A l'occasion de la parution du nouvel ouvrage de la collection Graphic des éditions Actusf, l'artiste Zariel revient sur la création des illustrations de La Fille aux mains magiques de Nnedi Okorafor.
Actusf : La Fille aux mains magiques est un texte de Nnedi Okorafor qui vient d’être publié aux éditions Actusf dans la collection Graphic. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Zariel : C’est un texte qui se situe au Nigeria dans le territoire Igbos. On fait la rencontre De Mr Nwora Sunday Okafor qui va nous conter l’histoire d’une petite fille nommée Chidera. On la découvre triste et déprimée. À la suite d’un fantastique tête à tête avec des esprit Uli dans la forêt on va pouvoir être spectateur d’une magnifique histoire d’émancipation et de découverte artistique.
C’est un conte magnifique qui pour moi, peintre et illustrateur, m’a beaucoup parlé et que j’ai trouvé plutôt juste aux niveaux des réactions des spectateurs et des gens autours de moi pendant mon apprentissage artistique.
Actusf : Qu’est-ce qui vous a donné envie de l’illustrer ?
Zariel : Plusieurs choses, déjà l’idée principale d’illustrer un texte est toujours très excitante. Ensuite le fait que l’action se passe en Afrique et que le personnage principal soit une jeune fille. C’est assez rare pour le noter…
Puis quand j’ai lu le texte, j’ai fait des recherches sur les Igbos et les Ulis. Je connaissais pas mal de travaux réalisés par des artistes contemporains qui avaient ces références. Mais je n’étais pas vraiment allé plus loin. Là j’ai vraiment découvert quelque chose qui m’a tout de suite parlé et qui, je pense, restera un peu en moi pendant un bout de temps. J’ai d’ailleurs déjà appliqué ça à mon travail. Si vous regardez l’affiche de la 48e convention National de SF. Les fusées ont quelque chose de La Fille aux mains magiques.
Actusf : Comment avez-vous travaillé ? Illustrez vous des passages en particuliers ? Comment les choisissez-vous ?
Zariel : Alors j’ai dû lire le texte 150 fois…. J’ai noté des passages à mes premières lectures, j’ai essayé d’être méticuleux, de faire les choses propres et de façon claire. Puis je n’ai rien suivi de ce que j’avais fait. J’ai commencé à gribouiller des trucs dans les marges du manuscrit que j’avais imprimé puis l’idée est restée en second plan dans ma tête. J’ai laissé mijoter pendant un peu de temps tout en relisant le texte régulièrement. Puis après, ça a coulé tout seul.
J’avoue à Jean-Laurent (directeur de la collection Graphic) que je ne me suis absolument pas fié à ses contraintes éditoriales et j’ai fait comme ma main me disait de faire.
Après pour le côté plus technique, j’ai commencé à travailler sur papier avec de l’encre de chine. Mais malheureusement les contraintes de délais et de deadlines approchant, je me suis replié sur le numérique. Dommage ça aurait fait une super expo.
Actusf : Vous aviez carte blanche ou l’éditeur voulait-il quelque chose de précis ?
Zariel : Alors à part pour la couverture, c’était plutôt free. La couverture étant un objet promotionnel on a travaillé avec Jean-Laurent Del Socorro et Jérôme Vincent. Sur la composition et l’idée de la main.
Pour l’intérieur, avec mes références d’artiste que je connaissais, j’ai proposé une direction qui a plu à mes interlocuteurs chez ActuSF. Donc c'était assez libre. Pareil pour la maquette intérieure et les jeux d’équilibre dans la page. Ça a séduit tout le monde donc je suis très heureux car c’est une vraie proposition personnelle que j’ai proposée et qu’ils ont acceptée.
Actusf : Et l’autrice ? Avez-vous échangé avec elle ?
Zariel : Pas du tout, j’aimerais bien lui envoyer un ou deux dessins originaux et un livre dédicacé. Pour la remercier de ce texte assez fort qu’elle nous propose.
Actusf : De quelle manière avez-vous composé les illustrations ? Avez-vous du faire beaucoup de recherches ? Je pense notamment aux motifs.
Zariel : J’ai fait des recherches oui, on peut découvrir beaucoup de chose sur le sujet sur le net. Mais pour les motifs je n’ai pas voulu non plus m’approcher trop de l’Art Igbo. Car je ne suis pas Igbo, je ne suis pas une femme, et je ne prétends absolument pas savoir ce que c’est de vivre au Nigeria. Alors j’ai gobé toutes les références que j’ai pu trouver et j’ai inséré mon travail et mes références dedans.
Car dans le texte, Chidera fait quelque chose de différent, qui change les mentalités, ce n’est pas de la magie, mais une révolution. Donc impossible à vraiment illustrer avec l’histoire de l’art aujourd’hui. On a tout fait, tout vu. J’ai donc juste changé légèrement le prisme et gardé l’idée que Chidera était nature, je n'ai donc pas voulu trahir ma main non plus et suis resté nature en mélangeant mon travail et le travail des Igbos.
Actusf : Quels sont vos projets pour la suite ? Vos envies ?
Zariel : A court terme : Je viens de réaliser et de tourner un clip pour « les Bukowski ». Et normalement, je devrais m’occuper de la DA de leur prochaine Album et tournée.
A moyen terme : (pour la deuxième partie de l’année) je devrais avoir Deux Puzzles Fantastiquement Hallucinés qui vont sortir chez The Freaky 42. Je vais aussi illustrer un jeu « Rats ». Un petit jeu avec des créature qui sorte d’un labo… un mélange en Réanimator, Minus et Cortex et peut-être des Motards de l’espace. Ces gens sont fous…
Dans le tur-fu : Je me demande si je ne vais pas reprendre les expositions et me remettre à la peinture…
J’aimerais bien sinon, que l’on est la possibilité de refaire un leporello avec Actusf. Zombie : Mort et Vivant, a eu un super accueil, et j’ai pleins d’idée au fond de ma tête pour en faire quelques-uns encore. Mais la fabrication de ce genre d’objet est très couteuse. Donc à voir.
Actusf : Où peut-on vous rencontrer dans les mois à venir ?
Zariel : Si tout va bien, je serais en dédicace le 19 juin 15h a la librairie, la Dimension fantastique, à Paris pour une dédicace de La Fille aux mains magique et de Zombies. J’espère pouvoir passer au Utopiales, aux Imaginales. Sinon je n’ai pas encore été vacciné donc ne vous approchez pas SVP… (rires)
