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La biographie de Philip Pullman
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La biographie de Philip Pullman

Né en 1947 à Norwich, fils aîné d'un pilote de chasse de la R.A.F, Philip Pullman a très peu connu son père: accaparé par sa mission, le pilote trouve la mort lors de l'une d'elles, un raid contre les rebelles Mau Mau au Kenya. Sa veuve reçut la Croix des héros de l'air remise à titre posthume, mais cela ne suffit pas à nourrir ses deux fils, Philip et Francis. Elle confie les deux enfants à leurs grands-parents maternels afin de pouvoir exercer une activité à temps plein à Londres. Ils sont accueillis dans un presbytère puisque le grand-père est pasteur anglican; celui-ci leur raconte nombre d'histoires bibliques et des récits qu'il avait recueillis quand il était chapelain à la prison de Norwich. Même si l'auteur a désormais renoncé au dogme chrétien, une grande part de son imaginaire s'est construite autour des propos de son grand-père. Une grand-tante célibataire venait compléter le trio qui veillait sur les enfants et leur prodiguait soin et amour.

La première manifestation de sa vocation d'écrivain frappa Pullman à huit ans quand un de ses professeurs lut à la classe La ballade du vieux marin de Coleridge. Il eut peu après un aperçu de la vie des marins puisque sa mère remariée à un autre pilote, les fit embarquer dans un paquebot de ligne à destination d'Australie où avait été nommé son second mari. Au cours de la traversée, les enfants consignés dans leur cabine par la scarlatine, se livrent des batailles imaginaires durant des journées entières. La lecture des illustrés type Batman dont Philipp devient fan, alimente leurs jeux. Très vite, des feuilletons radiophoniques australiens (dont un mettant en scène un kangourou surdoué du genre Mac Gyver rangeant ses outils dans sa poche) déclenchent admiration et inspiration chez les deux enfants au point qu'après l'extinction des feux, ils improvisent leurs propres épisodes des aventures du kangourou. Pour Pullman, ce sont ces scénarios nocturnes qui ont décidé de sa carrière d'écrivain. La famille s'agrandit de deux enfants supplémentaires et s'installe au Pays de Galles où Philip et son frère jouissent d'une grande liberté. Francis se destine à entrer à son tour dans l'aviation et Philip connaît une adolescence bohème: il lit, écrit des poèmes, peint et joue de la guitare.

A quatre pattes sur les toits d'Oxford

Grâce au soutien et encouragement d'un des ses professeurs, il décroche une bourse pour passer l'examen d'entrée à Exeter College à Oxford, le réussit, mais sera déçu par son expérience dans le saint des saints de l'intelligentsia britannique. Il trouve le temps consacré à l'étude disproportionné par rapport à l'espace laissé à la discussion. Heureusement, la vie estudiantine lui réserve des moments plus réjouissants: rôles dans des pièces de théâtre, chants folk qu'il accompagne à la guitare et virées bien arrosées qui commencent sur les toits du collège.

A la croisée de deux mondes, entre les planches de la scène et les rayonnages des bibliothèques

La découverte de l'intrigue du Maître et Marguerite de Bouglakov lui donne une nouvelle impulsion: il s'attelle à son premier roman inspiré par le réalisme fantastique le lendemain de la fin de ses études. Le devoir d'aller prendre soin de sa mère malade en Ouganda l'interrompt dans cette entreprise (qui n'ira jamais au-delà des 100 pages qu'il s'était fixé comme signe superstitieux de ses débuts d'écrivain). De retour à Londres, il prend un boulot alimentaire dans la confection masculine puis devient apprenti bibliothécaire. Il n'a pas renoncé à écrire et avec son second roman, décroche un prix ex-aequo destiné aux futurs écrivains de moins de 25 ans. Pullman ne veut plus entendre parler de cet ouvrage qu'il juge être un piètre "thriller métaphysique".

Il se forme au métier d'instituteur et pendant douze ans, enseigne à des enfants dans deux établissements, à la croisée de deux mondes différents: une école d'une zone difficile et un établissement d'un quartier plus bourgeois. Dans la première, il devait notamment mettre en scène des représentations théâtrales dont il finit par écrire les textes dans divers registres allant de l'horreur au comique et séduisant tous les publics, parents comme enfants. Dans l'école plus favorisée, il était en charge de l'acquisition de nouveaux livres pour la bibliothèque: il consulta les parents sur des livres controversés et au lieu des récriminations qu'il craignait il rencontra une adhésion signe de l'évolution des mentalités sur la littérature jeunesse.

Le conteur dans sa cabane

En 1978, paraît son premier livre, Galatéa, un roman pour adultes. Son premier livre pour enfants Le Comte Karstlein est l'adaptation d'une de ses pièces de théâtre. Puis commencent les aventures de Sally Lockhart. De 1995 à 2001, il compose la trilogie qui le rendra célèbre : A la croisée des mondes.

Respectant ses trois pages d'écriture par jour qu'il s'était fixées lors de son premier essai, il anime un atelier de conteur auprès de professeurs en formation afin de leur transmettre l'art de faire passer des histoires aux enfants. Marié et père de deux enfants, il s'enferme dans une cabane au fond du jardin et au milieu du capharnaüm qu'elle abrite invente de nouvelles histoires qui raviront longtemps petits et grands.

Et maintenant...

Au moment de déménager, il a hésité à prendre la cabane avec lui ou à la jeter: elle était trop envahie pour être encore fonctionnelle et il avait du mal à y travailler les jours de pluie. Il l'a finalement léguéà l'illustrateur Ted Dewan en lui demandant de la donner à un écrivain ou illustrateur quand il voudrait à son tour s'en débarrasser. A présent, il écrit dans un grand bureau entouré de deux guitares et d'un accordéon et des bouts de bois qu'il a l'intention de tailler.

Lyra et les Oiseaux contient des indices de ce que sera The Book of a dust dont il annonce la sortie en temps voulu.
Il pense aussi continuer les aventures de Sally Lockart, car cette série lui a demandé beaucoup de recherches.
Il classe son dernier livre paru, The Scarecrow and his servant (L'Epouvantail et son serviteur) parmi les contes de fées, le genre qu'il préfère, mais trouve le plus difficile à écrire.

De l'écran à la tribune ?

Souvent adaptée au théâtre, l'œuvre de Philipp Pullman connaît de nombreux rebondissements dans son passage à l'écran. Chris Weiz qui avait été pressenti pour écrire le scénario, puis le tourner, a été finalement écarté. L'auteur a dénoncé le raccourci qui avait été fait par Le Times le 8 décembre 2004. Le journal avait inscrit avant une de ses déclarations une question factice afin de modifier le sens de ses propos.

Le 6 novembre 2004, Pullman a publié dans The Guardian, un excellent article sur la lecture unique et imposée dans les théocraties (qu'elles soient religieuses ou totalement athées comme le communisme) et la nécessité de préserver une lecture dialogue entre le texte et le lecteur dans les démocraties, cette lecture étant par exemple suspecte aux yeux du pouvoir en place aux USA. Philipp Pullman éprouverait-il le besoin d'utiliser lui-même le logos (qu'il oppose aux mythes) pour convaincre ses contemporains ?

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