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L'Ombre

Alberto Ongaro (Scénariste), Emilie Saada (Coloriste), Hugo Pratt (Dessinateur)
Langue d'origine : Italien
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 30/04/2004  -  bd
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L'Ombre

Décédé en 1996 (bientôt dix ans !), Hugo Pratt reste aujourd'hui encore un grand de la bande dessinée. La faute en grande partie au beau Corto Maltese. Débutées en 1967, les aventures de ce héros vont vite s'imposer comme son œuvre majeure et connaître un véritable engouement qui traversera les décennies. C'est l'arbre qui cache la forêt. La vie d'Hugo Pratt en bande dessinée a commencé bien avant. Né en 1927 en Italie, il se passionne rapidement pour le cinéma et la BD américaine. Il tentera d'ailleurs d'imiter les comics en créant un groupe de dessinateurs et de scénaristes basés à Venise après la guerre puis en Argentine à partir de 1949 à l'invitation d'un éditeur. L'aventure pour Pratt s'achèvera en 1962, année de son retour en Italie. Deux ans plus tard, il crée le personnage de l'Ombre avec son ami Alberto Ongaro. L'idée des deux hommes semble plutôt simple au départ : imaginer les aventures d'un héros s'opposant à un génie du mal : Le Général. L'Ombre vivra le temps de quelques aventures plutôt complexes où il devra déjouer les plans machiavéliques de son ennemi. Il laissera ensuite la place à Corto Maltese. La suite n'est qu'un long enchaînement d'albums, de collaborations et de succès pour Pratt. On citera notamment pour mémoire l'album en collaboration avec Manara : Un Eté indien.

Un héros balaise et un super méchant.

Lorsqu'il quitte son masque, l'Ombre est un professeur de faculté plutôt tranquille. Mais en dehors des heures de cours, c'est un enquêteur hors norme, intelligent, vif, courageux et souple comme un acrobate. Pour faire face aux engins mécaniques du Général, il peut s'appuyer sur son collègue et ami Wu et sur sa panthère. Mais surtout il possède un pistolet un peu spécial qui diffuse un gaz provoquant la peur. Une arme redoutable contre les bandits les plus aguerris. Une arme surtout bien utile face aux hommes du Général. Lui n'hésite pas à tuer pour parvenir à ses objectifs, essentiellement financiers. Et il a avec lui une armée de jouets mécaniques plus ou moins gros, tous plus kitchs les uns que les autres, qu'il télécommande à distance. Autant dire que la tâche s'annonce rude pour l'Ombre.

Pour les fans.

Ecrit et dessiné au milieu des années 60, L'Ombre était à l'époque un héros plutôt novateur. S'il fallait faire des comparaisons, il se situerait aujourd'hui entre Batman et James Bond. Rendant hommage aux comics américains, la série s'appuyait également sur toutes sortes de monstres mécaniques issus de l'imagination délirante du savant fou qu'était le Général. La tâche du héros était donc doublement difficile. D'une part, il fallait jouer les plans mafieux de son ennemi, et d'autre part, il fallait comprendre ses inventions pour mieux agir contre elle. Le résultat de ce constat réside dans des intrigues plutôt complexes bien servies par un dessin de Pratt possédant de nombreuses qualités. A ce titre certaines planches sont très réussies, le dessinateur italien jouant à merveille avec les ombres et les encres pour un rendu en noir et blanc. Même si, il faut bien l'avouer, le trait n'est pas encore tout à fait celui qui a rendu Corto Maltese si célèbre.

Seulement voilà, 50 ans ont passé depuis les débuts de L'Ombre sur papier. 50 ans de super-héros qui ont inondé les librairies. Cette Ombre a-t-elle donc encore de l'intérêt pour les lecteurs en 2004 ? Voilà qui n'est pas si sûr. L'œuvre est véritablement datée et a perdu au fil des ans son originalité, battue en brèche par le cinéma, les comics et la BD européenne. Difficile de ne pas lui trouver dans ces conditions des relents de déjà vu. Ce n'est pas que L'Ombre ne nous soit pas sympathique ou que ses intrigues ne soient pas bien imaginées. C'est simplement qu'il est aujourd'hui un super-héros parmi tant d'autres, presque un anonyme dans le club désormais très large des justiciers. Reste seulement un rien de charme et de nostalgie à cette série, bien servie par le noir et blanc. Au final, on la recommandera essentiellement aux aficionados de Pratt, à titre de document.

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