Gilles Dumay, Thomas Day de son nom de plume, est le directeur de la collection Lunes d’encre chez Denoël. Adepte de la nouvelle, il se tourne depuis quelques années vers les romans. Ainsi, après avoir écrit nombre de nouvelles pour Bifrost ou ses recueils Sympathies for the Devil (Le Bélial) ou Stairways to Hell (Le Bélial), il passe au roman en 2001 avec Rêves de guerre (Mnémos). Depuis, il a co-écrit Le Double Corps du Roi (Mnémos) avec Ugo Bellagamba, narré les aventures imaginaires de Sherlock Holmes dans L'Instinct de l'Equarrisseur (Folio SF) ou bien transporté son lecteur dans un Japon médiéval fantasmé, La Voie du Sabre (Folio SF).
Abusivement appelé La Voie du Sabre II, L’Homme qui voulait tuer l’Empereur, se déroule dans le même univers. Pourquoi utiliser le terme « abusivement », alors qu’au premier abord, les deux romans paraissent en surface se ressembler ? Parce que cette fois, ce n’est pas La Voie du Sabre que le lecteur est appelé à arpenter mais La Voie de la vengeance. Un titre de saga plus général et qui engloberait les deux notions différentes aurait certainement été plus heureux, en tout cas un peu plus logique.
Rappelons également que L’Homme qui voulait tuer l’Empereur est issu d’une novella éponyme parue dans le Bifrost d'octobre 2003.
« Je n’ai rien d’un rônin, je suis l’homme qui a ouvert l’Onitorii pour libérer les damnés et j’ai juré de tuer l’empereur ! »
Le Seigneur Ichimonji Daigoro n’aura de repos que lorsqu’il aura tué l’Empereur. Ce dernier convoitait la sublime maîtresse de Daigoro, Shirôzaemon Reiko, une femme aussi belle que dévouée à son seigneur. Ne pouvant s’en emparer, il fait attaquer les terres de Daigoro. Sa femme et l’enfant à venir qu’elle portait en elle, son premier fils et ses gens, tous sont tués par l’infâme Empereur Dragon. Attaquée de toutes parts, la forteresse du seigneur Daigoro sombre alors que lui-même est miraculeusement sauvé du désastre grâce à l’intervention d’un démon primordial, celui du feu, qui s’incarne dans la défunte et adorée concubine. Daigoro n’aura alors plus qu’une idée en tête, se venger en tuant de ses mains l’Empereur. Onireiko, le Démon du feu, va l’aider à accomplir son destin mais son appui n’est pas si désintéressé qu’il y paraît. Sur la route qui les mènera jusqu’à la porte des Enfers, Daigoro et son Onireiko, croiseront le chemin d’un personnage haut en couleur, le Français Bertrand de Merteuil de Courcelles. L’exilé se joindra bientôt au groupe.
Un ton en-dessous de La Voie du Sabre
L’Homme qui voulait tuer l’Empereur se déroule chronologiquement une quarantaine d’années après La Voie du sabre, les personnages évoluent donc dans un univers équivalent à celui du premier opus, un Japon médiéval fantasmagorique et exotique. D’emblée, disons qu’il ne s’agit pas d’une suite mais d’une histoire indépendante, à part quelques allusions très brèves sur Musashi Miyamoto, personnage principal de La Voie du Sabre, ce récit s’est affranchi des bases de son aîné. Le lecteur part avec un a priori plus que positif et pourtant ce second volume ne soutient pas longtemps la comparaison avec le premier. En premier lieu, il ne bénéficie plus de l’effet de surprise de ce monde de fantasy japonisante qu’avait créé Thomas Day. Ce constat n’est pas obligatoirement un défaut sauf lorsque l’auteur est moins imaginatif, moins inventif. Alors qu’il nous avait ravis avec des idées comme la Pagode des plaisirs ou le tatouage vivant de Musashi, l’auteur nous déçoit : aucune trouvaille originale ne vient émailler l’univers désormais balisé. En outre, il est difficile, convenons-en de retrouver la force et le charisme du personnage de Musashi Miyamoto. Le héros Ichimonji Daigoro semble totalement impassible face aux événements, aucun sentiment ne paraît le troubler, sa colère est peut-être froide mais à un tel niveau que finalement il ne l’incarne même plus, il se borne à reproduire des coutumes, sans affects. Le personnage du Français qui l’accompagne tombe lui dans la caricature, outre le lourd secret qu’il porte en lui et tente de fuir, il ne pense qu’à manger, se battre et copuler, on a vu plus fin…
L’on suit pourtant l’intrigue sans déplaisir, entraîné par un flot d’action continu. Tout va très vite, trop vite, l’on passe d’une bataille à une autre sans avoir eu le temps de souffler, les personnages secondaires à peine esquissés ont déjà disparu, pas de temps pour la réflexion, de l’action, de l’action et encore de l’action. Pourtant Thomas Day est un bon conteur et tout bon conteur sait qu’il faut émoustiller l’imagination de son lecteur, en l’occurrence ici masculin. Les scènes de parties de jambes en l’air à la pelle et des plans serrés sur l’anatomie des protagonistes sont bien moins sensuels que dans le premier tome, bien que Daigoro clame son amour sans borne pour sa belle maîtresse. Une littérature un tantinet machiste tout de même où les femmes sont soumises et pleines d’ardeur. Fantasmes masculins par excellence que Thomas Day tente de cacher par un héros attentionné et tendre envers ses concubines. Arrêtons-là la minute féministe.
