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L'Avenir ne sera plus ce qu'il était

Yann Quero ( Auteur), Aldred Noor (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 30/11/2009  -  livre
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L'Avenir ne sera plus ce qu'il était

Auteur d'origine irlandaise, Yann Quero a déjà, à ce jour, écrit trois romans, dont le dernier en date, comme les précédents, paraît aux éditions Arkuiris, structure spécialisée dans la publication d'ouvrages sur l'environnement et l'Asie (on trouve à son catalogue plusieurs essais sur le Timor Oriental). Après avoir mis en scène le premier et dernier des hommes dans L'Ère de Caïn (2004), puis avoir fait Le Procès de l'homme blanc (2005), Yann Quero traite, avec L'Avenir ne sera plus ce qu'il était, du réchauffement climatique au travers de questions conspirationnistes.

La Terre surchauffe, mais pas de panique, les E.T. sont là.

Le 1er janvier 2036, les extraterrestres entrent en contact avec l'Humanité, et leur message n'est pas rassurant : la Terre est au seuil d'une phase critique de son réchauffement, causé par le développement de l'homme, sans aucun respect de sa planète. Bientôt, l'effet de serre sera tel qu'il ne sera pas possible de faire machine arrière et toutes les formes de vie sur Terre seront irrémédiablement destinées à disparaître.
Heureusement, les extraterrestres sont là. La FAPU (Fédération Amicale des Planètes Unies) a décidé d'agir et d'aider les Humains – mais aussi les cétacés, autre race intelligente vivant sur Terre – en inversant le processus de réchauffement climatique et en dépolluant la planète. Toutefois, les extraterrestres imposent diverses conditions qui ne sont pas sans déranger les dirigeants des différentes nations. De plus, derrière des intentions altruistes, la FAPU semble dissimuler d'autres objectifs. Pour découvrir si les aliens ne veulent pas simplement stériliser les Humains – ainsi que les chiens et les chats ! –, plusieurs personnes vont mener l'enquête. C'est, aidés par un renégat extraterrestre qu'un économiste et sa jeune fille, un physicien, une ufologue et un général de l'armée américaine vont enquêter, en suivant un indice laissé par Steven Spielberg dans Rencontre du troisième type...

Un livre avec de gros défauts

Risible est sans aucun doute un qualificatif que le lecteur pourrait donner à L'Avenir ne sera plus ce qu'il était en entamant le livre.
Dès les premières pages, en effet, l'auteur le confronte à une multitude d'éléments caractéristiques d'un mauvais roman de science-fiction : personnages extraterrestres aux noms à rallonge, pour ne pas dire illisibles (WaláGwond'úr LaK'íno Iráça, RahôTríeg'mòZánxenthýl), dont l'un dans « sa combinaison d'apparat argentée, bordée d'un filet magenta et ornée de l'insigne de curateur admonestique ». Ces aliens appartiennent d'ailleurs à des races dont on ne pourrait pas, même avec toute la bonne volonté de l'univers, réussir à prononcer les noms tant leurs transcriptions contiennent de voyelles accentuées (et pas seulement de façon aigüe, grave ou circonflexe) et de lettres de l'alphabet grec. Yann Quero ne se montre pas non plus très original quant à l'apparence de ses personnages venus d'autres planètes : hommes à six doigts et trois yeux côtoient des lézards humanoïdes et des créatures apparentées aux pieuvres, vivant dans des aquariums enfumés ; tous ont un comportement caractéristique de leur espèce et chaque race possède sa spécialité ou une prédisposition pour un type de tâche (les extraterrestres s'apparentant aux « petits gris » de Roswell sont par exemple d'excellents artistes) qui restreint l'intérêt qu'on peut porter à ses membres. Quant à l'alien qui va interagir le plus étroitement avec les héros humains, Faek, il est physiquement semblable aux habitants de la Terre, ce qui est bien pratique...

Le lecteur aura sans doute également à plusieurs reprises le sentiment que l'auteur force sa plume : « Sous un plafond lourd de nuages denses et noirs, dissimulant une lune à peine naissante, une nappe de brume basse dérivait entre les immeubles aux façades centenaires, fog pénétrant les vêtements et la peau des rares qui osaient s'aventurer dans le quartier ». Ce type de fulgurances stylistiques à la lourdeur particulièrement prononcée n'est en effet pas représentatives du travail de Quero, qui emploie dans le reste de son roman un style classique. Ce qui n'est pas pour autant un mal, l'auteur brillant dans la mise en scène de ses personnages, comme nous le verrons plus tard.
Yann Quero donne également l'impression, au début du roman, de vouloir étaler ses connaissances sur les États-Unis. Ainsi, Cécilia Arnold est jeune adolescente difficile qui emploie un slang que ne comprennent pas ses interlocuteurs, lui permettant de reformuler et au lecteur de comprendre. L'auteur a de plus choisi d'employer le système des poids et des mesures anglo-saxon (pouces, pieds, miles...) et l'échelle de température Fahrenheit qui font gagner au roman le pittoresque qu'ils lui font perdre en clarté. Mais cela n'est rien face à la quantité phénoménale de coquilles et noms propres écorchés qui émaillent le texte et réduisent le confort de lecture.

