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L'Enfant de la prophétie

Guillaume Fournier (Traducteur), J. V. Jones ( Auteur)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 28/02/2007  -  livre
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L'Enfant de la prophétie

Voici le premier tome d’une trilogie écrite par J. V. Jones, inédite en France, et qui la rendit célèbre aux Etats-Unis. Cette directrice de marketing a produit un stand alone du nom de The Barbed Coil et travaille sur une nouvelle trilogie, The Sword of The Shadow.  Le Livre des mots est sorti en 1995 aux Etats-Unis.

Il existe deux sortes de Fantasy. L’Heroic Fantasy avec, par exemple, le Conan de R. E. Howard et le Sword and Sorcery dont relève par exemple L’Assassin royal de Robin Hobb. C’est plutôt dans cette direction que L’Enfant de la prophétie se dirige.

Jack essaie de devenir boulanger dans un château des Quatres Royaumes. A la suite d’une fournée brûlée, il se découvre sorcier après avoir miraculeusement transformé les bouts de charbon en pain dorés et croustillants. La sorcellerie étant prohibée, le jeune homme s’enfuit par dégoût et crainte de ce qu’il est devenu.

En parallèle, l’auteur conte les aventures de Melliandra, une jeune fille de la noblesse et celles de Taol, un chevalier. Leur destin semble lié à celui de Jack.

Des ficelles trop apparentes

J. V. Jones, comme il est de mise en Sword and Sorcery, emploie des aspirants héros. Ce sont des personnages modestes, sans pouvoirs démesurés ; s’ils en ont, ils l’ignorent. Elle reste cohérente tant qu’il s’agit de situation habituelle de la vie. Mais, dès que l’action commence, elle met ses personnages dans des difficultés qui les dépassent et se voit obligée d’intervenir de façon excessivement maladroite.

Les ficelles sont trop apparentes, comme l’arrivée très opportune de cavaliers qui empêche Melliandra d’être fouettée à mort ou le sauvetage du héros, délirant de fièvre dans une forêt, par un ermite dont le credo est pourtant la non intervention la plus stricte.

L’écrivaine, dans une impasse scénaristique, va même jusqu’à radicalement transformer la mentalité de son héros. Le temps d’une simple discussion, le mystérieux homme des bois au grand cœur fait de Jack un fervent adepte de la sorcellerie, alors que, de par son éducation, il l’avait en horreur.

-It’s the Muppets Show !

Les descriptions sont tellement outrancières que l’auteur en devient (involontairement) comique. Le principal adversaire de Jack est un sorcier empoisonneur qui s’habille en noir, nourrit de noires pensées et dont les mains ont changé de couleur (à cause des poisons. Mais elles ne sont pas noires !) Il en devient tellement caricatural que l’on s’attend à entendre un rire démoniaque à la fin de chacune de ses phrases. Un espèce de côté Béla Lugosien qui n’a guère sa place en Fantasy.

On croise aussi la route d’un cruel archevêque que l’on voit systématiquement en train de manger. La violence de ses repas fait immanquablement penser au cuisinier suédois du Muppets Show.

Enfin, on touche au sublime avec La Bousille et Finaud, deux gardes du château. Ils apparaissent de façon récurrente afin de montrer le temps qui passe et de voir comment le petit peuple perçoit les événements qui arrivent à la Cour. Invariablement, en guise d’introduction, ils parlent de cul. Si le procédé n’est pas mal choisi,  le côté « brèves de comptoir » évoque - une fois encore - les deux vieux des  Muppets.

Une deuxième chance ?

Notons tout de même les points intéressants de ce premier tome. L’humanité des héros les rend parfois sympathiques. L’acharnement du père de Melliandra à vouloir en faire une reine est terriblement égoïste mais le rend attachant. La reine, malgré son rôle secondaire, donne de l’épaisseur à l’intrigue.

Il faut attendre le deuxième tome pour savoir si l’éditeur a eu raison de choisir cette trilogie. Sébastien Guillot annonçait une Fantasy plus intelligente mais le premier roman de cette saga risque d’en décevoir plus d’un.

Alors, deuxième tome, deuxième chance, mais à quitte ou double.

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