Dan Simmons nous offre cinq novelas, sur le thème de l'amour et de la mort. Chacune est un peu plus longue qu'une nouvelle et un peu plus courte qu'un roman. Ces cinq novelas se situent dans des univers différents, certaines exotiques (Mourir à Bangkok), d'autres relèvent de la science-fiction (Flash-back), mais toutes se relient par un double thème : l'Amour et la Mort, les deux mamelles qui inspirent tout artiste.
La mort peut surgir à tout instant.
Dans la première novela, on est confronté au fait des accidents de la route, de transport. Tout l'amour qu'on a pour sa famille ne peut nous arracher à la fatalité. Par exemple, une sortie en luge peut être mortelle... ou pas. L'auteur joue avec nos nerfs jusqu'à la dernière ligne et la tension peut rappeler celle des films Destination finale, où la mort conspire sous forme d'accidents latents.
La seconde histoire, Mourir à Bangkok, est la plus terrifiante du recueil. En fait d'amour, il s'agit plutôt de sexualité, plutôt dérangeante. Ici, la petite mort (l'orgasme) frôle la grande, sur fond de prostitution et de SIDA, le tout à Bangkok.
Dans la troisième histoire, là aussi la féminité revêt des atours terrifiants, les vagins peuvent être dentus, et l'amour peut se transformer en mort, dans les légendes indiennes d'Amérique. On appréciera l'érudition de l'auteur pour tous ces termes indiens qui parcourent l'histoire.
Revivez votre passé.
Dans la quatrième novela, c'est une drogue qui est mise en scène, le flash-back, qui permet de revivre vingt ou trente minutes de sa vie. Les protagonistes prennent leur pied en revivant par exemple un meurtre pour lequel ils ne se sont pas faits attraper. Ou un viol.
Enfin, dans la dernière, la plus choc, la plus longue, on est plongé au cœur de la bataille de la Somme, en France, lors de la première guerre mondiale. Là aussi l'auteur s'est documenté à foison, et le réalisme est saisissant, l'enfer que peut représenter ces moments d'histoire nous explose à la figure sous la plume de Dan Simmons. La mort est partout dans les tranchées. Quant à l'Amour, il est représenté par cette femme qui vient rendre visite à notre héros ; notre héros qui est aussi poète. Mais cette femme, dont on comprend qu'il est l'amant, est-elle une muse ou la mort, ou les deux ? Page 415 :"Vous pouvez être la Mort en même temps que ma Muse.
Les deux faces d'une même pièce dont le Destin joue à pile ou face.
Cette dernière novela est la clef de voûte qui vient clore le recueil : l'Amour, la Mort inspire tout poète.
Au final, j'ai aimé chaque histoire de ce recueil, qui confirme le talent de l'auteur dans le format de la novela. Car l'auteur a su mêler ces deux thèmes, l'amour et la mort, dans chaque histoire, sans que l'un ne prenne le dessus sur l'autre, et montre que ces thèmes sont universaux, et présents dans tous les genres, aussi bien la légende indienne que la science-fiction, le récit d'horreur ou le récit historique. Avec surtout un gros coup de cœur pour la dernière histoire où l'auteur se montre aussi bon historien qu'auteur de genre.