Toutefois, avec un scénario au premier abord peu original, puisque le thème principal du récit est l'arrivée subite d'extraterrestres organisés en une fédération de planètes, afin de sauver la Terre de la pollution qui la menace et sauver – un peu à ses dépens – l'humanité ; avec sa scène de mission spatiale sur la Lune mettant en première ligne des hommes et femmes absolument pas entraînés pour ce genre d'opération ; avec ses personnages archétypaux (les extraterrestres, mais aussi un général jusqu'au-boutiste et des Japonais à l'extrême rectitude morale, entre autres), L'Avenir ne sera plus ce qu'il était réussit quand même à intéresser le lecteur. Yann Quero, en effet, fait sourire, voire rire, avec son roman, mais ce n'est que – tout du moins est-ce ainsi que nous l'avons perçu – parce qu'il le veut bien. Car l'auteur emploie un humour au second degré plutôt subtil, qui s'exprime à plusieurs reprises et offre un regard nouveau sur le récit et ses personnages.

Une histoire divertissante

Cette impression que l'auteur se moque des figures du roman ufologique en les mettant en scène de façon caricaturale n'est pas le seul élément qui justifie la lecture entière du roman. On se surprend ainsi à ne pas abandonner la lecture de L'Avenir ne sera plus ce qu'il était, notamment parce que Yann Quero y distille un suspense qui croît au fil des pages et qui est émaillé – surtout vers la fin – de coups de théâtre. Difficile pour le lecteur de deviner, avant la conclusion du récit, si les aliens sont venus pour sauver les Terriens ou pour les éliminer.
Mais l'histoire racontée par l'auteur est surtout portée par des personnages qui sont quasiment tous, si ce n'est attachants, tout du moins marquants. Le narrateur du roman n'est pas tout à fait omniscient et bascule d'un personnage à un autre, les points de vue changeant d'une scène à l'autre. Ces alternances s'accompagnent surtout de variations dans le ton du récit, le niveau de langage, et cætera., qui font vivre les protagonistes bien au delà de leur mise en scène. Ainsi les déboires sentimentaux du général Kevin Springfield ou le comportement inconséquent de l'adolescente Cécilia Arnold sont-ils bien plus compréhensibles. On ne peut d'ailleurs, en terme de personnage, que tirer son chapeau à l'auteur en ce qui concerne Pol Arnold, économiste dont les compétences ne sont pas à la hauteur de sa renommée et dont les positions conservatrices et l'étroitesse d'esprit sont à la source de bien des situations cocasses. Il est d'ailleurs le déclencheur, avec ses réactions ridicules, de plusieurs scènes clefs du roman. Mais d'autres protagonistes tirent leur épingle du jeu : Gwond'u est un alien à l'attitude dont l'ambiguïté intrigue ; Faek, renégat alien, est un personnage ténébreux qui est le seul vrai héros du livre – au sens romantique du terme ; Stephen Verdaught et ses origines amérindiennes permettent à l'auteur de centrer une bonne partie de son récit – non sans quelques longueurs d'ailleurs – sur les traditions des peuples natifs d'Amérique du Nord...
Yann Quero réussit parfaitement à captiver le lecteur, ce qui est le principal. Toutefois, on peut regretter, justement, que L'Avenir ne sera plus ce qu'il était ne soit pas plus marquant, puisque le roman traite du délicat sujet du réchauffement climatique. Or, Yann Quero ne convainc pas vraiment le lecteur de la gravité de la question et du risque que notre planète et notre espèce encourent. Le troisième livre de Quero reste donc un roman de divertissement, mais pas plus.

Yann Quero : auteur à suivre ?

Avec L'Avenir ne sera plus ce qu'il était, Yann Quero démontre qu'il a sans doute un avenir dans le monde des écrivains. Ce troisième roman de l'auteur est à classer dans la catégorie des romans populaires qui ne se prennent pas au sérieux. Disposant de qualités indéniables, mais aussi de gros défauts, il réussit à capter le lecteur et à se laisser lire.

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