Xavier Mauméjean a reçu deux prix, à ce jour : le prix Gérardmer pour son premier roman, Les mémoires de l'Homme Eléphant et le prix Bob Morane du meilleur roman francophone pour La Ligue des Héros. Il a par ailleurs écrit Gotham et quelques nouvelles, dont une parue récemment dans l'anthologie Icares 2004.

Le monde en péril

Le début du XXeme voit naître une guerre pour le moins surprenante : les délégations occidentales, à Pékin, sont attaquées par l'Internationale Féerique et les Poings de la Justice, des guerriers. Des dragons mythiques viennent à leur tour assaillir les nouveaux aventuriers du ciel…Dans l'ombre, quelqu'un attise une guerre qui n'a ni sens ni logique. Et la Ligue des Héros n'a qu'une solution : mettre le pied dans ce conflit afin de sauver le monde.

Avis aux amateurs

L'Ere du dragon est un livre déroutant, atypique et agaçant. Déroutant, parce qu'on y trouve des clins d'œil et des références - plutôt masculines - à la littérature d'aventure du XIXème et XXème. Atypique, parce que l'univers de Mauméjean est tout à fait familier et personnel. Agaçant, parce que ces multiples références lassent, par moments. Ce melting pot de toutes les lectures de Mauméjean est parfois difficile à suivre et l'intrigue ne devient franchement passionnante qu'au dernier tiers du livre - lorsque l'on entrevoit enfin le propos de l'auteur et sa direction finale -. L'introduction, ardue, contraignante, ne souffre pas qu'on saute une page ou qu'on entreprenne une autre lecture. Cette mise en situation, très visuelle, peut dérouter un lecteur de fantasy ou fantastique classique : on se croirait, bel et bien, dans un épisode des Mystères de l'Ouest, avec ce côté kitsch et amusant d'une aventure gentiment irréaliste.

Il s'agit là d'un livre proprement enfantin, pour toutes ses sources… Presque méthodiquement enfantin. Il fallait la raison d'un adulte pour ordonner logiquement cet univers de références. L'intrusion d'un Peter Pan plus vrai que nature (cabotin, cruel et égocentrique) réjouit au plus haut point.
Au final, la futilité des recherches littéraires a souvent quelque chose de tendre, de poétique et de franchement drôle. La ligue des Héros, rien que pour le nom de ses membres - Lord Kraven, Lord Africa, le Maître des Détectives et English Bob - vaut le détour. Il est dommage que ces petits moments d'humour et de fraîcheur soient parfois noyés dans des dialogues sans fin, sans utilité autre que le plaisir du bon mot, et par conséquent, tout à fait décoratifs…
Il s'agit là, en revanche, d'un livre indéniablement original. Pour ceux qui aiment les auteurs qui ne font pas de leurs références la matière de leurs romans ou qui n'aiment pas le pastiche, il faudra encore attendre un peu. Un certain lectorat masculin, fan des aventures populaires, appréciera cette interprétation bien menée.