Au final, il reste le style de Thomas Day, toujours fluide et évocateur, une écriture imagée et passionnée. La critique va certainement paraître dure mais elle est à la hauteur de la déception. Une solution pourtant, lire L’Homme qui voulait tuer l’Empereur avant La Voie du Sabre permettra au lecteur d’aller crescendo dans le plaisir de la découverte.
Abusivement appelé La Voie du Sabre II, L’Homme qui voulait tuer l’Empereur, se déroule dans le même univers. Pourquoi utiliser le terme « abusivement », alors qu’au premier abord, les deux romans paraissent en surface se ressembler ? Parce que cette fois, ce n’est pas La Voie du Sabre que le lecteur est appelé à arpenter mais La Voie de la vengeance. Un titre de saga plus général et qui engloberait les deux notions différentes aurait certainement été plus heureux, en tout cas un peu plus logique.
Rappelons également que L’Homme qui voulait tuer l’Empereur est issu d’une novella éponyme parue dans le Bifrost d'octobre 2003.
« Je n’ai rien d’un rônin, je suis l’homme qui a ouvert l’Onitorii pour libérer les damnés et j’ai juré de tuer l’empereur ! »
Le Seigneur Ichimonji Daigoro n’aura de repos que lorsqu’il aura tué l’Empereur. Ce dernier convoitait la sublime maîtresse de Daigoro, Shirôzaemon Reiko, une femme aussi belle que dévouée à son seigneur. Ne pouvant s’en emparer, il fait attaquer les terres de Daigoro. Sa femme et l’enfant à venir qu’elle portait en elle, son premier fils et ses gens, tous sont tués par l’infâme Empereur Dragon. Attaquée de toutes parts, la forteresse du seigneur Daigoro sombre alors que lui-même est miraculeusement sauvé du désastre grâce à l’intervention d’un démon primordial, celui du feu, qui s’incarne dans la défunte et adorée concubine. Daigoro n’aura alors plus qu’une idée en tête, se venger en tuant de ses mains l’Empereur. Onireiko, le Démon du feu, va l’aider à accomplir son destin mais son appui n’est pas si désintéressé qu’il y paraît. Sur la route qui les mènera jusqu’à la porte des Enfers, Daigoro et son Onireiko, croiseront le chemin d’un personnage haut en couleur, le Français Bertrand de Merteuil de Courcelles. L’exilé se joindra bientôt au groupe.
Un ton en-dessous de La Voie du Sabre
L’Homme qui voulait tuer l’Empereur se déroule chronologiquement une quarantaine d’années après La Voie du sabre, les personnages évoluent donc dans un univers équivalent à celui du premier opus, un Japon médiéval fantasmagorique et exotique. D’emblée, disons qu’il ne s’agit pas d’une suite mais d’une histoire indépendante, à part quelques allusions très brèves sur Musashi Miyamoto, personnage principal de La Voie du Sabre, ce récit s’est affranchi des bases de son aîné. Le lecteur part avec un a priori plus que positif et pourtant ce second volume ne soutient pas longtemps la comparaison avec le premier. En premier lieu, il ne bénéficie plus de l’effet de surprise de ce monde de fantasy japonisante qu’avait créé Thomas Day. Ce constat n’est pas obligatoirement un défaut sauf lorsque l’auteur est moins imaginatif, moins inventif. Alors qu’il nous avait ravis avec des idées comme la Pagode des plaisirs ou le tatouage vivant de Musashi, l’auteur nous déçoit : aucune trouvaille originale ne vient émailler l’univers désormais balisé. En outre, il est difficile, convenons-en de retrouver la force et le charisme du personnage de Musashi Miyamoto. Le héros Ichimonji Daigoro semble totalement impassible face aux événements, aucun sentiment ne paraît le troubler, sa colère est peut-être froide mais à un tel niveau que finalement il ne l’incarne même plus, il se borne à reproduire des coutumes, sans affects. Le personnage du Français qui l’accompagne tombe lui dans la caricature, outre le lourd secret qu’il porte en lui et tente de fuir, il ne pense qu’à manger, se battre et copuler, on a vu plus fin…
L’on suit pourtant l’intrigue sans déplaisir, entraîné par un flot d’action continu. Tout va très vite, trop vite, l’on passe d’une bataille à une autre sans avoir eu le temps de souffler, les personnages secondaires à peine esquissés ont déjà disparu, pas de temps pour la réflexion, de l’action, de l’action et encore de l’action. Pourtant Thomas Day est un bon conteur et tout bon conteur sait qu’il faut émoustiller l’imagination de son lecteur, en l’occurrence ici masculin. Les scènes de parties de jambes en l’air à la pelle et des plans serrés sur l’anatomie des protagonistes sont bien moins sensuels que dans le premier tome, bien que Daigoro clame son amour sans borne pour sa belle maîtresse. Une littérature un tantinet machiste tout de même où les femmes sont soumises et pleines d’ardeur. Fantasmes masculins par excellence que Thomas Day tente de cacher par un héros attentionné et tendre envers ses concubines. Arrêtons-là la minute féministe.
Au final, il reste le style de Thomas Day, toujours fluide et évocateur, une écriture imagée et passionnée. La critique va certainement paraître dure mais elle est à la hauteur de la déception. Une solution pourtant, lire L’Homme qui voulait tuer l’Empereur avant La Voie du Sabre permettra au lecteur d’aller crescendo dans le plaisir de la découverte.