- le  

L'Encyclopédie du fantastique

Jacques Baudou ( Auteur), Nuit de Chine (Illustrateur interne), Rue des Archives (Illustrateur interne)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 20/10/2011  -  livre
voir l'oeuvre
Commenter

L'Encyclopédie du fantastique

Jacques Baudou est un spécialiste des littératures de l’imaginaire, déjà auteur de nombreux ouvrages encyclopédiques de référence, comme les « Que sais-je ? » sur la fantasy et la science-fiction ou l’ouvrage Merveilleux, Fantastique et Science fiction à la télévision française. Il est vice-président du jury du Prix des Imaginales. Il est aussi un fervent adepte de la littérature policière, il est d’ailleurs le fondateur du festival du roman et du film policiers de Reims et membre du jury du Grand Prix de Littérature Policière. Multi-casquettes, il est critique littéraire (il a écrit pour Le Monde notamment), auteur de plusieurs nouvelles, directeur de collection, anthologiste, auteur de nombreux articles sur les genres qu’il affectionne et sur les médias, et se fait généralement le promoteur de l’imaginaire sous toutes ses formes.

L’Encyclopédie du fantastique, publiée aux éditions Fetjaine, fait suite dans la même collection à L’Encyclopédie de la fantasy.

Une approche complète

Avec cette Encyclopédie du fantastique, Jacques Baudou dresse un portrait complet du fantastique : des origines du genre au temps du Moyen Âge aux plus récentes œuvres du XXIe siècle, des collections populaires d’épouvantes et des pulps américains en passant par le fantastique radiophonique, cinématographique, voire musical (le clip Thriller de Michael Jackson par exemple), des comics d’horreur et des séries télévisées à la dernière née nommée bit-lit, tout est passé en revue dans cette large vision des œuvres du genre.

Il faut tout d’abord souligner le gros travail réalisé pour compiler toutes ces informations, et la recherche de références, éléments historiques et citations appropriées en fonction des thématiques. Le panorama complet de cet ouvrage permet de balayer les grandes œuvres représentatives du genre. Jacques Baudou a fait le choix de ne pas présenter une approche chronologique et linéaire du genre, mais plutôt de l’aborder sous l’angle thématique, même si le chronologique et l’historique rejoignent parfois l’explication du thème, comme dans la première partie « Le Diable ou l’invention du fantastique ». En effet l’auteur nous raconte aussi les légendes et mythologies qui ont donné naissance à ces thèmes récurrents du fantastique et utilise donc une approche complète pour ceux qu’il a choisi de traiter.

On trouve dans les pages de cette encyclopédie des focus détaillés sur les grandes œuvres ou auteurs emblématiques, comme Dracula, Frankenstein, Lovecraft ou Edgar Allan Poe, dans toutes leurs déclinaisons littéraires et cinématographiques (avec résumés, symboliques, influences, apport au genre, adaptations etc.), mais également des chapitres consacrés à des éléments moins notoires, comme « Le domaine sud-américain », dont on ne connaît généralement que Jorge Luis Borges, ou avec le chapitre « Quelques auteurs à (re)découvrir », dans lequel Jacques Baudou fait ressortir de l’ombre des œuvres marquantes et qui ont contribué à l’histoire et au développement du genre, mais beaucoup moins célèbres. Si l’accent est tout de même mis sur les titres et personnages les plus représentatifs, une place est néanmoins réservée à d’autres titres moins significatifs.

En revanche on s’interroge parfois sur le choix de la manière de traiter les thèmes : pourquoi par exemple choisir une classification inventée par Stephen King – utilisée dans son Anatomie de l’horreur comme l’indique Jacques Baudou –, les « quatre cartes du tarot fantastique », à savoir « La chose sans nom », « le vampire », « le loup-garou » et « le fantôme » ? Certes, il s’agit de grandes thématiques à évoquer, mais pourquoi le faire d’après la classification de l’auteur américain, et ne pas choisir un angle plus personnel ? De la même manière, les deux pages d’introduction de l’encyclopédie consistent en une compilation de citations provenant d’autres anthologistes, comme Pierre Castex, Louis Vax ou Roger Caillois, qui sans aucun doute donnent envie d’aller piocher d’autres informations chez ces auteurs de référence, mais on aurait aimé avoir également le point de vue de Jacques Baudou lui-même, qui compte parmi les plus grands spécialistes du genre.

Une structure parfois bancale

Le reproche que l’on peut faire globalement à cet ouvrage, est son manque de structure, et l’impression de juxtaposition de textes sans logique tout à fait préétablie. On est parfois un peu perdu par la profusion d’œuvres citées et on ne sait pas exactement dans quelle partie les retrouver. Cela est dû à la structure non chronologique et pas assez claire qui pourra en dérouter certains, mais dont l’approche thématique séduira les autres, car il est vrai que cela change un peu des habituelles encyclopédies linéaires.

Mais le manque de repères dans le livre se fait sentir. Une table des matières détaillée, un index, une bibliographie et autres éléments pratiques auraient été les bienvenus. Un index semblait pourtant indispensable pour une encyclopédie, car mis à part feuilleter les pages un peu au hasard ou en fonction des chapitres, on ne peut pas retrouver directement les références aux œuvres que l’on cherche. Il est vrai qu’avec la quantité d’œuvres citées, l’index aurait été conséquent en nombre de pages !

Par ailleurs, pourquoi ne pas avoir proposé au moins un sommaire détaillé pour pouvoir se référer aux chapitres ? Seules les sept grandes parties sont annoncées, et reflètent un découpage qui semble aléatoire, avec des titres peu explicites ou trop restreints, alors que si l’on regarde en détail tous les chapitres, la structure prend tout de même forme, ce qu’on aurait aimé retrouver dans le sommaire. Parfois certains chapitres semblent cependant avoir été insérés « au petit bonheur la chance » dans le corps de l’encyclopédie, car il fallait trouver un emplacement, qui n’apparaît pas toujours justifié, comme avec « le fantastique germanique au cinéma » ou « Un théâtre de la peur : le Grand Guignol », qui bien que très intéressants, ne semblent pas forcément être intégrés au bon moment dans l’ouvrage.

Mais ne cherchons pas la petite bête, car en fin de compte le contenu même des chapitres est plus large que les titres ne le laissent penser, et même si l’ouvrage n’est qu’à moitié chronologique, on voit tout de même l’évolution du fantastique selon les époques, et ce choix thématique semble le bon pour éviter les redondances, ce qui n’est pas toujours évident : par exemple, Anne Rice apparaît dans la rubrique « romans d’horreur anglo-saxons » mais elle aurait tout aussi bien pu être classée avec la thématique des vampires...

Côté graphique, l’éditeur a réalisé un très beau travail. Une attention particulière a été accordée à la qualité du papier et des illustrations. L’équilibre entre texte et images est parfaitement respecté, et le choix des illustrations est toujours adapté, ces dernières étant à la fois représentatives et de qualité.

Un ouvrage de référence

On peut donc saluer le grand travail de recherche et de compilation réalisé par Jacques Baudou, qui propose une structuration originale même si elle n’est pas exempte de défauts. L’Encyclopédie du fantastique est un ouvrage de référence à conserver dans sa bibliothèque, un bel objet car un soin particulier a été apporté aux illustrations et à la mise en page, qui ne constitue pas réellement une encyclopédie mais peut-être plus une synthèse, où l’on trouve de quoi piocher et s’informer sur les œuvres essentielles du fantastique. A mettre entre toutes les mains, et une bonne idée de cadeau pour faire découvrir le genre aux néophytes.

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?