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L’Été machine

John Crowley ( Auteur), Rémi Oliska (Traducteur)
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : 
Date de parution : 31/10/2007  -  livre
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L’Été machine

Les éditeurs français publient peu John Crowley. Non, allez, je suis injuste : ils ne l’avaient pas réédité depuis un moment !
Né en 1942 aux Etats-Unis, John Crowley a eu le génie d’écrire Le Parlement des Fées, livre sans lequel – et je pèse mes mots – nous ne serions rien.
Condamnés à lire Marc Levy qui passerait du coup pour un lyrique, nous errerions dans des bibliothèques barbares, sans même apprécier le goût du sang…
Or, Crowley a également écrit Aegypt, Amour et Sommeil, l’Animal Découronné et deux romans de jeunesse : L’Abîme et L’Été machine, publié cependant à la fin des années 70, après l’avoir retravaillé.

Un marcheur jamais égaré

Roseau qui parle est né dans la communauté du Petit Belaire. Le monde a été ravagé, longtemps avant, par une tempête qui a détruit la technologie et par conséquent, notre civilisation. Les hommes vivent en tribus et ceux de Petit Belaire sont les archivistes des Anges, c'est-à-dire des hommes d’autrefois.
Roseau veut devenir un saint, en Parleur Véridique. Pour cela, il devra partir et apprendre.

Lyrique et délirant

Ce pourrait être un roman initiatique pur, si le jeune héros apprenait quoique ce soit sur lui. C’est pourtant le lecteur qui finit par s’initier au monde de Crowley ; un monde post apocalyptique, entre nature sauvage et amas de ferraille, et par comprendre ce que l’homme a été et est encore.

L’Été machine est un roman étrange. Non pas par son propos mais bien par son agencement : il faut une centaine de pages pour comprendre les références (évidentes, évidentes !) de Crowley.

Ce miroir parfois déformant n’a aucune indulgence pour nous.
Nous avons détruit le monde et collé des rustines un peu partout. Et le fatalisme de Crowley nous éloigne de toute revendication écologique…

Lyrique, donc poétique, son style mérite deux lectures. La première pour savourer les mots en bouche, la seconde pour digérer et donc comprendre le fond du propos. Et éviter la nuit blanche après la dernière page.

L’Été machine a été qualifié de classique de la science fiction. Sans doute. Peu importe ! Il est étonnant par son lyrisme, sa faculté à nous projeter dans un rêve déroutant avec la conviction que l’homme, quoiqu’il arrive, se cramponnera à la vie comme le parasite qu’il est.
L’Été machine fait partie, sans nul doute, des romans qui nous accompagnent un bon bout de chemin, qu’on ait pris du plaisir à les lire ou non.

Un univers Carrollien cher à Crowley

Encore une fois, Crowley joue à Lewis Carroll, sans succomber à la tentation de devenir le Révérend Dodgson. La référence est donc simplement contenue dans la narration, cette fois-ci, mais elle est bien présente.
Son univers psychédélique répond à une logique que l’époque Victorienne n’aurait jamais pu créer. Il ne s’agit pas d’un monde parallèle mais bien de celui qui nous menace à chaque instant. Le voyage dans le terrier du lapin n’est pas cadré et défini ; il est, en revanche, définitif.

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