conservatrice du Globe Museum. Voici que son chien Roméo s’échappe et dérobe un os du célèbre dramaturge. Par-delà la mort, le grand William se réveille maudit les vivants. Et voilà bientôt tous ceux qui touchent cet os de près ou de loin qui se mettent à réciter les mots de Shakespeare, puis à entrer petit à petit dans une dramaturgie shakespearienne qui bouleverse la société anglaise. Ou, plutôt, la révèle à elle-même.
Un jeu de massacre grandeur nature
On rit en lisant cet album. On rit à cause de l’ironie sous-jacente générée par les mots de Shakespeare et les dégâts qu’ils infligent à une société néolibérale qui peu à peu glisse vers le chaos. Aucune institution – que ce soit la reine, les médias, la classe politique, - ne sort indemne de ce grand jeu de massacre. Le graphisme de Jules Stromboni contribue largement au succès de cette histoire iconoclaste, tour à tour moqueuse et joyeusement caricaturale, qui ne sombre jamais dans l’ennui. Shakespeare World est à découvrir, surtout dans la période actuelle.
Sylvain Bonnet