Richard D. Nolane et Patrick Alain Dumas sont des vieux routiers de la bande dessinée. Pas assez pour avoir connu l'année 1900 quand même. Ils ont déjà collaboré sur Titanic, le sixième volet de Corpus Hermeticus. Toutefois, avant cela, leurs carrières sont jalonnées de créations comme Harry Dickson ou Les Tigres Volants pour Nolane, L'Œil de Shiva pour Dumas. Touche-à-tout de l'édition, ils ont participé soit à des magazines, soit à des jeux vidéo, ou encore à des romans.
Plongée en eaux sombres
1864, en Alabama. D'étranges soldats, transportant une caisse tout aussi bizarre, montent à bord d'un navire pour quitter l'Amérique. Mais, surgie de l'océan, une pieuvre énorme coule leur navire, emportant vers le fond la cargaison inconnue.
1871, Paris en pleine Commune. Alors qu'il risque d'être fusillé, le Professeur Arronax et la journaliste Amélie Dupion sont sauvés par un revenant : le Capitaine Nemo lui-même ! Fuyant la France en pleine guerre civile, ils rejoignent le nouveau Nautilus pour une chasse au trésor très spéciale.
De retour d'un voyage dans une autre dimension, aux commandes d'un vaisseau reconstruit et plus moderne, le capitaine Nemo a une mission : retrouver le trésor gisant aux fonds de l'Atlantique et le voler à son gardien, le poulpe géant. Mais aucun des membres de l'expédition ne sait réellement ce que contient la caisse...
Verne et Lovecraft réunis
La collection 1800 de Soleil nous entraîne chaque fois sur les traces des auteurs classiques du début du vingtième siècle, utilisant une ambiance souvent sombre et dans le style steampunk. Ce volume ne fait pas exception, mais nous offre une aventure inédite, un cross-over entre la science-fiction française et l'horreur d'outre-Atlantique.
Réunir les deux auteurs n'est pas très compliqué, le personnage de Nemo s'intégrant par définition parfaitement dans les écrits du maître de l'horreur, lequel a souvent placé ses histoires près de l'océan ou en pleine mer. De même, les dimensions oniriques et étranges de Lovecraft peuvent aisément se placer dans une sorte de science-fiction.
Un début d'histoire qui se tient
Néanmoins, c'est un exercice risqué que de se confronter à des mythes aussi prégnants de notre imaginaire, de faire se dresser Nemo face à Cthulhu, de mélanger des horreurs surgies des profondeurs et des torpilles lancées d'un sous-marin futuriste. Les auteurs s'en sortent plutôt bien. Le scénario nous emporte facilement, pour peu que l'on accepte l'idée du voyage dimensionnel de Nemo. Le dessin, sombre et détaillé, assez typique du steampunk, sous-tend le propos et décrit correctement les scènes. Il manque peut-être du souffle à l'ensemble pour la rendre remarquable, mais cette bande dessinée est honorable dans le genre qu'elle revendique.