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L’Invasion silencieuse

G. Morris ( Auteur), Raphaël Del Rosario (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/10/2007  -  livre
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L’Invasion silencieuse

Né en 1924, Gilles-Maurice Dumoulin a longtemps été un des piliers du Fleuve Noir. Devenu G.Morris, il a signé sous son autre pseudonyme Vic Saint-Val plusieurs dizaines de livres chez cet éditeur. Au total, il aura publié plus de 200 romans et en a traduit une centaine. Naturellement, avec l’âge, il s’est fait plus discret. Et cela faisait d’ailleurs bien longtemps que l’on n’avait pas pu lire ou relire un de ces livres, exception faite de Génération Clash paru il y a quelques années chez Nestiveqnen. L’Invasion silencieuse est un roman jusqu’ici inédit. G.Morris l’avait écrit pour les éditions du Fleuve Noir qui l’avaient refusé au moment du changement de politique éditoriale à la fin des années 80.

Famille monoparentale et ami imaginaire
 
Cédric est un petit garçon solitaire. Fils unique, il vit avec sa mère dans un appartement coincé dans un grand immeuble froid en pleine ville. Depuis le départ de son père, l’ambiance à la maison n’est pas des plus joyeuses. D’autant que sa mère ne veut pas croire à l’existence de Robbie, un compagnon invisible avec qui Cédric parle pendant des heures et des heures dans sa chambre. Existe-t-il vraiment ou n’est-ce que le fruit de son imagination ?

De bonnes choses et une scène inacceptable

Avec ce roman, G.Morris nous convie à un huis-clos entre Cédric, sa mère et l’homme qu’elle va rencontrer (un auteur de science fiction assez pédagogue). Evidemment, tout l’enjeu se focalise sur l’ami imaginaire de Cédric et surtout sur la santé mentale du jeune garçon par ailleurs plutôt bon élève mais assez solitaire à l’école. L’auteur nous déroule toutes les inquiétudes et questions de sa mère, qui traîne en plus en permanence une sorte de mélancolie depuis que son ancien mari s’est enfui et surtout une angoisse de ne pas parvenir à faire face toute seule à l’éducation de son rejeton. Un mal-être qui ne rend pas la lecture confortable. On est ici dans le doute, le reproche et le remords de cette femme un peu dépassée par les événements.

Vous l’aurez compris, le décor est plutôt proche de la réalité et pas franchement fantastique ou science-fictionnesque. Ce n’est d’ailleurs pas vraiment le sujet. Le récit se concentre essentiellement sur les trois protagonistes principaux, le background étant lui plutôt froid (un appartement dans une grande tour en pleine ville...) et la plume de l’auteur efficace et sobre. G.Morris y évoque l’enfance, la manière dont on grandit mais aussi l’amour et les épreuves de la vie. Et il y parvient assez bien. On entre assez facilement dans les pages de L’Invasion silencieuse, l’intrigue progressant tranquillement et sans longueur vers son dénouement qui très vite commence à se dessiner.

Reste un écueil, et de taille. Une scène particulièrement inacceptable. Celle du retour de l’ancien mari, éméché, dans l’appartement un après-midi où la mère est toute seule. Celle du viol qui s’ensuit avec l’étonnante résignation de l’héroïne. « Mais un sanglot s’étrangla dans sa gorge alors qu’il la pénétrait, de vive force. Une fois de plus ou de moins, peut-être, mais une fois de trop ! Puis elle se remémora le proverbe chinois, sans doute apocryphe, qu’elle avait entendu ou lu quelque part. Quand le viol est inévitable, détends-toi et jouis. Si tu peux, n’en fais pas un drame. Elle y parvint. Sentit arriver l’orgasme et s’y abandonna, sans chercher à s’en défendre. Il était beaucoup trop excité, lui-même, pour que l’affaire ne fût pas rapidement expédiée. » Cette minimisation du viol gâche le roman. Dommage car pour le reste le roman se tenait, était même plutôt intéressant, traitant d’un sujet peu courant en SF. Mais difficile de vous conseiller ce roman après ce passage. Tant pis. En espérant lire d’autres romans de Morris sans ce genre de propos.

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