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La bête qui criait amour au cœur du monde

Harlan Ellison ( Auteur), Jacques Chambon (Traducteur), Keleck (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Anglais US
Date de parution : 30/09/1979  -  livre
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La bête qui criait amour au cœur du monde

Parmi les personnages hauts en couleur de la science-fiction des années soixante et soixante-dix, Harlan Ellison reste l’un des plus importants. Souvent associé à la new wave, cet homme débordant d’énergie a marqué l’histoire du genre en publiant une anthologie en deux volumes dont l'objectif était de révolutionner le genre : Dangereuses visions. Celles-ci ont réuni des textes intéressants imaginées par les meilleurs auteurs du moment (Sturgeon, Dick, Farmer…) Comme de nombreux écrivains de l’époque, il a abondamment travaillé pour la télévision en écrivant pour des séries aussi connues que Au-delà du réel, Star Trek (mais cela fait l’objet d’une controverse…), Le sixième sens... Plus volontiers novelliste, il en aurait publié plus d’un millier, et les plus réussies d’entre elles ne sont rien de moins que magistrales ! Harlan Ellison a également reçu à maintes reprises les plus importantes récompenses littéraires. Il est maintenant devenu un vieux monsieur d’allure respectable, mais ne semble pas s’être assagi pour autant et on le voit encore parfois vitupérer énergiquement lors de manifestations liées à la science-fiction. C’est une authentique légende vivante !

Un auteur qui cogne dur…

Dans les années cinquante, Ellison intégrera pour quelques semaines un des gangs d’adolescents de Brooklyn, passera plus tard une nuit en prison et restituera cette expérience journalistique à la Hunter Thompson dans un livre intitulé Les barons de Brooklyn. Nul doute que toutes ces expériences irrigueront les nombreux récits qu’il écrira par la suite. Pour lui, l’être humain est souvent pris en otage par sa propre violence et la plupart des nouvelles de La bête qui criait amour en sont l’illustration tragique. Il en fait la démonstration, par exemple, avec un texte dans lequel le Père Noël doit lutter contre les forces du mal (symbolisées par Ronald Reagan, Richard Nixon et consorts…). Si la bonté et la générosité sont également inscrites dans notre héritage génétique, ces vertus s’expriment parfois avec une certaine agressivité… Ne soyons pas dupes de ce jeu brutal : Harlan Ellison est un grand, très grand provocateur. Ses histoires secouent le lecteur et lui mettent, parfois littéralement, le nez dans ses excréments, dans l’espoir que nous nous souviendrons de l’odeur lorsqu’il nous arrivera une fois de plus de nous comporter comme des sagouins, et que ce souvenir nous arrêtera à temps. La lecture de la préface éclaire et justifie cette posture insolente, ce qui peut s’avérer nécessaire au vu du contenu de certains récits pour le moins féroces... 

… et finit par envoyer le lecteur au tapis !

« Un gars et son chien » constitue l’un des sommets de ce recueil qui collectionne pourtant les défis. Lorsqu’il s’agit de mettre en exergue nos travers trop humains, il faut bien reconnaître que Harlan Ellison ne prend pas de gants… Le personnage central de la novella est un survivant, un vrai dur, pour qui la vie est un combat permanent. Il fait équipe avec Blood, un molosse télépathe, et ensemble, ils feront la rencontre d’une jeune femme incroyablement séduisante issue de la société bourgeoise souterraine qui s’est formée après la Catastrophe. La Belle va-t-elle dompter la Bête ? L’innocente deviendra-t-elle la proie du cynique ? Ce récit violent, débordant de testostérone et d’humour noir, a bien mérité le prix Nebula qui lui a été attribué en 1969 et garde encore aujourd’hui toute sa puissance de sédition. Harlan Ellison, par son engagement et la vigueur de ses écrits, est un auteur important qu’il faut absolument avoir lu, ne passez pas à côté ! 

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