A l'occasion de la sortie de l'album L'Etonnante famille Appenzell aux éditions Margot, Sébastien Perez revient sur l'écriture de ce récit.
Actusf : Bonjour Sébastien Pérez, et merci d’avoir accepté cette interview. Vous venez de sortir L’Etonnante famille Appenzell aux éditions Margot. D’où vient cette idée ?
Sébastien Perez : Avec Benjamin Lacombe, nous avions déjà sorti deux livres aux éditions Margot : un sur les chats Facéties de Chats et un sur les chiens Destins de Chiens.
Pour ce nouveau volume, Benjamin voulait travailler sur ceux que l’on appelait les monstres de foire, les freaks. Et il a eu l’idée de parler d’eux sous la forme d’un album de famille.
Actusf : Pouvez-vous dire un mot sur l’histoire que présente le livre ?
Sébastien Perez : L’étonnante famille Appenzell, c’est l’histoire d’une famille peu ordinaire, car les membres ont des particularités physiques qui les mettent malheureusement en marge de la société.
Elle commence avec Eugénie, la première des Appenzell à naître « monstre ». Et c’est sa petite fille, Victoria, qui retrace la vie de son extraordinaire grand-mère et de sa descendance. Par des photos de famille rassemblées, on y ressent leurs joies, leurs peines et leurs difficultés à être acceptés par les autres.
Notez que dans le texte, je n’ai jamais utilisé le terme « monstre » pour les qualifier. Je l’ai réservé à d’autres personnes dans le livre.
(c) Alyz
Actusf : On trouve énormément de clins d’œil à des familles prodigieuses dans cette histoire ; je pense notamment à la famille Addams. Où avez-vous puisé vos inspirations ? Y a-t-il d’autres étonnantes familles que vous appréciez ?
Sébastien Perez : Il y a différentes références dans le livre. Celle que je peux mettre dans le texte qui viennent souvent de ma famille ou de gens que je connais. J’accentue leurs traits et en fais des personnages. Je peux aussi m’inspirer de situations de vie, de moments personnels que je transforme. Benjamin trouve aussi qu’il retrouve de sa famille dans le livre. Probablement parce que j’ai absorbé toutes les histoires que sa mère et lui m’ont racontées.
Et puis il y a les références visuelles, comme le clin d’œil que Benjamin a pu faire à la famille Addams.
Actusf : Vos livres sont généralement illustrés. Comment travaillez-vous vos textes par rapport aux images ? Avez-vous besoin d’images pour écrire ?
Sébastien Perez : Généralement, le texte vient en premier. Et c’est lui qui doit inspirer l’illustrateur. Comme je connais très bien les illustrateurs avec lesquels je travaille (Benjamin Lacombe, Justine Brax, ...), je connais leur univers et je sais ce qui peut les attirer.
Actusf : Ce n’est pas votre première collaboration avec l’illustrateur Benjamin Lacombe. Il y a déjà eu L’Herbier des Fées, Grimoire de Sorcières mais aussi Frida. D’où vient cette collaboration ? Comment cela a-t-il commencé ? Avez-vous tout de suite pensé à lui pour la famille Appenzell ?
Sébastien Perez : Benjamin et moi nous connaissons depuis vingt ans. Il commençait ses études de dessins et en parallèle, il se lançait dans l’édition. Je n’avais jamais rien écrit. Comme il me voyait très rêveur et avec de l’imagination, il m’a demandé en 2007, si ça m’intéressait de co-écrire un texte avec lui. J’ai tenté, cela m’a plu, alors j’ai continué à en écrire d’autres. Pour la famille Appenzell, c’est plutôt lui qui a pensé à moi.
Actusf : Vous écrivez principalement pour la jeunesse. D’où vient cette volonté ? Qu’est-ce que ça vous ouvre comme possibilités ?
Sébastien Perez : J’écris également pour les adultes.
En 2016, j’ai publié un roman illustré par Sophie de la Villefromoit chez Soleil-Delcourt collection métamorphose, sur cette incroyable histoire des Fées de Cottingley : un canular enfantin qui a duré plus d’un demi siècle, au sujet de photographies que deux jeunes filles auraient prises en compagnie de fées.
Et cette année, j’ai publié Journaux Troublés, toujours chez Soleil-Delcourt, un livre mi-illustré mi BD, illustré par Marco Mazzoni et qui traite des troubles mentaux.
Mais j’aime également la jeunesse pour sa diversité. Beaucoup de sujets sont à traiter, les objets sont très variés et puis les messages importants sont mieux entendus dans l’enfance.
Actusf : Dans vos textes, on retrouve des sorcières, des fées, des personnes aux physiques surnaturels mais aussi des pirates, des chats et des chiens… Tous ces personnages qui font rêver. Y en a-t-il un que vous préférez ? Un qui vous a marqué particulièrement en le créant ?
Sébastien Perez : J’ai toujours aimé les personnages surnaturels mais maintenant, je m’intéresse aussi beaucoup à leur psychologie. Pour mieux les comprendre... Les animaux, évidemment, car ils ont toujours fait partie intégrante de ma vie.
On peut donner de la consistance à n’importe quel personnage. C’est ça qui est intéressant. Même un épouvantail, comme je l’ai fait dans ma réécriture du Magicien d’Oz (illustré par Benjamin Lacombe).
Actusf : C’est sûrement la question la plus difficile à poser à un auteur. Mais laquelle de vos œuvres a une place vraiment particulière dans votre cœur ?
Sébastien Perez :Destins de Chiens, en 2007, illustré par Benjamin Lacombe, fut mon premier livre paru. Il parle de la vie et donc de la mort, à travers des portraits de chiens avec une dose d’humour noir. C’est drôle et triste à la fois.
Actusf : Pour conclure, avez-vous d’autres projets à venir ?
Sébastien Perez : Deux nouveaux tomes de Charlock (illustré par Benjamin Lacombe) sont à paraître en 2021.
J’ai également une nouvelle série qui va débuter dès février, avec Annelore Parot chez Père Castor. Cela s’appellera Le Jardin de Basilic et à chaque tome, notre héros, Basilic, va découvrir différents secrets de la nature.
Et puis probablement d’autres choses, mais en maturation pour le moment...