Dominique Douay reste l'un des auteurs français les plus connus et talentueux des années soixante-dix et quatre-vingt. Très influencé par l'œuvre de Philip K. Dick, comme bon nombre de ses confrères hexagonaux, il a également montré un intérêt marqué pour la politique, un domaine dans lequel il s'est beaucoup investi puisqu'il fut en effet chef de cabinet du ministère de la communication au cours des années quatre-vingt. Probablement accaparé par ses activités professionnelles et politiques, il s'est fait extrêmement rare depuis une vingtaine d'années. La parution récente de quelques nouvelles annoncerait-elle un retour ? L'impasse-temps, l'un de ses meilleurs romans, nous entraîne dans les égouts de la psyché humaine...
« Ô temps, suspend ton vol »...
Serge, un auteur de bandes dessinées désargenté, vient de se faire quitter par sa maîtresse. Poursuivi par la malchance, cet homme très ordinaire va pourtant trouver un objet qui va changer son existence : un appareil semblable à un briquet, mais permettant en réalité de figer instantanément le cours du temps. Serge y voit l'occasion de prendre sa revanche sur une vie décevante. Mais quel genre de compensation à ses déconvenues sera-t-il capable d'obtenir ? Cet homme, ni pire ni meilleur qu'un autre, est-il vraiment fait pour supporter sans dommages la rassurante immobilité du monde dans cette suite d'arrêts sur image qu'il va provoquer, comme autant de cases d'une bande dessinée à l'échelle de sa propre existence ?
Le cerveau reptilien des primates dits supérieurs
C'est en effet comme une bande dessinée que se déroulent les différentes étapes de ce roman mais bien que le personnage principal tente d'organiser le monde à sa convenance, il semble pourtant le jouet de forces qu'il ne contrôle pas. Figer le temps pour l'arrêter sur des moments heureux, modifier ou tenter d'effacer les traces d'une erreur, ce rêve de puissance semble malheureusement hors de portée puisqu'il faudra toujours compter sur l'inertie temporelle et son inexorable écoulement. L'esquisse d'un geste malencontreux persiste malgré tout à accroître son emprise sur le réel et finit par prendre forme de manière irréversible. Le pouvoir de manipuler le temps, comme toute autre forme de pouvoir, serait donc une illusion de plus et ne servirait qu'à amplifier et faire la démonstration de la facilité avec laquelle l'âme humaine se laisse corrompre. L'impasse-temps illustre brillamment le dilemme qui nous contraint à lutter et faire face à la violence avec laquelle se manifestent parfois nos instincts les plus primaires : survivre et se reproduire, bâfrer et forniquer sans retenue...
Ce court roman, aussi fascinant et morbide que l'observation à la loupe d'un insecte en train de dévorer la tête de son partenaire après l'accouplement, nous rappelle que l'Homme n'est finalement peut-être rien d'autre que le cousin d'un chimpanzé doté du cerveau d'un reptile. Cela ne serait pas très encourageant s'il ne semblait capable de contenir ses pulsions les moins civilisées pour s'élever au-dessus de sa condition animale. Mais débarrassez-moi d'un doute, il en est vraiment capable, n'est-ce pas ? Pour ma part, si je détenais le pouvoir absolu sur mes contemporains, je n'en profiterais pas, non, c'est absolument hors de question...
« Ô temps, suspend ton vol »...
Serge, un auteur de bandes dessinées désargenté, vient de se faire quitter par sa maîtresse. Poursuivi par la malchance, cet homme très ordinaire va pourtant trouver un objet qui va changer son existence : un appareil semblable à un briquet, mais permettant en réalité de figer instantanément le cours du temps. Serge y voit l'occasion de prendre sa revanche sur une vie décevante. Mais quel genre de compensation à ses déconvenues sera-t-il capable d'obtenir ? Cet homme, ni pire ni meilleur qu'un autre, est-il vraiment fait pour supporter sans dommages la rassurante immobilité du monde dans cette suite d'arrêts sur image qu'il va provoquer, comme autant de cases d'une bande dessinée à l'échelle de sa propre existence ?
Le cerveau reptilien des primates dits supérieurs
C'est en effet comme une bande dessinée que se déroulent les différentes étapes de ce roman mais bien que le personnage principal tente d'organiser le monde à sa convenance, il semble pourtant le jouet de forces qu'il ne contrôle pas. Figer le temps pour l'arrêter sur des moments heureux, modifier ou tenter d'effacer les traces d'une erreur, ce rêve de puissance semble malheureusement hors de portée puisqu'il faudra toujours compter sur l'inertie temporelle et son inexorable écoulement. L'esquisse d'un geste malencontreux persiste malgré tout à accroître son emprise sur le réel et finit par prendre forme de manière irréversible. Le pouvoir de manipuler le temps, comme toute autre forme de pouvoir, serait donc une illusion de plus et ne servirait qu'à amplifier et faire la démonstration de la facilité avec laquelle l'âme humaine se laisse corrompre. L'impasse-temps illustre brillamment le dilemme qui nous contraint à lutter et faire face à la violence avec laquelle se manifestent parfois nos instincts les plus primaires : survivre et se reproduire, bâfrer et forniquer sans retenue...
Ce court roman, aussi fascinant et morbide que l'observation à la loupe d'un insecte en train de dévorer la tête de son partenaire après l'accouplement, nous rappelle que l'Homme n'est finalement peut-être rien d'autre que le cousin d'un chimpanzé doté du cerveau d'un reptile. Cela ne serait pas très encourageant s'il ne semblait capable de contenir ses pulsions les moins civilisées pour s'élever au-dessus de sa condition animale. Mais débarrassez-moi d'un doute, il en est vraiment capable, n'est-ce pas ? Pour ma part, si je détenais le pouvoir absolu sur mes contemporains, je n'en profiterais pas, non, c'est absolument hors de question...