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L’instant Critic - juillet 2015
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L’instant Critic - juillet 2015

Ce n’est pas parce que vous êtes alanguis quelque part à la campagne à l’ombre d’un tas de foin, en écoutant chanter grillons et cigales, où à siroter un mojito sous un parasol près d’une piscine à l’eau frémissante, cristalline et chaude, qu’il faut vous priver des quelques parutions essentielles de ce mois de juillet – certes moins nombreuse, puisque même l’édition prend un semblant de vacances.  La lecture est un très bon ingrédient pour bonifier n’importe quel tableau de vacances ! Alors, me direz-vous ? Qu’avons-nous retenu à Critic pour ce mois de juillet ?
 
Eh bien, nous avons décidé d’attribuer notre coup de cœur du mois à, non pas un roman, mais au dernier numéro en date, le 79, d’une revue de SF que tous les amateurs du genre connaissent sans doute : Bifrost. Pourquoi ? Tout simplement pour avoir, cette fois-ci, consacré son dossier à un couple d’écrivains français trop peu connus ayant à leur actif au moins deux romans à placer au panthéon des œuvres SF/Fantastique françaises :  on parle bien entendu d’Yves et Ada Rémy. Outre une nouvelle très agréable (Naissance, vie et mort d’un fantôme), on y découvre une interview fleuve dirigée de main de maître par Richard Comballot. On y découvre un couple au parcours très riche, aux rencontres nombreuses (Un passage succulent, par exemple, où il est brièvement question de Nadine Trintignant), à la jeunesse marquée par la guerre, les figures familiales fortes, la découverte du surréalisme… mais aussi de la SF. Il est agréable de lire sous leurs mots la façon dont leur couple littéraire fonctionne. Très instructif, la plupart du temps captivant, l’entretien s’achève presque trop vite. On aurait bien savouré quelques pages de plus. Et pour aller plus loin, n’hésitez pas à aller voir du côté des éditions Dystopia, qui ont réédité Les Soldats de la mer (leur chef-d’œuvre), mais chez qui a paru aussi une novella inédite (Le prophète et le Vizir) ainsi que, dernièrement, un très bon roman tout aussi inédit, Le Mont 84. Même si des numéros sur Tolkien, Le Guin ou Stephen King peuvent paraître plus excitants, vous l’aurez compris, on trouve que ce spécial Yves et Ada Rémy est tout aussi essentiel, voir plus, parce qu’il touche directement à un sommet trop méconnu de notre patrimoine culturel. Pour conclure sur ce Bifrost, on retiendra également deux fictions : Nuits Cristallines de Greg Egan, un récit d’excellente facture, qui traite notamment de création d’intelligences artificielles conscientes, pour ceux qui aiment la hard SF, et, pour ceux qui préfèrent un peu de fun, Facteur X de la mystérieuse Laurence Rivière, qui revisite l’idée du Dr Who, s’il avait été français ! C’est très bien fait, finement documenté, ça donne le sourire, voilà bien l’essentiel.
 
Pour le reste, nous vous conseillons un petit détour par la grande Rivière Blanche, et notamment par un titre paru ce moi-ci : Dimension Merveilleux Scientifique. Dirigé par Jean-Guillaume Lanuque, préfacé par l’universitaire primée au Grand Prix de l’Imaginaire Natacha Vas-Deyres, l’ouvrage propose quelques nouvelles écrites par de plumes bien connues (ou en passe de l’être) des lecteurs de SF : Alain Blondelon, Julien Heyllbroeck, Gulzar Joby, Faust Netschaiev (tiens, un rennais !), ou encore Jean-François Thomas. Entre articles et fictions, voilà une très belle idée qui nous permet de replonger dans le passé délicieux, extravagant et passionnant de notre science-fiction nationale. Achat indispensable, donc.
 
En fantasy, Bragelonne continue de publier Joe Abercrombie à un rythme effréné, et on ne va pas s’en plaindre. Avec La Moitié d’un Monde, traduit par Juliette Parichet, l’auteur anglais nous offre une fantasy aussi spectaculaire et divertissante qu’à l’accoutumée, quoique moins sombre – normal quand on sait que la trilogie est destinée à un public adolescent. Le roman, s’il fait suite à La Moitié d’un Roi, peut se lire de manière autonome. Une bonne – une excellente lecture d’été !
 
 
 
 
 
Enfin, en poche, c’est le calme plat, mais on notera la réédition (avec une nouvelle couverture, mais toujours avec la traduction d’Iawa Tate) chez J’ai Lu d’un des meilleurs recueils d’Isaac Asimov, La voie Martienne. Au sommaire, quatre textes assez longs, tous assez marquant, notamment Ah ! Jeunesse, qui repose essentiellement sur sa chute mais offre d’excellentes perspectives de réflexion, et Les Profondeurs, et son ambiance fin de civilisation…
 
Et c’est tout pour ce mois-ci ! Bonnes vacances aux aoutistes, et bonne reprise aux juilletistes !
 
Xavier et Simon
 

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