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Koba

Jean Dufaux (Scénariste), Régis Penet (Dessinateur)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 27/08/2014  -  bd
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Koba

Est-il nécessaire de présenter le scénariste de Koba, à savoir, Jean Dufaux ? Né en 1949 en Belgique, Dufaux est l’auteur de près de 200 œuvres. Après des études dans le monde des arts, il se consacre quelques années après à la BD. Et ce choix lui sera, et nous sera, bénéfique. Nous le connaissons pour l’excellente série à succès Murena (avec feu Delaby aux dessins), mais aussi pour Complaintes des landes perdues, Sortilèges, Rapaces, Niklos Koda, Croisade, et tant d’autres encore… Avec plusieurs dizaines de séries à son actif, difficile de résumer l’œuvre hétéroclite de cet auteur prolifique.

Aux dessins, nous retrouvons Régis Penet, un dessinateur français. C’est début 2000 que les rayons des librairies voient apparaître ses premiers albums. Depuis, plusieurs séries ont vu le jour, comme Marie des Loups, Lorenzaccio, Les nuits écorchées, ou encore Catwalk.

Un mystérieux tableau.

Sibérie, lors de la fin des années quarante. Staline, qui se faisait appeler Koba en référence à un héros géorgien, revient dans cette partie du pays qu’il avait fuie quelques années auparavant. Anciennement prisonnier dans un camp de la région suite à ses années de militantisme clandestin, il semble y avoir fait des rencontres quelque peu mystérieuses…

Dans cette région dépeuplée, les quelques survivants décèdent les uns après les autres. Un mal étrange semble envahir cet espace froid et désert. En effet, des créatures étranges et vampiriques, vivant nues dans la nature, semblent avoir un rôle à jouer dans ces disparitions… Mais pourquoi Staline a créé un musée dans cette région ? Et surtout, pourquoi y garde-t-il jalousement et précieusement, sous protection, un tableau dont les personnages disparaissent un à un ?

Un obscur one-shot.

C’est un pari osé que d’intégrer Staline à une histoire de vampire. L’idée peut sembler saugrenue au premier abord, mais comme souvent, il s’agit d’aller chercher plus en profondeur et de ne pas s’arrêter à la couverture.

L’album prend naissance sur une métaphore déconcertante : celle d’un tableau qui se vide peu à peu de ses personnages sans que celui-ci soit retouché par la main de l’homme. La disparition du tableau est à mettre en lien avec une disparition physique. Si l’idée a déjà été traitée précédemment par d’autres auteurs, elle n’en est pas moins intéressante ici. Dufaux réinvestit l’idée à sa manière et fait grandir ses protagonistes autour. Et puis signalons que le choix de Staline pour illustrer cette idée est plutôt bien vue : il faisait disparaître des photographies officielles les membres du parti qui avaient perdu ses faveurs...

Staline, ou Koba, est bien le héros de cette histoire. Impossible de passer à côté, chacun des autres protagonistes, même s'ils sont travaillés et détaillés, sont essentiellement là pour servir à la construction du personnage de Koba. Dufaux en fait un être assoiffé de pouvoir et de sang, prêt à tout pour arriver à ses fins. En cela, il ne s’éloigne que peu finalement du personnage dont il s'inspire. Mais l’ensemble se développe aussi autour de créatures vampiriques, immortelles, qui résistent au fil des années et qui semblent n’être là que pour empêcher une certaine dérive de l'Histoire.

Le dessin quant à lui est très classique, apportant une grande cohérence à l’œuvre, mais aussi clarté et simplicité aux différentes pages qui composent cet album. Le trait est très élégant, parfaitement maîtrisé. L’enchaînement est précis, aisé, facilitant grandement la lecture. Il s'agit ici du gros point fort de ce one-shot. La mise en couleur, très léchée, sert parfaitement le dessin, et l’ensemble permet de créer une unité avec le texte. Les tons pastel permettent de faire ressortir une certaine douceur au tout, sans agresser outre mesure le lecteur, laissant ainsi aux textes la possibilité de faire leur effet. Signalons tout de même la toute dernière scène, qui est à mon humble avis trop décalée en ton par rapport au reste de la BD. 
 
Si l'ensemble s'inscrit bien dans un champ fantastique, et malgré toutes ses qualités, le choix de Staline comme protagoniste principal fait perdre en cohérence à l'album. Avec pour conséquence de provoquer une certaine déroute chez le lecteur...
 
 

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