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L'expresso de l'oncle Joe -14
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L'expresso de l'oncle Joe -14

« La galaxie Curval
 
Plongée dans l’inconnu
La toute-puissance du rêve
La case de l’oncle Sam suffit
Les fleuves et les îles
Paris-Mirage
Douteur de réalité
L’Europe et les robots
Objectif Terre
Bête de Somme
Une Humanité manipulée
Les faux airs du temps
Il pique un phare au bout du monde »
 
Ne croyez pas reconnaître, dans les vers de ce poème – mais oui, c’est un poème ! – des titres d’œuvres de Philippe Curval : il s’agit bien de titres, certes, mais de titres d’articles consacrés par les critiques aux écrits Philippe Curval.
La chose m’a frappé en feuilletant « Histoires de lire » : Philippe Curval suscite  le lyrisme. Et ce n’est pas là un effet du hasard : la qualité si particulière de sa prose inspire les critiques : on aimerait tant écrire comme lui… Pas facile. Je ne revendique que le titre : « La Galaxie Curval ». Je m’étonne qu’il n’ait pas été pris (il l’a peut-être déjà été et je l’ignore, ou je n’ai pas fait attention).
« Histoires de lire » peut être lu de maintes façons. Disons déjà qu’il s’agit… d’un instrument de travail, pour qui veut  étudier l’auteur ou qui veut comprendre quelque chose à la science-fiction française, vue en tant que projet ambitieux : la science-fiction, littérature de notre temps. Cette « bibliographie illustrée et commentée » offre bien entendu une vision complète de l’œuvre (dans sa composante fiction), mais surtout, et c’est là son originalité, une large sélection, tout à fait significative, de la manière dont elle a été reçue et perçue, et dont elle interagit avec le reste de la science-fiction (pas seulement française, d’ailleurs). C’est là un document précieux pour le chercheur, indispensable à celui qui s’attaquera – ou s’est déjà attaqué – à cette histoire de la science-fiction française qui surgira bien un jour, c’est indispensable et inévitable.  Il faudra d’ailleurs que d’autres compilations de ce type soient entreprises, pour les autres auteurs majeurs du genre. Offriront-elles une richesse comparable ? Il n’est pas certain que la réponse soit toujours positive… on évitera, bien sûr, de suggérer ici une liste.
Un instrument de travail, mais aussi… un roman. Un roman qui serait une fresque, un immense collage de 330 pages. Le roman d’une vie littéraire. Forcément et heureusement un roman inachevé, parce qu’il se poursuit en ce moment même ! Un roman/collage/feuilleton, pour mieux dire. La suite au prochain numéro… Un objet qui emprunte au surréalisme, au sens non galvaudé du terme, et qui procède quelque part de Raymond Roussel (lire les lettres de Jean Ferry, pp.42-47, chantre de l’auteur d’« Impressions d’Afrique »).
Un instrument de travail, un roman/collage… mais aussi, une anthologie graphique, et osons le proclamer, un  superbe objet, soigneusement, méticuleusement conçu par l’écrivain en personne. Philippe Curval est photographe, cela ne trompe pas. Il a l’œil, le bon. Si le plus souvent les soulignés et les à-plats de couleur m’horripilent, ici, j’éprouve, tout au contraire, une sensation d’harmonie dans la mise en pages,  que je suis bien incapable d’expliciter.
C’est juste… beau.
 
Joseph Altairac

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