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L'Instinct de l'Equarrisseur

Thomas Day ( Auteur), Gil Formosa (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 30/09/2004  -  livre
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L'Instinct de l'Equarrisseur

Sous ses airs anodins, L'Instinct de l'équarrisseur n'est ni plus ni moins que le 5ème roman de Thomas Day en 10 mois. Pas mal pour un auteur qui jusqu'à Rêve de Guerre (lui aussi chez Mnémos) n'a livré pendant plusieurs années que des nouvelles, notamment dans Bifrost. De sa biographie, on sait juste qu'il vient de passer le cap de la trentaine à Paris et qu'il voyage régulièrement aux quatre coins du monde. Côté biblio, Thomas Day a longtemps énervé par ses nouvelles souvent violentes et virulentes. Mais il a aussi séduit bon nombre de lecteurs par sa plume. A lire ses quatre derniers livres, on aurait pu croire que le bonhomme s'était assagi. Bien sûr à chaque fois, il y a de l'action à revendre (cf. L'école des Assassins ou Les cinq derniers contrats de Daemone Eraser), mais on est loin de la cruauté et de l'ambiance malsaine de certaines de ses nouvelles (Extermination Higway, Dirty Boulevard). L'instinct de l'Equarrisseur est une petite réconciliation avec ce penchant.

Shelock existe bel et bien

L'Instinct de l'Equarrisseur est basé sur un principe assez simple. Sherlock Holmes n'est pas qu'un personnage de roman. Avec son ami Watson, il vit dans un monde parallèle au nôtre et beaucoup plus violent. Et la vérité est bien moins flatteuse pour notre héros. Détective certes, mais aussi homme d'action, Sherlock aime autant tuer que résoudre les énigmes. Un passe temps dont il aurait bien tort de se priver puisque La Reine lui a donné l'autorisation de châtier les criminels comme bon lui semble sans qu'il soit inquiété par les tribunaux. Un sésame pour une justice expéditive, souvent à la hauteur des crimes commis.

Ce goût prononcé pour la violence révulse Arthur Conan Doyle. Le romancier a été choisi par Holmes pour relater ses aventures. Mais le travail est double. D'abord écrire ses enquêtes telles qu'elles se sont véritablement passées, ensuite en refaire une version aseptisée pour notre monde. Bref, à chaque fois que Watson vient chercher Arthur pour assister à une enquête, notre écrivain tremble de tout son corps, espérant échapper aux balles perdues…

L'intrigue de ce roman se dédouble. La première constitue une sorte de prologue dans laquelle Arthur Conan Doyle, une fois le décor du livre planté, part à la chasse de Jack l'Eventreur dans notre monde. Au bout de 120 pages d'aventures et d'un succès épatant, il part déjouer avec ses deux amis un effroyable complot de Moriarty. Eh oui, si Holmes existe, son pire ennemi aussi…

Violent mais original

De la violence gratuite, des ambiances assez malsaines, un ennemi qui prend ses notes dans son repaire sur des peaux d'enfants séchées … L'Instinct de l'Equarrisseur rappelle bien certaines nouvelles un peu " glauques " de Thomas Day. C'est parfois " hard " sans être vraiment dérangeant (où alors on s'habitue à ce genre de scènes). Toutefois ce n'est pas à mettre entre toutes les mains. Pour le reste l'idée de base est assez bonne. En parfait salaud, cynique, immoral et impitoyable, (voir même un peu fou), Holmes en deviendrait presque sympathique, la pipe bourrée de chanvre indien et la piqûre de cocaïne facile. L'intrigue en elle-même se lit sans déplaisir. Au contraire. Seul bémol, l'accumulation des personnages historiques jusqu'à l'indigestion. On en croise à toutes les pages de Jack London à Oscar Wilde en passant par Freud (eh oui…). Détail mineur mais qui peut avoir son importance. Autre point à soulever, l'énorme documentation de l'auteur et la préface. Oui Thomas Day a pris des libertés mais il a eu le soin de se renseigner avant. Preuve qu'il savait très bien ce qu'il faisait en écrivant cette histoire. Au final, L'Instinct de l'Equarrisseur est un bon livre, violent certes, mais original.

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