Les éditions Gallimard ont décidé de rééditer sous forme de beaux albums un des grands succès de Folio Junior: Les Chroniques de Narnia. En composant cette histoire, C.S. Lewis a développé un univers complexe et fascinant, décliné tout au long des sept tomes.

Né à Belfast, il fut plongé très tôt par sa nourrice dans l’imaginaire irlandais. Enseignant la littérature médiévale à Cambridge, Lewis fut l’ami de Tolkien. Il eut d’abord la vision d’un faune traversant une forêt, des paquets et un parapluie à la main. Des années plus tard, il ajouta une reine malfaisante et un magnifique lion, posant ainsi les fondations d’un univers enchanté et enchanteur. L’ultime volume de la série, La Dernière bataille, remporta le prix le plus prestigieux de la littérature enfantine britannique. Depuis plus d’un demi-siècle, ces aventures font rêver petits et grands. Une adaptation cinématographique a été confiée fin 2002 au réalisateur de Shrek.

"Il est très sot de s'enfermer dans une armoire"

Du moins, c'est ce que croyait Lucy avant d'explorer la vieille armoire de la chambre d'amis. Derrière la traditionnelle rangée de manteaux de fourrure, Lucy découvre un passage vers un monde merveilleux. Elle y rencontre M. Tumnus, un faune qui l'invite à prendre le thé puis éclate en sanglots. Il a en effet promis à la Sorcière Blanche de lui livrer les êtres humains qu'il croiserait. Mais maintenant qu'il a fait la connaissance de la fillette, il ne veut plus que la Sorcière la capture. Il aide donc Lucy à quitter Narnia saine et sauve.

Edmund a moins de chance quand il arrive dans le monde de Narnia, il se retrouve nez-à-nez avec la sorcière. Elle lui jette un sort et le renvoie chercher ses camarades Peter, Lucy et Susan. Ceux-ci parviendront-ils à délivrer Edmund et tous les habitants de Narnia de la tyrannie de la Sorcière?

Plus vivant que le premier volume

C'est à partir de la scène racontée dans ce deuxième épisode que l'auteur a créé tout l'univers de Narnia. Est-ce pour cela que l'histoire est plus vivante que dans le premier volume? Le ton du narrateur se rapproche de celui d'un conteur avec beaucoup de commentaires à destination de son auditoire.

Les héros sont cette fois au nombre de quatre, ce qui augmente la complexité de l'intrigue. Les autres personnages sont très attachants. Les quiproquos successifs entre le faune et Lucy lors de leur rencontre, introduisent de façon humoristique la difficulté de se comprendre quand on est issu de deux univers totalement différents. Le couple de Mr et Mme Castor incarne la débrouillardise et l'entraide. L'enchantement de la sorcière sur Edmund n'est pas sans rappeler celui lancé par la Reine des neiges du conte d'Andersen. Il montre aux enfants que parfois quelqu'un de leur entourage peut être paralysé dans une situation dont il est incapable de se tirer tout seul et les pousse à la solidarité.

Cette histoire introduit donc des notions essentielles tout en gardant une intrigue palpitante. Deux qualités renforcées par la beauté formelle du livre, très Old english. Avec cet album grand format aux illustrations soignées, Gallimard offre un écrin raffiné à l'un des joyaux de la littérature enfantine.