Olivier Vatine est seul aux commandes de ce magnifique album dont il a assuré l'adaptation du scénario, les dessins et la couleur. Scénariste et dessinateur né au Havre en 1959, il est un des piliers de la BD française de ces 20 dernières années. On lui doit la série Aquablue (scénarisée par Thierry Cailleteau), deux épisodes de Star Wars (reprenant la trame écrite par Timothy Zahn), trois épisodes de la série Cixi de Troy et un grand nombre de collaborations dans des univers très différents.
Retour à la case départ
L'humanité est retournée à l'âge de pierre. Dans un village composé de cahutes, une tribu primitive tente de maintenir une survie précaire en luttant contre les éléments et les prédateurs. Au village, Niourk est la bête noire de Celui-Qui-Sait, l'ancien du village. Quand ce dernier ne rentre pas du sanctuaire des dieux, le jeune garçon décide de tenter sa chance auprès d'eux. Il découvre alors les vestiges de la civilisation d'avant l'apocalypse mais son chemin va le ramener sur les traces de sa tribu et de créatures terrifiantes...
Il faut rendre à César...
Avant tout, quelques précisions à propos de l'univers de Stefan Wul dont Olivier Vatine nous livre ici une adaptation. Wul (Pierre Pairault de son vrai nom) est un auteur français né en 1920 et qui s'est éteint en 2003. Il a écrit onze romans entre 1956 et 1959, tous fortement marqués par le space opera et les inquiétudes post-apocalyptiques. On lui reconnaît une vraie poésie dans le style et une puissance d'évocation qui conduit naturellement à adapter ses oeuvres sur support graphique. C'est le sens de la collection d'Ankama consacrée aux Univers de Stefan Wul.
Ce premier tome de l'adaptation de Niourk en BD est une réussite. Les aventures du jeune homme suivent une trame qui s'intensifie au cours des pages et le climax atteint lors des toutes dernières cases laisse délicieusement le lecteur sur sa faim. Ce qui ne veut pas dire qu'on n'aura pas pu profiter auparavant de tout le savoir-faire de Vatine. Les planches larges sont magistrales et vous immergent dans cet univers si particulier imaginé par Stefan Wul. Mais la magie de Vatine s'exprime dans toutes les vignettes à travers les mouvements et la fluidité des personnages. Rares sont les dessinateurs à pouvoir rendre avec autant de force la vitalité des acteurs. Les traits d'Olivier Vatine sont, à l'instar de la prose de Wul, simples en apparence, mais traduisent au contraire une véritable poésie et un art consommé de l'évocation. On appréciera aussi les influences diverses du dessinateur, notamment à l'aune des créatures poulpesques qui menacent la tribu et que H.P. Lovecraft aurait sans nul doute apprécié.
Cette série est prévue pour constituer un triptyque. On attend les tomes suivants avec impatience.